Comment James Wallis a gâché la vie de mon personnage
© 2002 Jonny Nexus
Critical Miss, le magazine pour les rôlistes dysfonctionnels, présente
Quand un scénario bouche-trou, pour lier deux aventures, procure une expérience inoubliable…
Nous jouions la Campagne de l’Ennemi intérieur, entrecoupée d’autres scénarios pour Warhammer : le jeu de rôle fantastique.
C’est sans doute LA campagne classique pour Warhammer. D’ailleurs, le magazine français Casus Belli lui a décerné (ex-æquo) le titre de meilleure campagne de jeu de rôle de tous les temps. À l’origine, elle était publiée par Games Workshop, mais lorsqu’elle a été rééditée par Hogshead Publishing, ils ont décidé d’y ajouter quelques améliorations. Selon les mots mêmes du site internet de Hogshead :
“De plus, l’édition de Hogshead a été augmentée d’une aventure d’introduction de 14 pages intitulée : Carrion on the Reik (Charogne sur le Reik). Elle a été écrite pour faciliter la transition entre la fin de Mort sur le Reik et le début de cette aventure.”
Note : Rien de ce qui va suivre ne devrait être pris comme des critiques. Warhammer est un jeu excellent, L’Ennemi Intérieur/Charogne sur le Reik (à l’exception de son intrigue mesquine et vicieuse qui est la base de cette diatribe) est probablement (I) un scénario excellent et James Wallis, en plus d’être un ami très proche (II), est réellement un mec super.
Attention : Cet article contient quelques (très petites) révélations sur la Campagne de l’Ennemi Intérieur. Si vous prévoyez de la jouer, vous devriez arrêter de lire ici.
En premier lieu il nous faut préciser qui est mon personnage (III).
Qui est Gregor le Gros ?
Il y a quelques confusions quant à l’histoire exacte de Gregor le Gros. Je vous livrerai donc les deux versions : l’exacte, authentique chronique, telle que racontée par moi-même, et le tas de mensonges racontés par ces ramassis d’ordures que sont Ulrich et Wolfgang.
Sire Gregor d’Ulm, la biographie officielle autorisée
Sire Gregor d’Ulm, grand gaillard de plus d’un mètre quatre-vingts, est l’unique fils de Sire Ernst d’Ulm. Il est né il y a 25 ans à Ulm, qui se situe dans les Principautés Frontalières (une région dynamique du sud de l’Empire avec de nombreuses et passionnantes opportunités de développement). Au cours de sa jeunesse, il s’est attaché à un couple sans enfant (un forestier et une pharmacienne) qui travaillait pour son père.
À l’âge de 18 ans, son père l’envoya en Altdorf, capitale de l’Empire, pour faire de lui un médecin. Il réussit ses études, mais devint de plus en plus désabusé par sa vie et décida de se mettre à la marge de la société.
Finalement, après plusieurs mois de questionnement sur sa vie, il rencontra un hors-la-loi dénommé Ulrich (le personnage de John) dans les bois autour de Nüln. Ils passèrent quelques mois à détrousser les riches pour donner aux pauvres. C’est vers ce moment qu’ils croisèrent la route d’un magicien appelé Wolfgang (le personnage de TAFKAC).
C’est alors que la campagne commença.
Le groupe voyagea pendant un moment puis se lança en dilettante dans des entreprises commerciales, y compris du transport par voie fluviale et une librairie. Gregor se sentait dorénavant d’attaque pour retourner à la civilisation et décida de redevenir médecin.
C’est à ce moment que la tragédie frappa. Avec la mort de son père, Gregor était maintenant Sire d’Ulm. Conscient de ses responsabilités, il quitta ses affaires commerciales et se résolut à travailler dans l’intérêt général. Bien qu’il n’ait pas encore réussi à rejoindre sa demeure ancestrale, il rencontra son ami le forestier et prévoit de revenir à Ulm pour superviser la collecte des impôts que lui doivent ses métayers (dont un certain nombre sont en retard de paiement).
