La Trilogie des Origines II : Qui le destin choisira-t-il pour chercher les pizzas ?

Coup de gueule d’Al Bruno n°20

Avertissement : Ce qui suit peut choquer les membres de la communauté Américano-hobgobeline, les clercs et les voleurs de chariot de supermarché. [Une thèse sur la pornographie avec du langage cru pourrait aussi choquer (NdT)]

Elle s'appelait Mary, Mary Céleste, et elle avait un regard intense, une silhouette à couper le souffle et un rire qui ressemblait à un couinement si strident qu'il assommait les oiseaux en plein vol.

Mais bon, personne n'est 100% parfait. Alors je lui ai proposé de sortir ensemble. Elle était d'accord, on a échangé nos numéros et avons convenu de diner en ville, ce vendredi. Je me suis acheté une nouvelle chemise, une nouvelle cravate et me suis légèrement parfumé avec une eau de Cologne appelée Retiens la nuit. Oh que oui, j'étais prêt !

Dommage qu'elle ne soit jamais venue. J'attendis à table pendant à peu près une demi-heure et puis l'appelai chez elle. Pas de réponse, donc je retournai au comptoir. Après quatre heures à faire cela et aucune nouvelle de sa part, je commençai à me rendre compte qu'elle m'avait planté là, alors qu'ironiquement l'alcool ne me permettait plus de tenir débout.

Je me suis réveillé samedi matin avec un égo traumatisé et une gueule de bois carabinée, mais je me suis promis de découvrir ce qui n'allait pas; mais d'abord, je devais découvrir dans quel quartier je me trouvais, qui m'avait menotté à un chariot de supermarché, et pourquoi j'avais mon slip par dessus mon pantalon.

Quand j'appelai Mary, elle s'excusa abondamment et m'expliqua qu'elle croyait que le rendez-vous était pour ce soir. Je lui répondis que cela m'allait et fit tout pour arriver une heure plus tôt au restaurant cette fois-ci. Comme vous l'imaginez, les serveurs furent un peu surpris de me revoir et ils me firent promettre de ne plus montrer mon ébriété par des accès de colère ou par des danses illustrant des chansons. J'en fis le serment.

Donc, je restai à l'attendre sans boire d'alcool pendant une heure qui devint, avec le temps, deux, puis trois heures. Chaque fois que je l'appelais chez elle, pas de réponse. Ma vie se transforma soudainement en chanson de Genesis. Découragé et démoralisé je me tournai, comme source de réconfort, vers le stupéfiant le plus fort que je connaisse – Donjons et Dragons.

Je retrouvai facilement [voir Episode I] la maison de Dave le Psycho et arrivai juste à temps pour me joindre à la partie.

Dave le Psycho : Sympa d'être revenu. Les autres joueurs ont légèrement piqué les possessions de ton personnage.

Moi : Et bien maintenant que je suis là vous pouvez me les rendre, je suis sûr.

El Disgusto : La seule manière que tu as de reprendre ton équipement à mon ninja, c'est de survivre aux cinq défis de la mort. C’est-à-dire ses cinq doigts repliés en poing.

Moi : Bon, ça ira alors.

El Disgusto : Je veux dire qu’il peut te buter à mains nues.

Moi : J'avais compris.

El Disgusto : À. Mains. Nues.

Moi : Pourquoi sens-tu encore l'aftershave et les pirogues à la viande [cf. Episode I] ? Tu ne t'es pas changé depuis la semaine dernière ?

El Disgusto : Je viens d'acheter Pool of Radiance alors je suis très occupé sur mon Amiga en ce moment.”

Moi : “Trop occupé pour te changer ? Tu sais qu'on peut faire  pause sur les jeux vidéo.

El Disgusto : La question pour toi le nouveau c'est : arriveras-tu à faire pause sur l'hémorragie ? Tu peux le faire, ça ? 

Moi : Wouah. C'est soit la pire imitation de Clint Eastwood soit la meilleure imitation de Snake Plissken que j’ai entendue.”

Dave le Psycho : “Prend place, s'il te plait, pour qu'on puisse commencer. On commandera de la bouffe à emporter plus tard.

Moi : Je peux m'assoir là ?

Le P'tit Pervers : On est dans un pays libre.

Moi : Merci.

Le P'tit Pervers : C'est quoi cette eau de Cologne que tu portes ?

Moi : Mmmh, ça s'appelle Retiens la nuit.

Le P'tit Pervers : Terrible ! Tu sais, si j'étais une meuf tu me ferais carrément mouiller là !

