Est-ce que tu le SAN ?

Coup de Gueule d'Al Bruno nº5

AVERTISSEMENT : l’article qui suit pourrait blesser des personnes ayant un défaut de naissance, des grains de beauté immondes et les fans de HP Lovecraft, de catch et de bon vieux wock'n'woll.

Son poster de Dick Rivers sur le mur aurait dû nous mettre la puce à l’oreille.

Mais nous voulions désespérément jouer à une partie de l’AdC sans Vagabonds dimensionnels conduisant des camions de glaces. Ce nouveau MJ était Pif-Paf, un vieil ami de Bâtard de Tricheur qu’il avait apparemment rencontré à l’école militaire.

C’était un dimanche après-midi chez Pif-Paf et on était cinq rôlistes au teint pâlot engoncés dans une buanderie équipée d’une machine à laver, d’un sèche-linge, d’une table de poker, de chaises dépareillées et d’un poster plastifiée de M. “Est-ce que tu le sais ?”, lui-même. De là où j’étais assis, Dick me jaugeait de son regard insipide.

Dick Rivers a-t-il dit "tue-le! tue-le! est-ce que tue-le sais?"

El Disgusto : “Écoute, tout ce que je te dis c’est juste que tu me dois quatre dollars.

Moi : Je te dois rien. Je t’ai dit de ne pas bouffer cette foutue salade dans ma bagnole.

Wes la Fouine : J’arrive pas à croire que Dave la Tangente préfère rester avec sa copine plutôt que de jouer.

Pif-Paf : Il est avec qui, d’ailleurs ?

Wes la Fouine : La fille qui bosse au magasin de BD… Asenath.

Bâtard de tricheur : Elle a l’air bien…

El Disgusto : Wow ! Attends ! Deux secondes, là ! Asenath ? La fille avec le bras de bébé déformé je-ne-sais-quoi, là ?

Wes la Fouine : Oui, ça doit être elle.

El Disgusto : C’est la copine ultime avec laquelle il nous bassinait les oreilles ?
Moi : Ben, moi en tout cas, je suis content qu’il ait trouvé quelqu’un.

El Disgusto : Elle a un bras de bébé ! Comment peut-il seulement supporter de se trouver près d’elle ? Elle est difforme ! Qu’est-ce qu’ils peuvent bien foutre ensemble ?

Wes la Fouine : Il dit que c’est comme se faire branler par un ptérodactyle.

Moi : Ô doux Jésus ! C’était pas la peine d’aller jusque-là…

Pif-Paf : Asenath ? Est-ce un nom grec ? On dirait genre un truc sorti de Vampire la MascarAÉde.”

Le dernier mot n’est pas une coquille : c’est comme ça que Pif-Paf a prononcé Mascarade. Pif-Paf avait cette manie d’écorcher aléatoirement des mots de façons qui ne voulaient pas dire grand-chose, voire rien du tout. Pour mettre ça en évidence, je vais mettre en majuscules ces prononciations créatives, afin que tout le monde en profite.

Pif-Paf : “J’ai vérifié vos feuilles de perso et tout est OK sauf un truc. J’ai demandé à tout le monde de créer des professions acaMAdémiques et un de vous a créé un niMja.

El Disgusto : Il est professeur en études ninja.

Moi : Est-ce qu’ils avaient des études ninja dans les années 1930 ?

El Disgusto : Tu devrais te méfier, tu marches déjà sur des œufs, là.

Moi : Maman, j’ai peur.

El Disgusto : T’as intérêt. Je vais te faire valser comme une pâte à pizza.

Bâtard de Tricheur : Quoi ?

Pif-Paf : On baisse d’un ton, les gars. Ma mère essaye de regarder Alf.

Wes la Fouine : Désolé.

Pif-Paf : Bon, on va dire que t’es un professeur de mytholoGINITÉ qui étudie le kung-fu et ce genre de trucs.

El Disgusto : Peu importe.”

Tout en parlant il referma la porte de la buanderie en nous isolant du monde extérieur. La lumière fluorescente donnait un teint de cadavre à mes compagnons de jeu – pas la sorte de morts en majorité bien propres qu’on trouve sous terre, mais plutôt comme ceux qu’on retrouve échoués sur les plages du New Jersey. Pif-Paf nous planta le décor dans les grandes lignes : on était tous des professeurs réputés en mythologie, théologie et archéologie.

