Slayriders, les huit salopards de Noël
© 2008 Steve Darlington
La Boîte à jouets de campagne n°12
En quelques mots :
ils ont tous des mitraillettes. Ho ho ho !
L’histoire
J’ai toujours apprécié le fait que dans Le Lion, la Sorcière blanche et l’Armoire magique [la première histoire du Monde de Narnia] de C.S. Lewis, l’un des signes indiquant l’affaiblissement du pouvoir de la Reine est que le père Noël a la possibilité de revenir. J’aime l’idée d’un père Noël “multiversel”, comme une éternelle force du bien. Et comme les vacances approchent, j’ai commencé à penser à une idée de campagne pour Noël, pour vous tous…
Quelque part, au centre de l’omnivers, existe le Vrai Pôle. Ici demeure le grand, l’ancien, l’immortel père Noël. C’est un agent du bien, intervenant afin que, même dans les mondes les plus sombres, la vérité, la joie, et le simple miracle de la convivialité puissent briller, ne serait-ce qu’un instant. Là où il passe, il laisse des mondes meilleurs et plus lumineux. Plus sa présence est forte, plus les ténèbres se dissipent, plus le mal est repoussé au loin. Mais ce n’est pas un travail aisé. Le Mal est partout, puissant, et il déteste Noël. Qui plus est, chaque univers est différent. Parfois il faut de la subtilité. Parfois il faut la magie des elfes. Et parfois, il faut des flingues.
Des tas et des tas de flingues.
Songez à des mondes sombres. Des zones de guerre. Des terres ravagées par l’Apocalypse. Des pays dans les griffes d’oppresseurs terribles. Des mondes de gardes et de murs, où le bonheur est illégal, où des préjugés extrêmes et une grosse puissance de feu s’opposent à toute joie. Pour célébrer Noël dans un tel monde, vous avez besoin de quelque chose de spécial. Vous avez besoin des Slayriders.
Il en existe toujours huit. Ils viennent de tous les recoins de l’omnivers. Ils sont les meilleurs dans leurs domaines, mais, il faut l’admettre, ce sont aussi de fichus mauvais garçons. Ou ils l’étaient autrefois. Ils n’ont jamais eu ce qu’ils voulaient pour Noël. Et puis, un jour, un type avec un accent russe leur offrit exactement ce qu’ils attendaient : une chance de faire ce qu’ils faisaient le mieux ; mais désormais pour une bonne cause. Pour la meilleure des causes. Pour Noël.
Style et structure
Pour une campagne au long cours, le travail d’une escouade multiverselle pour le père Noël peut prendre n’importe quelle forme, tout comme ses agents. Pour un scénario unique “spécial Noël” cependant, il est préférable de se concentrer sur un seul type d’agent et un seul type de monde – les sauts inter-dimensionnels sont toujours difficiles à réussir dans une seule histoire. Mais on peut trouver n’importe où des mondes où fêter Noël est problématique, et nécessite une escouade de la mort de surhommes bardés de flingues. Prenez l’empire totalitaire des Buro dans Feng Shui, où l’Imperium de Dark Heresy, ou ceux de films comme Brazil, THX 1138, V pour Vendetta ou Serenity. Considérez des zones de combats terribles comme la Sprawl de Shadowrun ou la guerre aberrante. Songez à des zoos humains comme dans Dark City ou Matrix. Grâce à C.S. Lewis, vous pouvez même partir sur des mondes de fantasy – le père Noël serait-il venu à Minas Tirith quand les forces de Sauron s’amassaient au pied des murailles ? L’Empire aurait-il interdit Noël sur Coruscant ?
Cependant, vu le caractère décalé de l’idée, une aventure qui se passe sur Terre pourrait sembler plus appropriée. Pensons donc aux Douze Salopards. Comment apporte-t-on Noël dans un camp de prisonniers de guerre au plus profond de l’Allemagne nazie en décembre 1943 ? Ou dans un camp de réfugiés à Sarajevo en décembre 1992 ? Vous demandez aux Slayriders. Ils vont où seuls les rennes osent aller.