Moi : He Wes, je peux m'assoir à côté de toi ?”

Dave le Psycho retira le dessus de son aquarium en forme de vaisseau Galileo de Star Trek; il versait de la nourriture aux artémies pendant que nous nous installions. Je remarquai qu'il y avait quelqu'un de nouveau à la table.

Moi : “Pardon, je ne crois pas que nous ayons été présentés.

Bâtard de Tricheur: Enchanté. Je suis Bâtard de Tricheur. 

Moi : Ils m'appellent AB3 [pour Al Bruno, IIIe du nom].

El Disgusto : Mais t'appellent-ils vraiment AB3 ? Vraiment ? J'en doute.

Moi : C'est quoi ton problème ?

Bâtard de Tricheur : El Disgusto n'est plus le même depuis qu'ils ont annulé L'Homme au Katana avec Lee Van Cleef.”

center

Moi : “Oh… ok!

El Disgusto : De plus, un joueur de plus ça veut dire moins de trésors et de gloire pour les autres.

Wes la Fouine : Mais l'union fait la force.

L'incroyable Pochtron : Tu sais ce qui fait vraiment la force ? Le grillage qui est dans les voitures de policiers et qui empêche ceux à l'arrière de toucher les policiers.

Moi : Mais où est Johnny la Tangente ?

Wes la Fouine : En fait, les Monkees sont passés en ville pour leur tournée après s'être reformés, donc Johnny a décidé de les suivre à travers le pays.”

Moi : “C'est complètement dingue.

Dave le Psycho :  Je trouve aussi.

Moi : Je veux dire, Mike Nesmith ne fait pas cette tournée.”

La partie reprit à peu près là où je l'avais laissé, au fond des caves du Chaos, en plein milieu du territoire kobold.

Wes la Fouine : “Mon nouveau personnage est bien meilleur que l'ancien. Je suis content que vous l'ayez retrouvé enchainé au mur dans la salle en forme de croix gammée.

Moi : Et on a trouvé de nouvelles armes et armures elles aussi meilleures que celles qu'on avait.

Bâtard de Tricheur : Qui veut une épée +1 ? Mon personnage en a déjà une.

El Disgusto :  Si ça n'est pas un katana, elle ne peut avoir quoi que ce soit de bonus.

Moi : Comment t'as fait pour que ton perso démarre avec une épée +1 et mon dieu matez ces caracs!

Bâtard de Tricheur: Merci.

Moi : 18 partout?

Bâtard de Tricheur : Les dés ont été bons avec moi.

Moi : Je suis sans voix.

Dave le Psycho : Vos personnages sortent de la salle aux trésors, et rentrent dans le donjon. Je peux avoir votre ordre de marche ?

El Disgusto : Les nouveaux en première ligne. Je travaille mieux caché dans l'obscurité.

Moi : C’est aussi là où t’es le plus photogénique.

Le P'tit Pervers : Je garde mes deux mains sur ma baguette des merveilles.

L'incroyable Pochtron : Mon sorcier attache une corde à son familier et commence à le faire tourner au dessus de sa tête comme un fléau.

Wes la Fouine : Pauvre minou.

Dave le Psycho : Un groupe de kobolds vous attaque. Tout le monde fait des jets…”

Le combat fut bref mais sanglant. Mon nain fit du mieux qu'il put avec ses modificateurs de combat, jusqu'au point où il se trouva debout sur une pile de cadavres kobolds, l'armure et les armes scintillantes du sang de ses ennemis. Bâtard de Tricheur se fraya un chemin dans la horde massive, sa claymore envoyant des kobolds de côté par paquets de six, ceux qui n'étaient pas tranchés en deux étant encastrés dans le mur de la caverne le plus proche. À intervalles fréquents, le ninja d'El Disgusto bondissait depuis les ombres, ratait sa cible, et retournait se cacher en ricanant. Même Wes la Fouine réussit à cumuler un petit nombre de victimes à son actif, avant de casser son épée ; sa lame désolidarisée de la garde, vola à travers la caverne, rebondit d'un côté et de l'autre jusqu'à couper la corde qui tenait la queue du chat de l'Incroyable Pochtron. Alors ce fut le tour du chat de faire un vol plané et de frapper dans le dos la guerrière humaine de P'tit Pervers. Ceci fit que ‘Sonia la rousse incendiaire’ fit un échec critique avec sa baguette des merveilles, qui invoqua une grosse boule de feu dans le mur, boule de feu qui rebondit ensuite sur nous tous.