Pif-Paf : “Tous vos persos se connaissent sur le plan POURfessionnel. Pour certains d’entre vous, il pourrait y avoir des rivalités savantes. Votre perso pourrait avoir mis en doute les idées d’un autre perso.

Bâtard de Tricheur : Avec des stats aussi proches de la perfection que les miennes, il faudrait être taré pour faire chier mon perso.

Pif-Paf : Tous vos persos ont un ami en commun, un aventurier du nom de Dale Marveil.

El Disgusto : Je dois être un professeur et ce Dale Marveil, lui, a le droit d’être un aventurier ?

Pif-Paf : Chacun de vous reçoit un télégramme de Dale où il vous demande de lui rendre visite dans la maison qu’il a héritée à Arkham, Massachusetts (1).

Moi : Je fais mes valises de suite !

Bâtard de Tricheur : Mes domestiques s’en occupent pour moi.

Wes la Fouine : Je prends mon dragon de Komodo domestique et j’y vais.

Pif-Paf : Komodo ?

Wes la Fouine : T’étais d’accord pour ça. C’est sur ma feuille de perso.

Pif-Paf : Fais-moi voir. Où ça ?

Wes la Fouine : Au verso.

Pif-Paf : Où ?

Wes la Fouine : Vers le bas.

Pif-Paf : Ce truc, là ? Je croyais que c’était un filigrane.”

Il fallut un moment pour résoudre toute cette affaire komodo, surtout parce que Pif-Paf imposait ses décisions en nous plaquant au sol et en nous y maintenant jusqu’à ce qu’on perde connaissance. Pendant tout ce temps, il faisait de plus en plus chaud dans la buanderie. J’essayai de me détourner des cris étouffés de Wes en regardant le poster mais je dus détourner le regard.

Était-ce moi ou l’expression de son visage avait changé ?

Dick Rivers a-t-il dit "tue-le! tue-le! est-ce que tue-le sais?"

Pif-Paf : “Donc vous atteignez tous le mALnoir du grand-oncle de Dale Marveil pendant la même nuit sombre et orageuse (2).

El Disgusto : Pas moi. Je reste à l’écart des autres. Je me prends une chambre dans un motel en ville et je me barricade dedans.

Bâtard de Tricheur : Pourquoi ?

El Disgusto : Parce que ce sont mes rivaux ! Comment je sais si tout ça n’est pas qu’une machination pour se débarrasser de moi ?

Moi : Nos persos sont des rivaux scientifiques. Mets l’accent sur “scientifique”.

El Disgusto : C’est du roleplay ! Mon perso est quelqu’un de très stressé, personne n’a de considération pour le domaine des Études Ninja Appliquées.

Wes la Fouine : Est-ce que son perso perd déjà des points de SAN ?

Moi : Il est en train de les perdre dans la vraie vie.

Pif-Paf : Je vais gérer tout ce bazar des points de Santé Mentale un peu dAYféremment, juste pour info.

Moi : Différemment comment ?

Pif-Paf : Ben, tout ce machin des règles de SanANté, ça me paraît pas très logique.

Wes la Fouine : Ça me semble assez simple : tu vois quelque chose d’effrayant, tu fais un jet de SAN.

Bâtard de Tricheur : Je foire rarement mes jets de SAN.

Pif-Paf : Tu vois, c’est ça le problAYme : tout ce truc de la Santé Mentale est basée sur la peur plus qu’autre chose et les vrais hommes n’ont pas peur.

Moi : Tout le monde a peur de quelque chose.

Pif-Paf : C’est ce qu’on raconte aux mauviettes.

El Disgusto : Il parle de toi, mauviette.

Pif-Paf : Donc dans ma partie, vos points de SAN mesurent votre virilité. Moins vous avez de pAINts, plus vous êtes gay.

Moi : Tu déconnes, hein ?”

Il y eut un cri étouffé puis un vagissement aigu provenant de l’autre pièce. Pif-Paf pâlit un peu, s’excusa et sortit de la buanderie. Il s’assura de bien refermer la porte derrière lui. Nous nous fixâmes les uns les autres par-dessus la table de poker défraîchie tout en essayant de comprendre ce qui se disait de l’autre côté de la porte voilée en contreplaqué.

Bâtard de Tricheur : “Est-ce que ce ne serait pas cool si, pour une fois, un des persos d’El Disgusto essayait d’intégrer le groupe ?