Gregor le Gros, la biographie non-autorisée
Gregor le Gros naquit il y a 19 ans à un endroit indéterminé des Principautés Frontalières (une région frontalière anarchique du sud de l’Empire). C’est le fils d’un forestier et d’une pharmacienne. Après une enfance normale, il grandit jusqu’à atteindre les 1,70 m pour 47 kilos. Pendant qu’il errait à travers l’Empire en tant que brigand indépendant, il rencontra un hors-la-loi nommé Ulrich avec lequel ils passèrent le temps à voler. C’est à peu près à ce moment qu’ils rencontrèrent Wolfgang le mage.
C’est à ce moment que la campagne débuta.
Grâce à un sacré coup de chance, ils “acquirent” une barge. Un second coup de chance leur permit de mettre la main sur un grand nombre de livres (de quoi remplir une barge… Nous avons d’ailleurs dû invoquer des élémentaux avec des brouettes pour remplir la barge, et encore, ça nous a pris toute la nuit) juste après avoir découvert une bibliothèque antique (on les a trouvés, on les a pris). Ils ont ensuite loué un local à Altdorf pour ouvrir une librairie, qui a fait des profits considérables (dont la majeure partie venait de la vente sous le manteau de saletés sur la démonologie ou d’autres trucs douteux).
Fatigué d’être un voleur, Gregor acheta à quelques types dans un bar un faux diplôme de médecine ainsi que quelques bouteilles de sable coloré, et se lança dans la carrière de Charlatan. Tout se passait magnifiquement bien jusqu’à ce qu’il rencontre des problèmes d’ordre juridique (on a monté un coup contre lui). Il fut sauvé par l’intervention d’une famille mafieuse de Tiléens psychotiques qui empêchèrent sa pendaison par l’achat d’un titre inutile mais techniquement valide (faisant de lui le Sire Gregor d’Ulm).
Depuis lors, ils n’ont jamais manqué une occasion de réclamer une faveur au moment le plus inopportun. Ils envoyèrent même son père forestier comme messager (la famille, c’est toujours embarrassant).
Ulm est depuis de nombreuses années occupée par une bande d’orques violents et asociaux. Ils n’ont jamais payé un seul centime d’impôts et seul un crétin comme Gregor le Gros pourrait seulement envisager d’avoir l’idée leur suggérer de le faire.
Extraits des Mémoires de Gregor le Gros
La vie était belle. La librairie rapportait gros. J’avais investi un peu de mes parts dans une petite maison de ville en Altdorf (avec une femme de ménage) et mis le reste sur un compte en banque. Nous avions rejoint la guilde des marchands et nous cherchions du fret à la montée et à la descente du Reik pour notre barge. Nous avions même passé un examen pour avoir une qualification. Je l’ai eu du premier coup alors qu’Ulrich a dû le repasser une seconde fois. Haha !
Ensuite, tout est parti en sucette. Lors d’un voyage vers le sud, nous sommes rentrés à notre mouillage, après une soirée en ville, pour y retrouver notre barge, coulée et fumante.
D’accord, James Wallis avait décidé que la meilleure campagne de jeu de rôle jamais écrite pourrait être améliorée en sabordant notre putain de bateau. Enfoiré.
Nous avons désespérément barboté parmi les débris à la recherche de ce qu’il restait de nos possessions.
Cela fonctionnait ainsi : vous choisissiez un objet dans votre liste d‘équipement et vous lanciez 1D6 pour voir s’il avait été détruit. Sur 4,5 ou 6 l’objet était sauf et vous pouviez faire un jet pour un nouvel objet de votre liste. Sur 1,2 ou 3, non seulement l’objet était détruit, mais en plus tous les autres objets de votre inventaire, pour lesquels vous n’aviez pas encore lancé, l’étaient aussi. Pour faire simple, vous continuiez tant que vous réussissiez. J’ai eu plus de 20 succès d’affilée (1) !!!!!! John a raté son second jet.
J’ai donc réussi à sauver presque tout mon équipement à l’exception de quelques bouteilles en verre. Ulrich, lui, perdit tout sauf un crocodile empaillé.
Je n’ai d’ailleurs aucune idée de la provenance de ce crocodile.