Wes la Fouine : “Wouah, ça fait beaucoup de points de dégâts. Il me reste, genre, un point de vie.

Moi : Tout notre équipement a brulé et nos trésors sont fondus.

El Disgusto : Comment Von Jassur peut-il être blessé? Il était dans l'ombre. Personne ne peut toucher un ninja dans les ombres.

Dave le Psycho : Les sorts de boule de feu en milieux clos rendent tous les hommes égaux. 

L'incroyable Pochtron : Toutes mes tuniques et mes grimoires sont partis en fumée. Mon personnage a-t-il encore sa Flasque sans fond à la ceinture ?

Dave le Psycho : Désolé !

L'incroyable Pochtron : Dieu n’existe pas.

Bâtard de Tricheur : Et bien au moins moi et tout mon équipement avons réussi nos jets de sauvegarde.

Moi : Je veux utiliser tes dés pendant une journée.

Bâtard de Tricheur : Pas question. Je viens de finir de les régler comme je les aime.

Le P'tit Pervers : Je n'arrive toujours pas à croire que ‘Sonia la Rousse incendiaire’ ait permis que la baguette qu'elle maniait lâche la purée de façon précoce.

Moi : Tu ne penses qu'à ça ou quoi ?

Le P'tit Pervers :  Et bien laisse-moi te répondre en te disant que….

L'incroyable Pochtron : Oh non, tu l'as lancé sur le sujet. Qu'on m'apporte à boire !

Le P'tit Pervers : C'est vraiment simple, je pense que si tu ne penses pas qu'à ça, c'est que t'as un problème. Le sexe est l'inspiration et le résultat final de toutes les entreprises humaines. Pourquoi les hommes recherchent-ils fortune et gloire ? Pour s’envoyer en l’air. Pourquoi les athlètes professionnels se ruinent la santé à long terme au nom d'un match ? Pour s’envoyer en l’air. Pourquoi l'art existe dans le monde ? Pour que les mecs dégénérés s'envoient en l'air. Le désir du sexe, la peur du sexe et même l'impossibilité d’accéder au sexe, est au cœur de tout.

Moi : C'est un peu bancal, si tu veux mon avis.

El Disgusto : Si c'était vrai, alors pourquoi nous tous jouons aux jeux de rôles ? Cela ne va aider aucun de nous à s’envoyer en l'air.

Le P'tit Pervers : Ah mais notre raison d'être là, c'est justement parce qu'on ne peut pas s'envoyer en l'air et qu'on n'a rien de mieux à faire.

El Disgusto : Va te faire foutre ! J'avais une petite amie.

Moi : Oh allez, vraiment. Toi?

El Disgusto : On s'est rencontrés au Accrocs du Sexe Anonymes mais j'ai dû m'en séparer. Un étalon doit garder sa liberté.

Moi : Aïe ma tête! Rien que d'y penser!

Le P'tit Pervers : J'ai une théorie sur laquelle je travaille; je l'appelle la Théorie Unifiée du Porno. Je pense que si on arrive à créer une unique image érotique qui excite le monde entier, elle déclenchera la paix universelle.

Dave le Psycho : J'ai toujours dit que ton cerveau errait dans un univers à mi-chemin entre Marc Dorcel et Isaac Asimov.

Moi : Il y en a d'autres qui voudraient partager leurs idées délirantes avant qu'on se remette à jouer ?

Le P'tit Pervers : Marre-toi maintenant mais tu rigoleras moins dans dix ans quand l'Amérique sera impliquée dans une tripotée de guerres partout dans le monde. Et tu te diras: Putain, le gars avec la méga-grosse teub avait raison.

Moi : Non je ne le dirai pas parce que t'es barge.

Le P'tit Pervers : Tout ce qu'on doit faire c'est étudier l'imagerie érotique et tout devient clair. Prenons les productions de films pornos en Europe et au Japon actuellement. Dans leur majorité, l'éjaculation est obtenue quand une femme amène un homme à l'orgasme d'une façon ou d'une autre.

Moi : Pourquoi est-ce qu'on discute déjà ?

Le P'tit Pervers : Maintenant, écoute-moi bien AB3… Le film porno américain moderne c'est une autre paire de manches. La plupart du temps, c'est l'homme qui se finit à la branlette en gros plan. Et pourtant il y a bien plus de choses qui se passent au cœur de ces images que des femmes se faisant asperger de fluide d'amour. Pourquoi est-ce que le porno américain est si différent ? Parce ce sont tous des signes inconscients d'une nation qui a peur de perdre sa souveraineté nationale, une nation si opposée à céder contrôle de son burin d'amour qu'elle ne supporte pas de voir un homme céder le contrôle de son braquemart veineux à l'actrice qui joue avec lui dans un film X. Et cela mes amis est un signe d'une nation au bord du gouffre.