El Disgusto : Est-ce que ce ne serait pas cool si tu faisais tes jets de dés là où tout le monde peut les voir ?

Moi : Suis-je le seul à pas les sentir, les règles maison de Santé Mentale de ce mec ?

El Disgusto : Lavette !

Moi : Tu sais, quand je vais commencer à te tartiner la gueule, je ne vais pas pouvoir m’arrêter.

El Disgusto : Ouais, essaie un peu de me baffer. J’ai ma ceinture noire depuis six mois. Un ninja blanc. Je marche entre les gouttes de pluie (3) !

Moi : Je me disais justement que tu t’étais pas lavé.

Wes la Fouine : Suis-je le seul à trouver bizarre le fait d’avoir été plaqué au sol ?

Bâtard de Tricheur : Eh, donnez-lui une chance, il maîtrise une partie cool. Et Dale Marveil est un PNJ génial.

Wes la Fouine : Pif-Paf était en train de m’étrangler.

Moi : Désolé mais tout ça, c’est carrément chelou.

El Disgusto : Comme si on en avait quelque chose à faire de l’opinion d’un écrivain raté.

Wes la Fouine : Je ne sens toujours pas le bout de mes doigts.

Moi : Quoi ? Tu te crois chez mémé pour me parler comme ça ?

El Disgusto : Les éditeurs ont refusé trois de tes romans ici et en Angleterre. Pour moi, c’est un ratage.

Moi : Le seul ratage, c’est de ne pas essayer.

El Disgusto : Oh, je t’en prie. Pense à ça, Ab3 [l’auteur de l’article, Al Bruno III], pense au pire roman jamais publié. De base, ce roman est meilleur que ce tout ce que tu as jamais écrit. Même le style de Gérard de Villiers a plus de profondeur que le tien.”

Quand ces mots quittèrent ses lèvres, je peux vous jurer que j’entendis le poster de Dick Rivers m’appeler au meurtre. Et je l’aurais peut-être fait. Ça n’aurait pas été le premier décès lié au jeu de rôle dans notre ville - mais avant que je ne puisse passer à l’acte, Pif-Paf revint et la partie reprit.

Dick Rivers a-t-il dit "tue-le! tue-le! est-ce que tue-le sais?"

Tandis que le perso d’El Disgusto restait en ville à aiguiser ses katanas, on nous fit faire le tour de la maison dont Dale Marveil avait hérité. C’était glauque et très gothique… ou goTHYIque, comme dirait Pif-Paf.

Pif-Paf : “Alors Dale vous raconte ses aventures en Orient et comment il a fait fortune dans la contrebande de jadEU.

Moi : Une autre fortune ? Eh ben dis donc.

Bâtard de Tricheur : Ouais, mon perso lui a donné un coup de pouce pour ça.

Pif-Paf : C’est la fois où Dale Marveil a tué onze gars avec une cuillère tordue.

Bâtard de Tricheur : Et sauvé mon perso, je m’en souviens.

Wes la Fouine : Qui est-ce qui maîtrisait la partie ?

Pif-Paf : C’était moi.

El Disgusto : Je passe la pierre d’affûtage le long de mon katana. Scriiiiiiiing. Scriiiiiiiing. Scriiiiiiiing.”

À ce moment-là, la température dans la buanderie était à peu près celle de l’aisselle blasphématoire de Cthuga [un demi-dieu à l’apparence d’une gigantesque boule de feu (NdT)]. J’étais assis là, dégoulinant de sueur pendant que Pif-Paf continuait de nous déblatérer la “Légende de Dale Marveil”. Dale Marveil était un homme parmi les hommes, un Don Juan millionnaire et un inventeur. Ses passe-temps étaient l’archéologie et combattre le crime. Il était maître en arts martiaux, en boxe, en escrime et un as de la gâchette avec n’importe quel type de flingue. Il pouvait aussi conduire des voitures de sport, piloter des bateaux et des avions. Tout en nous menant de pièce en pièce dans son étrange manoir, il tirait sur une pipe qui lui avait été donnée par Sherlock HolmSES.

Wes la Fouine : “Mais qu’est-ce qu’on fout là ?

El Disgusto : Moi, je ne suis pas là. Scriiiiiiiing. Scriiiiiiiing.

Bâtard de Tricheur : Yep, qu’est-ce qu’on peut faire pour ce grand homme ?