Personnellement, j’aime le cadre de la Seconde Guerre mondiale parce qu’il fournit des tas de bons soldats anglais dépourvus d’un bon vieux pudding de noël et c’est juste assez kitsch pour que ça marche. Mais vous pouvez prendre n’importe quelle période. Puis, tout ce que vous avez à faire c’est de retrouver votre scénario de cambriolage préféré, d’imprimer quelques plans de bâtiments trouvés sur Internet et laisser vos joueurs s’imaginer comment pénétrer à l’intérieur, remplir les chaussettes, et ressortir en vie.
PJ et PNJ
En parlant de rennes, cette unité d’élite, formée de spécialistes, n’utilise que des noms de code, choisis pour coller à leurs compétences spécifiques. (1)
Tornade s’occupe des véhicules et de l’extraction. Danseur est le maître de l’infiltration, valsant dans les ombres. Furie est un expert du corps-à-corps et il peut tuer cinq hommes avant que le cœur du premier ait cessé de battre. Fringante, c’est la “vitrine”, et des durs-à-cuire lui ont révélé tout ce qu’ils savaient après un seul battement de ses cils. Comète s’occupe des communications et de la surveillance. Cupidon est un tireur d’élite extraordinaire avec plus de cent morts à son actif. Tonnerre peut faire sauter tout ce que vous voulez, quand vous le voulez. Et Éclair est l’électricien et le hacker, celui qui peut construire une radio avec deux chaussettes et un briquet. Donnez-leur des caracs et faites en sorte que Rudolf, leur mystérieux commanditaire russe, leur donne les ordres de mission. Et n’oubliez pas de leur allouer un budget : pratiquement tous les joueurs aiment faire les boutiques avant une mission, tout spécialement pour des flingues et des grenades.
Intrigues et Méchants
Si vous voulez partir sur de l’action pure et dure, il faudra que vos méchants soient le genre de types que personne n’aura de scrupules à exploser. Les nazis fonctionnent bien dans ce rôle, ainsi que n’importe quel soldat/police politique de régimes oppressifs, responsables de génocide ou utilisateurs d’armes de destruction massive. Face à de tels ennemis, personne ne se soucie de dilemmes moraux, personne ne s’arrête pour compter les cadavres. La retenue est un gros mot et les massacres ne veulent rien dire. Ça, les armes de forte puissance et les explosifs, c’est exactement ce que demandent les joueurs. Est-ce que ce ne devrait pas être aussi leur Noël, après tout ?
Dans cet esprit, ne rendez pas l’infiltration trop complexe ou trop difficile. Ça ne devrait pas être une mission dont on attend un fort taux de perte parmi les héros. Des paysans sans défense peuvent mourir ou se faire estropier, mais pas nos héros.
Ils sont les meilleurs dans leur domaine, et les joueurs devraient le sentir. Le truc n’est pas de rendre tout trop facile ou de laisser marcher tout ce qu’entreprennent les joueurs, mais juste de faire pencher la balance en leur faveur. S’ils pensent à couper le courant, alors ceci doit leur procurer un réel avantage. S’ils ne le font pas, ruiner l’ensemble de leur plan parce que personne n’a pensé aux clôtures électriques n’est pas drôle. Si un garde réussissant à s’échapper devait donner l’alarme et transformer l’infiltration en un bain de sang, alors assurez-vous que les Slayriders ont une chance de le rattraper et de le réduire au silence avant que cela n’arrive. Ça ne devrait jamais être “Si tu rates ce jet, tout est perdu”, mais plutôt “Mec, si ça tourne mal maintenant, on va devoir buter beaucoup plus de types… ou sortir les grenades !”.