Moi : Oh. Mon. Dieu.

Wes la Fouine : Et toi tu as de la chance. Quand il nous a exposé sa théorie, il avait des diapositives.”

Quelques protestations énergiques de la part de Dave le Psycho nous remirent sur le droit chemin. Nos personnages grièvement blessés réussirent à sortir du donjon et établirent le camp pour la nuit.

Le P'tit pervers : “J'espère que nous n'aurons pas de rencontre cette nuit. Si c'est le cas, c'en est fini de nous.

Moi : Ah, c'est ballot d'avoir laissé mourir notre clerc dans une fosse piégée lors de la dernière session.

El Disgusto : Si son dieu avait voulu qu'il vive, il l'aurait sorti de là.

Dave le Psycho : Dans D&D, les clercs sont l’équivalent des tuniques rouges de Star Trek : de la chair à canon (1) . Ça a toujours été le cas.

Moi : Je pense pas que ce soit juste.

Dave le Psycho : Alors pourquoi tu n'en joue pas un ?

Moi :  Ben… Chais pas.

Le P'tit Pervers : J'ai faim. Je croyais qu'on allait s’acheter des pizzas.

El Disgusto : Ça me va.

L'incroyable Pochtron : Et des chicken wings !

El Disgusto : Encore mieux.

Dave le Psycho : Et bien, c'est plus cher si on se fait livrer, l’un d’entre vous doit aller chercher la bouffe.

L'incroyable Pochtron : Mais je ne peux pas conduire, je suis bourré.

Dave le Psycho : Le MD ne devrait pas conduire dans ces cas-là.

Bâtard de Tricheur : Eh bien El Disgusto m’a amené en voiture.

El Disgusto : C'est déjà nul que je doive payer ma part de pizza, hors de question que je gâche de l'essence en plus.

Wes la Fouine : Bon, je suppose que je pourrais y aller.

Moi : Non c'est moi le nouveau, j'irai.

Wes la Fouine : Non. Tu connais à peine le quartier, je vais y aller.

Moi : Non vraiment je pense que-

El Disgusto : Le perso de Wes n'a plus qu'un point de vie, n'est-ce pas ? Je le bute.

Dave le Psycho : OK fais un jet de toucher.

Moi : Attendez, quoi?

Wes la Fouine : Mais il était presque niveau deux…

Dave le Psycho : Wes, ton personnage est mort, puisqu'il n'y a pas de clerc dans les parages. Tu peux rajouter ta fiche de personnage dans le Classeur de la Honte.

Moi : Mais, qu'est-ce qui vient de se passer?

El Disgusto : Ça s'appelle c'est au mort de ramener les pizzas. Il nous aurait ralenti et serait mort de toutes façons, j'ai juste rationnalisé les choses. Comme ça, la partie ne sera pas ralentie parce qu'on doit l’attendre.

Bâtard de Tricheur : Pas de bol, Wes.

L'incroyable Pochtron : À plus mec, c'est comme si je connaissais à peine le personnage que tu jouais à cette partie.

Le P'tit Pervers : Et encore… pas de bol

Wes la Fouine : Oh bah, que tout le monde cotise et j'y vais.

El Disgusto : Mais j'ai dit c'est au mort de ramener les pizzas ? Je sais pertinemment que t'as plein de liquide.

Wes la Fouine : Mais cet argent j’en ai besoin pour acheter mon insuline demain.

Moi : Tu sais j'ai un peu d'argent, tiens…

El Disgusto : Bon sang, suis je la seule personne ici qui sais se comporter en mec ? Wes, va chercher la bouffe. Crois-moi, si tu laisses cette peccadille de diabète affecter ta santé, tu vaux pas la peine de vivre de toutes façons.

Wes la Fouine : Bon… D'accord.

Moi : C'est quoi au juste un Classeur de la Honte ? Et pourquoi est-ce si gros ?

Dave le Psycho : Toutes les campagnes de D&D ont beaucoup de classeurs, mais chacune doit avoir au moins un Classeur de la Honte et un Classeur de la Gloire. Les PJ qui meurent d'une mort héroïque sont protégés pour toujours dans les pochettes plastiques du Classeur de la Gloire. Les personnages qui souffrent d'une mort humiliante et déprimante vont dans le Classeur de la Honte.