Pif-Paf : Il a trouvé une vieille bibliothèque étrange remplie de livres HOccultes dans la cave. Seuls vous quatre…

El Disgusto : Je ne suis pas là! Scriiiiiiiing. Scriiiiiiiing.

Pif-Paf : Seuls vos persos ont les compétences nécessaires pour cataloguer et mener des recherches sur ces livres.

Moi : Est-ce qu’il nous paie ?

Pif-Paf : Bien sûr mais il se fait tard ; donc il vous escorte jusqu’à vos chambres pour que vous vous reposiez cette nuit. Vous pouvez tous commencer le boulot le lendemain matin.

Moi : Très bien. Je me prépare pour aller me coucher.

Bâtard de Tricheur : Mon perso travaille sur son dernier livre.

El Disgusto : J’attends jusqu’à minuit. Puis je me rends au majestueux manoir Marveil.

Wes la Fouine : Je me prépare à dormir aussi.

Pif-Paf : Est-ce que tu te mets en kimono ? Celui que tu as au dos de ta fiche de perso ?

Wes la Fouine : Non.

Pif-Paf : Parce que c’est bien ce qui est écrit, hein ?

Wes la Fouine : Oui.

Moi : Est-ce qu’il y a une fenêtre ou autre chose qu’on peut ouvrir ici ? On crève de chaud.

Pif-Paf : Désolé, la seule fenêtre a été conDAYmnée. Si t’as chaud, enlève ton t-shirt.”

Et sur ce, Pif-Paf retira son t-shirt. Je dois reconnaître que je n’avais jamais pensé à ce que je ferais si un de mes comparses de JdR se désapait devant moi. J’avais espéré que si cela se produisait, j’eusse été en train de jouer une partie avec Léa Seydoux ou Mallaury Nataf. Mais je n’ai jamais eu cette chance. Au lieu de ça, je me retrouvai bouche bée devant les tétons flasques et pâteux de Pif-Paf. Lorsque je détournai mon regard, je me trouvai en train de fixer Dick Rivers. Le brouillard [de transpiration] rôliste pestilentielle faisait bouger sa nuque longue de façon dérangeante.

Dick Rivers a-t-il dit "tue-le! tue-le! est-ce que tue-le sais?"

Nos persos allèrent se pieuter pour la nuit.

El Disgusto : “Je gare ma voiture un kilomètre avant la maison. Je suis tout habillé de noir. Je marche… NON ! Je bondis d'arbre en arbre avec seulement mon katana et ma mitraillette Thompson.

Bâtard de Tricheur : Pourquoi ?

El Disgusto : Disons juste que vous avez choisi le mauvais rival académique, bande de cons !

Pif-Paf : Alors que tu approches de la maison, tu vois des formes du style gargUEUilles se déplacer sur le toit.

El Disgusto : Est-ce que je réussis à voir dans quelle chambre se trouve le perso d’Ab3 ?

Pif-Paf : Fais un jet de Santé mentale, s’il te plaît.

El Disgusto : Pourquoi ? Pour des ombres de merde ? Je suis une ombre ! J’ai un doctorat ès ninja !

Pif-Paf : Les ombres de ne sont pas de cette planAYEte. Lance les dés, s’il te plaît.

El Disgusto : Mon cul, ouais ! Mon perso va pas avoir peur de NOOOOOOOOOOOOON !!!!”

El Disgusto tenta de s’enfuir mais Pif-Paf avait l’avantage de jouer à domicile, et avant que quelqu’un puisse réagir, le “ninja blanc” se trouvait coincé dans une clé de jambe. Bâtard de Tricheur semblait apprécier le spectacle mais Wes la Fouine commençait à tourner de l’oeil. Je fixai le poster : qui pourrait bien avoir un poster comme celui-là sur le mur de la buanderie ? Pourquoi ?

Dick Rivers a-t-il dit "tue-le! tue-le! est-ce que tue-le sais?"

Une fois que Pif-Paf eut réaffirmé sa position de geek dominant, la partie reprit. El Disgusto était étrangement silencieux. Même sous cette lumière glauque, je parvenais à distinguer la marque d'un d4 sur lequel son visage avait atterri.

Pif-Paf : “Vous êtes sûrs que vous ne voulez pas enlever vos t-shirts, les gars ?

Wes la Fouine : Je me sens bien.

El Disgusto : Je ne retire mon t-shirt Boba Fett pour aucun homme.