À partir de ce moment, nous n’avons cessé de rendre service sur service pour que quelqu’un accepte de nous réparer notre bateau. Et nous sommes tombés de Charybde en Scylla. Très vite nous avons été dans les problèmes jusqu’au cou, ce qui a entraîné les événements suivants (dans le désordre) :
-
Une série de rencontres désagréables avec les forces du chaos m’a rendu alcoolique
(Parenthèse : les règles de folie dans Warhammer)
Une des choses qui place Warhammer à part des autres JdR ordinaires de fantasy, est l’emphase placée sur la peur, et l’instabilité mentale que peut provoquer une quantité excessive de tension et de peur. Dans ce domaine, cela évoque sans doute beaucoup L’Appel de Cthulhu.
Comme les aventures tournent en général autour de la lutte contre les forces du chaos et des ténèbres, on recourt souvent aux tests de peur (appelés test de Terreur dans le jeu). La conséquence des échecs est soit l’impossibilité d’attaquer – “la crainte” – soit un irrésistible désir de fuir – la “terreur”.
Au passage, ce fut très amusant lors d’une récente partie quand le guerrier de John en a fait dans son pantalon quatre fois de suite. À la cinquième rencontre, qui impliquait d’être traqués par une sorte de truc tentaculaire vivant dans la boue, je pus dire “Eh bien au moins nous avons un avantage que nous n’avons pas d’habitude”.
– Lequel ?”
– Tu n’as pas chié dans ton froc !”
Mais parfois un scénario peut préciser qu’un échec au test de Terreur peut entraîner un point de Folie. Les points de Folie peuvent aussi être accumulés en subissant des coups critiques (Warhammer a des coups critiques particulièrement horribles) ou en dépensant un point de Destin pour éviter la mort (ce qui est une sorte d’expérience proche de la mort).
Enfin, vous finirez par avoir six Points de Folie, et à ce moment vous faites encore un test. Si vous ratez…
…vous perdez tous vos Points de Folie. Youpi !
… mais vous gagnez aussi une folie. Beuh !
Et c’est ainsi que je devins alcoolique.
(Fin de la parenthèse)
- Nous sommes allés à Kislev. N’allez JAMAIS à Kislev. Il y a quelque chose de pourri à Kislev ? TOUT est pourri à Kislev. Nous avons passé la plupart du temps dans une hutte à nous blottir autour d’un réchaud pour ne pas mourir de froid – et ce sont les meilleurs moments.
- Je me suis fait enrôler dans l’armée.
- Nous avons assassiné accidentellement un homme politique majeur.
- Ulrich et Wolfgang trouvèrent la foi et devinrent chasseurs de sorcières. Ils ne me l’ont pas dit. Je les ai laissés une journée et je les ai retrouvés habillés en noir avec des chapeaux pointus. Il n’y a rien de mieux que de se balader avec des chasseurs de sorcières pour que vous fassiez attention à ce que vous dites. Je vous l’assure.
- Nous avons rencontré des cultistes du chaos qui utilisaient des sorts appris dans des livres de démonologie achetés dans une librairie en Altdorf. Oups.
- Et, cerise sur le gâteau, nous avons rencontré dans une taverne un revendeur de drogue dont j’ai goûté la marchandise dans un moment de folie. Elle était bonne. Elle était même très bonne. Quand j’en prenais, j’avais l’impression d’être sur le toit du monde, que je pouvais faire n’importe quoi, que personne ne pouvait m’arrêter. Ces drogues marchaient, et j’ai dit oui !
Une dose vous donnait +10 % ou +1 à chaque attribut de la barre “attaque” [La barre “attaque” a été supprimée dans la deuxième version de Warhammer (NdT)]. Ma capacité de combat augmentait de 10 % (c'est-à-dire 58 % au lieu de 48 %). Ma Capacité de Tir augmentait de 10 %, mon Endurance augmentait de 10 %, mon Initiative augmentait de 10 %, mon Intelligence augmentait de 10%, mon Commandement, mon Calme, mon TOUT !