C'est un indicateur de la qualité de la maîtrise du MJ quand le Classeur de la Honte est trois fois plus gros que le Classeur de la Gloire.”

Une fois Wes parti, la partie reprit. Nos personnages avaient survécu à la nuit avec seulement une perte : c'est-à-dire le voleur de Wes. Quand ce fut mon tour de garde, je décrochai le corps de Rodney-aux-neuf-doigts de l'arbre auquel le ninja d'El Disgusto l'avait attaché pour s’entraîner au lancer de shurikens, et l'enterrai dans la forêt.

Quand le matin vint, nos persos découvrirent qu’ils avaient de la visite.

Dave le Psycho : ...Et le clerc de l'Église de Charles Pasqua demande à parler au groupe. Il a des questions à vous poser.

Bâtard de Tricheur : Pas de problème on lui dira ce qu'il veut savoir, après qu'il ait prodigué des soins de blessures légères au reste de mon équipe.

El Disgusto : Ton équipe ? Je croyais qu'on était le Commando Raclée [d’après le nom complet du perso d'El Disgusto : Raclée Von Jassur (sic !) (NdT)] de Greyhawk.

Moi : Pour que ce soit le cas, il faudrait déjà que nos personnages aient le droit de connaître le nom du tien.

El Disgusto : Vous ne méritez pas de connaître son nom, bande de losers !

Dave le Psycho : Le clerc soigne votre groupe et vous demande si vous avez des nouvelles de l'autre clerc que vous avez engagé il y a quelques jours. Apparemment les membres du clergé sont très inquiets et pensent qu'il ne reviendra pas vivant.

L'incroyable Pochtron : Et mais… quel clerc ?

Moi : Est-ce qu'on a noté le nom du clerc avant de le laisser mourir?

Le P'tit Pervers : C'était Albert.

Moi : Albert le clerc ?

Bâtard de Tricheur : Je dis au gars… Il s’appelle comment déjà ?

Dave le Psycho : Son nom c'est Edouard.

Moi : Edouard le clerc ?

El Disgusto : Pourquoi s'embêter à donner des noms aux PNJ?

Bâtard de Tricheur : Je dis à Edouard que nous avons envoyé Albert à la recherche d'œufs de tortues géantes et qu'il devrait nous suivre s'il veut le rejoindre.

L'incroyable Pochtron :  Cool nous avons un nouveau clerc.”

Donc nous revoilà en marche, de retour vers le château-fort de Castellan avec ce qui nous restait de trésor et de dignité. Imaginez notre surprise quand nous tombâmes sur un village hobgobelin qui nous barrait la route.

Moi : Je pense juste qu'on aurait dû remarquer quelque chose comme ça à l'aller.

Bâtard de Tricheur : Je ne pense même pas que je puisse me coltiner un village de hobgobelins et m'en sortir vivant.

El Disgusto : Il semblerait que je doive estropier le groupe pour pouvoir m'échapper. Je commence par le clerc !

Le ninja d’El Disgusto était en plein estropiage, lorsque l'un des hobgobelins nous a repérés et s'est dirigé vers nous. Je crois que [l'llustrateur de D&D] Erol Otus n’a jamais imaginé les hobgobelins ainsi.

Dave le Psycho : Maintenant les hobgobelins se sont approchés de vous, et vous parlent dans un patois guttural du Commun. Vous voyez qu'ils ne portent pas d'armure mais des tissus multicolores et une casquette tricotée, large et informe sur la tête. Le meneur du groupe engage la conversation : “hey man, pouwquoi vous vouw baladez autouw de notwe village man ?”

Moi : Des hobgobelins rastas ? Tu plaisantes, j'espère !

Dave le Psycho : Le chef hobgobelins continue : “On chewche pas la bagawwe, non man’. On fait que vivwe là tout calmes, man, et on garde le twésow. Et pouwquoi vous estwopiez votwe clew ?”

El Disgusto : Je rend sa jambe à Edouard le clerc et demande au hobgobelin de me parler de son trésor.

Dave le Psycho : Le chef hobgobelin explique : “C'est un Tawot Mewveilleux. On nous l’a twoqué contwe de la ganja et maintenant ça coûte une pièce d'ow pour tirer une cawte. C'est moins fatiguant que twavailler, man.”

Moi : Ce sont des stéréotypes mesquins et haineux.

El Disgusto : Quoi ? T'as des hobgobelins dans ta famille, AB3 ?