Moi : Toute cette chaude moiteur me plaît bien mais merci quand même.

Pif-Paf : C’est quoi votre problème ? On est entre mecs. Enlevez vos t-shirts.

Bâtard de Tricheur : Quoi ?

Pif-Paf : B.d.T., enlève ton t-shirt.”

C’était comme dans cette scène à la fin du film Fame mais en pire puisqu’au lieu de Irene Cara, on avait un homme au physique et au teint d’un rat-taupe nu. De mon angle de vision, Dick Rivers semblait jauger Bâtard de Tricheur pour d’impénétrables raisons. Si un poster avait pu bouillonner de désirs inhumains, c’était le cas de celui-ci.

Dick Rivers a-t-il dit "tue-le! tue-le! est-ce que tue-le sais?"

Nous entendîmes un nouveau chœur de râles et de rugissements. Une ombre traversa les traits de Pif-Paf et il s’excusa de devoir s’absenter une nouvelle fois.

Moi : “Il faut qu’on se barre d’ici.

Bâtard de Tricheur : Pour quoi faire ? On vient d’arriver.

El Disgusto : ohshinobiohshibiohshinobi…

Wes la Fouine : Peut-être que si nos persos se suicidaient…

Moi : On n’a qu’à partir.

Bâtard de Tricheur : Vas-y et il risque de se vexer.

El Disgusto : ohshinobiohshibiohshinobi…

Wes la Fouine : On est foutus ! Je peux pas enlever mon t-shirt, je peux pas! J’ai ce truc, là, un troisième téton…

Bâtard de Tricheur : Essayez de vous amuser, les gars. C’est un super MJ.

Moi : Flash spécial ! Sur ma planète, le JdR n’est pas un sport de gladiateur !

El Disgusto : ohshinobiohshibiohshinobi…

Moi : Qu’est-ce que tu fous, BORDEL ?!

El Disgusto : J’essaye d’entrer en contact avec le ninja que j’étais dans ma vie précédente. Avec sa puissance et la mienne, on va botter le cul de ce connard.

Moi : Tu sais quoi ? À chaque fois que je me dis que j’ai trouvé quelqu’un de plus chtarbé que toi, tu fixes la barre un peu plus haut.”

Avec la terreur et la chaleur, les minutes nous semblèrent des heures. Pourrais-je passer l’obstacle de Pif-Paf jusqu’à la porte ? Le portrait de Dick Rivers raillait mes espoirs. Était-il quelque sombre dieu péquenot auquel nous étions condamnés à être sacrifiés ?

Dick Rivers a-t-il dit "tue-le! tue-le! est-ce que tue-le sais?"

Moi : “Où est-ce qu’il est parti ?

Bâtard de Tricheur : Sa mère a un problème aux pieds. Il doit les lui frotter toutes les deux heures environ.

Wes la Fouine : Ô mon dieu…

El Disgusto : Je me disais bien que ça sentait [la crème analgésique] Ben Gay !

Pif-Paf : Désolé de vous avoir fait attendre. Pourquoi est-ce que vous portez encore vos t-shirts ?”

J’aimerais pouvoir vous dire que c’est le moment que je choisis pour m’ériger contre la folie qui régnait tout autour mais ce n’est pas exactement ce qui s’est passé. On joua torse nu pendant près d’une heure. Nos persos furent réveillés par le son des Maigres bêtes de la nuit qui projetèrent un certain ninja diplômé à travers la baie vitrée.

Dale Marveil disparut et nous nous retrouvâmes encerclés sans qu’aucune de nos armes – ninja ou autre – ne s’avère efficace. Nos persos se barricadèrent dans la bibliothèque et se mirent à lire frénétiquement les grimoires dans l’espoir de trouver une formule qui pût les sauver.

Pif-Paf : “Tu as échoué à ton jet de Santé mentale encore une fois.

Wes la Fouine : Oh non…

Pif-Paf : Ok, maintenant ton perso a non seulement un bras mou, ce qui lui affAYEcte un modificateur de dextéRANCITé, mais il a aussi un cheveu sur la langue.

Wes la Fouine : Ok.

Pif-Paf : T’as intérêt à avoir un cheveu sur la langue quand tu parles, capich’ ?

Wes la Fouine : Bien ffûr.

Bâtard de Tricheur : Eff-qu’un de ffes livres nouff aide ?