Bon, il faut tout de même admettre que la médaille avait un revers, comme Wolfgang et Ulrich me le répétèrent souvent. C’est vrai qu’au bout de trois heures, non seulement les effets s’estompaient, mais en plus, cela vous plombait de façon assez dévastatrice. Vous aviez -30 % / -3 à tous les attributs (sauf les attaques). Cet effet durait pour toujours, jusqu’au moment où vous preniez une nouvelle dose.
Cela ne m’inquiétait pas. J’en ai acheté des tonnes et j’en prenais une toutes les trois heures.
C’était énorme. Jet après jet je disais “Je l’ai réussi… grâce à la drogue !”. Plusieurs fois cela m’a sauvé la vie et je n’allais pas laisser 50 couronnes d’or par semaine me gâcher la vie. Et qui se souciait du fait que, à chaque fois que je prenais ma dose, General Tangent (le MJ) lançait des dés derrière son écran ?
Mais, comme tout le reste depuis que cet abruti de Wallis a coulé notre bateau, c’était trop beau pour durer.
Un jour j’ai pris une dose comme d’habitude, mais quelque chose s’est mal passé et j’ai eu une crise cardiaque – qui a arrêté mon cœur.
Apparemment les jets devenaient de plus en plus difficiles au fur et à mesure des prises, et j’avais réalisé (enfin General Tangent avait réalisé) mon premier échec critique.
Heureusement Ulrich et Wolfgang m’ont fait un massage cardiaque et ont réussi à le faire repartir.
J’ai dépensé un point de Destin pour éviter la mort, ce qui m’a fait gagner encore des points de Folie.
Puis, pendant le trajet fluvial de retour de Kislev, j’ai eu deux nouvelles overdoses.
…et j’ai dépensé deux autres points de Destin, et j’ai gagné encore plus de points de Folie.
Je commençais à me demander si je pouvais continuer comme ça.
TAFKAC et John s’empressèrent de comparer avec enthousiasme mon rythme d’overdoses avec le reste de mes points de Destin, et calculèrent que je serais mort avant six séances.
De plus, je commençais à manquer d’argent. J’avais non seulement à payer ma drogue, mais je devais aussi assurer mon train de vie de noble. Si vous jouez un personnage noble, vous devez dépenser 42 couronnes d’or par semaine pour conserver votre train de vie (nourriture, boisson, vêtements, parasites, etc.) ou perdre votre statut social.
Et nous n’avions aucune rentrée d’argent.
Warhammer n’est PAS D&D. Les créatures du chaos et les cultistes ne sont pas assis sur un joli magot. Apparemment, combattre le chaos est une récompense en soi, ce qui suffit si vous êtes un chasseur de sorcières puritain, mais est plutôt naze si vous êtes un aristocrate drogué et alcoolique avec un train de vie à maintenir.
Je me suis dit que je devais faire quelque chose.
Argh, il fallait vraiment que je fasse quelque chose.
En Altdorf, nous avons trouvé un neurochirurgien qui prétendait pouvoir me soigner. Pour payer l’opération, ainsi que pour rembourser à Ulrich toute l’oseille que je lui devais, j’ai dû vendre ma maison et vider la presque totalité de mon compte en banque, mais j’avais décidé que cela valait le coup d’essayer.
Nous avons passé vingt bonnes minutes à triturer les chiffres (General Tangent nous avait généreusement donné les caractéristiques du chirurgien) et sommes arrivés à la conclusion que j’avais 5 % de chances de mourir sur le billard, à peu près 15 % de chances de survivre avec des effets très déplaisants sur la zone “attributs” de ma fiche, et environ 80 % de chances d’être soigné sans effets secondaires. Il aurait aussi été possible d’utiliser un de mes points de Destin restants sur un jet fatal, mais il n’est pas possible d’utiliser ces points pour éviter des dégâts cérébraux débilitants mais non létaux.
J’étais plutôt inquiet, mais j’ai foncé.
Je ne pouvais pas croire que j’étais sur le point de jouer la vie du personnage que j’avais joué le plus longtemps (plus de deux ans), sur un seul jet de dé…
… et l’opération chirurgicale fut un succès.
J’ai me suis découvert une nouvelle voie. Je voulais être bon et aider les gens. Je me suis même marié avec Solvieg, ma maîtresse.