Sources
Comme je l’ai dit, j’aime beaucoup l’ambiance de la Seconde Guerre mondiale, et il y a des tas de films d’action magnifiques pour trouver l’inspiration et enrichir vos expériences. Faites votre chemin à travers Quand les Aigles attaquent, Les Canons de Navarone, La Grande Évasion, Les Douze Salopards et De l’or pour les braves et puis revenez que je vous donne encore quelques noms. Les Aventuriers de l’arche perdue et La Dernière Croisade sont des manuels faciles à trouver pour apprendre à tuer des nazis. La BD déjantée de Garth Ennis Adventures in the Rifle Brigade (en) est adéquatement barré, et jusqu’aux années 80 les comics britanniques étaient remplis de héros de la seconde guerre. Biggles commence durant la première mais il se fait la main sur des nazis sur la fin de sa carrière et si vous voulez une intrigue de JdR parfaite, n’importe lequel de ces fantastiques romans (de William Earl Johns) fera l’affaire.
Pour l’esprit de Noël, des classiques américains comme Le Miracle de la 34e rue et La vie est belle sont meilleurs que ne l’indique leur réputation de films mièvres. Bad Santa est extrêmement divertissant. Pour un Noël plus britannique, essayez Le Père porcher de Terry Pratchett, Le Noël d’Hercule Poirot d’Agatha Christie, les romans d’Harry Potter et plein de romans et de séries télé sur La Guerre à la maison.
‘Twas A Night Before Christmas contient une bonne liste d’éléments, gardez-le sous le coude pour les calembours et les scènes d’aventures. Pour le mélange de Noël et de guerre, le récent film français Joyeux Noël était extraordinaire, mais pas encore suffisamment loufoque – jetez un coup d’œil à l’épisode de Futurama Le Conte des deux Pères Noël pour un meilleur exemple, avec plein d’action pulp. Mais rien n’exprime mieux les 4Noël en temps de guerre que le texte définitif de Piège de cristal – transformez juste la mission de McLane pour qu’il apporte les sourires dans la Tour Yakatomi et vous aurez la forme.
Jeux de Rôles
Santa’s Soldiers fut excellent. Pour des JdR sur la Seconde Guerre mondiale, vous ne pouvez vous passer du merveilleusement documenté Godlike (le père Noël n’est pas contre donner des supers-pouvoirs à ses soldats), bien qu’il soit un peu trop sérieux pour notre cas. Pour plus de fun pulp en temps de guerre, Weird War II sorti chez Pinnacle est parfait. Si vous cherchez quelque chose de plus moderne, nous sommes actuellement en grave pénurie de JdR d’action moderne. Millenium’s End était dans le ton mais souffrait d’un mauvais système et est épuisé. Extreme Vengeance, Hong Kong Action Theatre ou Feng Shui sont tous d’excellents choix pour les grosses armes, les explosions plus grosses encore et les gros sourires en mâchant son cigare. Pour un peu plus de réalité dans vos jeux modernes, Aberrant et plusieurs suppléments de GURPS (Black Ops, par exemple) ont de bons détails sur les zones de guerre modernes et les régions dévastées. Shadowrun est une excellente source pour des scénarios d’infiltration, et propose des flingues et des explosions trop cools (et vous pouvez imaginer un dragon avoir ses propres raisons d’apporter Noël dans les banlieues), et rien, peut-être, n’a autant de potentiel pour des joyeux méga-dégâts que RIFTS. Pour l’ambiance décalée, toutefois, je recommande la simplicité comme maître mot – envisagez donc Risus, Fudge ou le génial système d’action débridé d’OctaNe.
Et surtout… Joyeux Noël !
Article original : Campaign Toybox #12 : Slayriders
NdT : les liens ont étés rajoutés lors de la traduction
(1) NdT : Les “noms de code” sont ceux des rennes du père Noël, il y a quatre mâles (Tornade, Furie, Comète, Tonnerre) et quatre femelles (Danseur, Fringant(e), Cupidon, Éclair). Rudolf, ajouté ultérieurement, guide les autres dans la nuit. [Retour]
Pour aller plus loin…
Cet article est inclu dans l'e-book n°7, Le Père Noël est un rôliste, une compilation d'articles sous le signe des cadeaux et de l'amitié rôlistes.
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