Pif-Paf : Rien ne vous a Adé pour le moment. Soudain, la porte vole en éclats et des Maigres bEILLEtes de la nuit se ruent dans les escaliers.

El Disgusto : Je tente de me faire seppuku avec un exemplaire du Roi en jaune.

Moi : On ne peut rien faire ?

Pif-Paf : Non.

Bâtard de Tricheur : Je continue de lire les livres. Au caff où.

Moi : J’attends l’inévitable.

Pif-Paf : Les MaiKres Pêtes de la nuit se rapprochent… plus près… encore plus près… quand tout à coup…

Wes la Fouine : On meurt tous… S’il te plaît ?

Pif-Paf : Quand tout à coup Dale Marveil déboule des escaliers et projEYEtte au sol la Maigre bête de la nuit la plus proche.

El Disgusto : Je suis toujours en train de me tuer !

Pif-Paf : Le cou de la Maigre bête de la nuit se brise dans un sinistre craquement sec et alors Dale Marveil se jette sur la Maigre bête de la nuit suivante et répAYte le même prÔÔcédé.

Bâtard de Tricheur : Eff-qu’il les tue touff ?

Pif-Paf : Oui. Il leur brise la nuque à chacune ! Vous êtes sauvés !

Wes la Fouine : Hourra !

Moi : Attends deux secondes. Des flingues et des katanas ne leur font pas une égratignure mais leur cou se brise comme des brindilles ?

Pif-Paf : C’est pas de ma faute si personne n’y a pensé.”

C’était la goutte d’eau. Je me suis levé.

Moi : “C’est du foutage de gueule. Tu n’as même pas le commencement d’une idée de ce que c’est que L’Appel de Cthulhu et tu sais encore moins comment on maîtrise une partie de JdR si tu crois que l’idée qu’on se fait d’une bonne partie c’est d’être les PUTAIN DE FAIRE-VALOIR de ton PNJ chéri !”

Bâtard de Tricheur suffoqua de terreur. Wes la fouine rampa sous la table. El Disgusto se chia dessus pour des raisons qui ne peuvent être que les siennes. J’étais déjà en train de courir vers la porte de la buanderie quand je sentis d’épaisses mains m’attraper et m’entraîner au sol. Ma vue s’obscurcit. La dernière chose que je vis fut le poster de Dick Rivers et dans cet ultime moment je réalisai qu’en matière de parties d’épouvante, je n’y connaissais que Dale.

Article original : RPG.net rant #5 Achy Breaky Mythos

Sélection de commentaires

“Bob” Bobbson

Tu avais quel âge ? Je peux m’imaginer assez bien tout ça avec des ados mais il est dit précédemment que le personnage principal a une voiture et se rend dans des bars à strip-tease. Ou est-ce que cette histoire est antérieure à tout ça ?

Al Bruno III

J’avoue jouer un peu beaucoup avec la chronologie de ces histoires mais les événements qui ont inspiré la plupart d’entre elles se sont déroulés quand j’avais un peu plus de vingt ans… Tout comme cette partie infernale de l’AdC

(1) NdT : Arkham (et son université du Miskatonic) est LA ville Lovecraftienne par excellence. [Retour]

(2) NdT : “dark and stormy night” en VO : partie de la phrase d’entame archétypique des romans d’horreur : “It was a dark and stormy night”. [Retour]

(3) NdT : Retrouvez la vérité sur les talents de ninja d’El Disgusto dans La Virée des dieux. [Retour]

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Pour aller plus loin… panneau-4C

- Retrouvez cet article et d'autres sur le phénomène Mythe de/Appel de Cthulhu dans notre e-book spécial 130e anniversaire de Lovecraft n°26 : Bons baisers de R'lyeh

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Commentaires

Y a du high level là dedans... Ce texte a été au moment de sa lecture un véritable moment de détente dans mes journées de dingue. Je l'ai même transféré à 3-4 potes dans la foulée. On a tous dit la même chose. "putain c'est ENORME!"

Du bon, du très bon. ;) On est en train de réfléchir avec un pote à comment s'inspirer des articles de l'auteur pour en faire une partie de Fiasco

Auteur : 
Esthane

Pourtant moi j'avais une équipe bien gratinée il y a deux ans, mais ceux-là ils ont battu la mienne a plate couture... Ça fait bizarre quand même; chaque fois que je me dis que j'avais tout vu, il y en a d'autres qui arrivent pour me prouver le contraire.

Auteur : 
Elodie Hiras

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