Les points de Folie que j’avais “gagnés” au cours de ma dernière overdose m’avaient fait passer le cap d’une nouvelle folie, qui, dans mon cas fut un changement d’alignement de neutre à bon, ce qui m’a plus ou moins forcé à faire de Solvieg une femme honnête. Cela aurait pu être pire ; j’aurais pu croire en dieu comme ces imbéciles effrayants d’Ulrich et Wolfgang.
J’aurais préféré faire mes bonnes actions depuis le lit confortable d‘une jolie maison bien chaude. Au lieu de cela, je sortais à peine de convalescence que nous étions déjà partis pour sauver le monde. Encore une fois.
Alors, où en suis-je maintenant ?
Eh bien, ce traîne-misère, alcoolique, ancien toxicomane, se trouve actuellement à mi-hauteur d’une montagne quelque part dans le sud, se gèle les miches, est trempé (apparemment les atours d’aristocrate de bonne qualité ne sont pas si bons que ça quand on s’en sert pour des activités de plein air), fatigué, atteint d’une sympathique petite grippe qui pourrait apparemment se transformer en pneumonie (d’après un article très sympa du fanzine Warpstone) et se demande quoi faire de la bande d’ogres que lui et ses bouffons de compagnons viennent juste de faire chier.
Oh, et l’armée orque arrive demain, apparemment.
Et comme à chaque session de jeu, je me demande “Qu’est-ce que je fais là ? Quand est-ce que tout a dérapé ?”
Et comme à chaque fois, j’ai la même réponse : “James Wallis a brûlé notre barge…”
Merci beaucoup James.
Putain, merci beaucoup.
(I) NdA : Je dis “probablement” car, étant joueur, je n’ai lu aucun de ces suppléments, donc je ne sais pas ce qui fait partie de Mort sur le Reik, ce qui est tiré de Charogne sur le Reik et ce qui vient du Pouvoir derrière le Trône. La seule personne à le savoir est Général Tangent (le MJ), c’est donc sur son avis que je me repose pour l’intrigue vicieuse et mesquine. [Retour]
(II) NdA : Quand je dis “un ami très proche”, je l’entends au sens d’Hollywood : “un type que j’ai rencontré trois fois et il avait l’air plutôt sympa”. [Retour]
(III) NdA : En plus de toutes les histoires qui sont arrivées en jouant les scénarios, les personnages de Warhammer ont une histoire personnelle définie tout d’abord pendant leur création (des jets sont faits pour l’endroit de naissance, les détails de la famille etc.) puis par l’expérience, au fur et à mesure de leurs changements de carrières. [Retour]
Oui, j’ai coulé votre barge
James Wallis, directeur de Hogshead Publishig et auteur de Charogne sur le Reik, répond :
Oui, j’ai coulé votre putain de barge. Vous le méritiez. C’était de la merde, vous n’aviez pas payé les taxes dessus depuis des années et le fond de cale puait. La meilleure place pour elle c’était le fond du Reik. Pour des raisons encore inconnues, votre MJ ne l’a pas foutue là, il a été assez stupide pour la laisser flotter.
Ce n’est pas ça qui a pourri la vie de votre personnage. C’est vous qui l’avez fait (2) !
La campagne de l’Ennemi Intérieur est, comme indiqué, magnifique. À la lecture de votre article, il ne semble pas que vous l’ayez jouée, à part une petite partie de Mort sur le Reik où les PJ acquièrent une barge, et l’incident de Charogne sur le Reik où elle est coulée.
Elle est coulée pour une raison précise : faire bouger les PJ depuis le fleuve vers Middenheim, où ils peuvent prendre part à la splendide aventure qu’est Le Pouvoir derrière le trône. Si on ne les sépare pas de leur barge, ils vont continuer à traîner leurs guêtres le long du fleuve, négocier sans cesse plus de fret pour le reste de leur misérable existence, telle une bande de joueurs compulsifs du jeu Elite (3), version début de la Renaissance.
Ils vont de ce fait faire mourir le MJ d’ennui, et passer à côté de l’existence violente et mortelle qui est le destin d’authentiques personnages de Warhammer.
Êtes-vous allé à Middenheim ? Apparemment non. Ce qui, quand on joue une aventure courte créée spécialement pour faire le lien entre Mort sur le Reik et le début du Pouvoir derrière le trône, semble un peu limité. Pour ceux qui ne le savent pas, Mort sur le Reik se termine lorsque les PJ trouvent une lettre qui implique que des choses étranges se passent à Middenheim, et Le Pouvoir derrière le trône commence par “Vous arrivez donc à Middenheim”. Il manquait clairement quelque chose pour remplir ce trou. Quelque chose qui allait séparer les joueurs de leur putain de barge.
Au début, je pensais faire capturer la barge par de gros pirates des rivières puants qui auraient ligoté et repoussé tous ceux qui auraient essayé de récupérer la barge. Cela aurait probablement rendu le travail de séparation meilleur que de simplement couler le bateau ; mais j’ai réalisé que la table des Sodomies par Pirates Puants aurait eu du mal à passer l’obstacle du département licences de Games Workshop. Ce serait donc un incendie criminel.
Avez-vous compris comment la barge a pris feu ? Ou plutôt, quel serviteur fidèle de quelle importante famille d’armateurs a lancé la lampe à huile dans la cale avant du bateau et pourquoi ? Avez-vous lu la paperasse que vous aviez signée la veille au soir, qui garantissait que la personne qui vous employait pour le transport s’engageait à payer les réparations pour tout dommage occasionné pendant que la barge était à quai ? Évidemment non. Bordel de merde.
Vous avez cependant apparemment compris une petite chose : vous notez que Warhammer n’est pas comme D&D et les monstres ne transportent pas automatiquement de l’or et des objets magiques. D&D est un jeu de quêtes pour la gloire et la richesse, Warhammer prétend être la même chose, mais son sujet est en fait le combat quotidien des PJ pour survivre dans un univers qui les déteste. Si vous ne finissez pas chaque aventure dans un état plus mauvais que celui où vous avez commencé, votre MJ fait les choses à moitié. Si vous vous retrouvez dans une aventure de Warhammer sans être dans la merde jusqu’au cou, alors vous devriez baisser la tête parce qu’une autre vague devrait déjà être arrivée. Et, si vous faites quelque chose de stupide comme devenir toxicomane car cela vous donne des bonus de combat – et j’ai déjà entendu des choses vraiment bêtes pour devenir accro, mais celle-là détient la palme – alors vous méritez tout ce qui vous est arrivé.
En d’autres termes, je tire mon chapeau à votre MJ. Il maîtrise Warhammer comme je le fais, et il semble qu’il fasse du bon boulot. D’après votre description, on peut deviner que vous êtes à la fin de la seconde aventure de la campagne des Pierres du Destin (4). Attendez d’arriver à la dernière partie, c’est tout ce que j’ai à dire. Vous pensez avoir souffert ? Attendez d’arriver au Cœur du Chaos. Vos personnages vont détester, mais vous vous allez l’adorer car, soyons honnêtes, si rien de mal n’était jamais arrivé à Gregor le Gros, il ne serait pas aussi amusant à jouer, non ?
Allez-y, rachetez un autre bateau, va. Je le coulerai aussi, bordel.
Articles originaux : How James Wallis Ruined My Character's Life et James Wallis Replies
(1) NdT : Une chance sur au moins 1.048.576. Jonny triche, ou il devrait jouer au loto. [Retour]
(2) NdT : Remarquez que c’est ainsi que Greg Stolze définit l’horreur dans Unknown Armies ptgptb : “La responsabilité peut également être horrible… Tu penses que tu as une vie de merde ? Eh bien, mon gars, tu es l’auteur de tes propres malheurs”. [Retour]
(3) NdT : Dans le jeu vidéo culte Elite (Frontier Elite, etc.), vous faites des allées et venues avec votre vaisseau spatial, en achetant et revendant des marchandises. Jamais vous ne descendez de votre vaisseau – à part pour en acheter un plus gros… [Retour]
(4) NdT : Ou au dernier épisode de la Campagne Impériale, L’Empire en flammes. Mais n’en disons pas trop. [Retour]
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