Moi : Non et là n'est pas la question, le truc c'est que les stéréotypes sont le langage de la haine.

L'incroyable pochtron : Ben voici un stéréotype non-haineux: le cognac est le champagne des eaux de vie.

Bâtard de Tricheur : Je donne une pièce d'or au chef hobgobelin et lui demande si je peux tirer une carte dans le Tarot Merveilleux.

Le P'tit Pervers : Ouh moi aussi.

L'incroyable Pochtron : Ma pièce d'or est un peu fondue.

El Disgusto :  Moi aussi ; tu nous suis pas, AB3 ?

Moi : Je suis encore un peu fâché à cause de ces hobgobelins et, qui plus est dans un Tawot Mewveilleux il y a des bonnes cartes et des mauvaises. Les joueurs en veulent toujours plus et tirent des cartes jusqu'à ce que les mauvaises tuent le groupe.

El Disgusto : Je savais que t'allais te dégonfler.

Moi : Mais non… ok tant pis j'en suis aussi.

Dave le Psycho : Le chef hobgobelin dit : “Alow viens, man.” Et il vous conduit dans une hutte au milieu du campement.

Moi : Et au sujet d'Edouard le clerc ?

Dave le Psycho : Oh maintenant il a perdu tout son sang.

El Disgusto : Tu parles d’un clerc!

L'incroyable Pochtron : Hey quelqu'un arrive dans le garage.

Moi : Ah bien ça doit être…

Dave : Extinction des feux et silence tout le monde !

Et avec cela les lampes s'éteignirent et tout le monde s’accroupit par terre.

Moi : Bon sang mais qu'est-ce qui se passe ?

Dave le Psycho : Chuchote. On chuchote jusqu'à ce qu'on entende quelqu'un frapper à la porte.

Moi : C'est Wes avec les pizzas, non ?

Dave le Psycho : On n'est jamais trop prudent. La maison… La maison ne m'appartient pas vraiment.

Moi : Qu-quoi ?

Dave le Psycho : J'ai déménagé de chez mes vieux mais tout cette histoire de loyers ne me convenait pas. Heureusement mon grand-père a eu un accident vasculaire cérébral qui l'a rendu sénile, et sa maison est restée vide pendant des mois pendant que ma famille se dispute sur quoi en faire.

Moi : Ils savent pas que tu es là ?

Dave le Psycho : Ça gâcherait l'aspect “loyer gratuit”, non ?

Bâtard de Tricheur : C'est Wes.

Dave le Psycho : Ok récupère la bouffe et renvoie-le chez lui.

Moi : Le renvoyer chez lui ?

El Disgusto : Son perso est mort; que va-t-il faire en attendant ? Rester planté là en contemplant d'un air songeur ton début de calvitie ?

Moi :  Je n'ai pas de…

Ils récupérèrent les pizzas et ils renvoyèrent Wes la Fouine chez lui. Je me demandais de nouveau ce que je pouvais bien foutre ici. Le milieu des rencontres c'était nul certes, mais au moins j'avais une chance d'embrasser une fille de temps à autre. D'un autre côté avec le P'tit Pervers, on ne pouvait pas en être sûr non plus. Le repas fini, chaque membre de l'équipe tira une carte du Tarot Merveilleux.

L'incroyable Pochtron : “-1 à tous les jets de sauvegarde”. C'est nul !

Bâtard de Tricheur : Ça déchire ! Mon propre château et un autre bonus à ma compétence Diplomatie.

Le P'tit Pervers : “En prison” ? Est-ce que je peux au moins avoir un codétenu ?

El Disgusto : “Un suivant guerrier quatrième niveau ?” C'est nul ! Je suis un ninja, la Mort en pyjama noir. Les Ninjas n'ont pas de suivants. Combien d'XP je gagne si je le bute ?

Moi : “Toutes mes armes magiques disparaissent” ? De toutes façons j'en avais pas.

Dave le Psycho : Bon bah, je crois que c'est un bon moment pour arrêter jusqu'à la semaine prochaine. Tout le monde peut être là ?

Bâtard de Tricheur : Je serai là en avance pour me moquer des jets de dés de Wes quand il tirera son nouveau perso. Nous pouvons tous crécher dans mon nouveau château.

El Disgusto : Je serai là. T'inquiète !

Le P'tit Pervers : Du moment qu'on se réunit le samedi ça me va. Souvenez- vous simplement que les dimanches soir sont rien que pour moi, ma bouteille de Coca et le film de M6 en troisième partie de soirée.

L'incroyable Pochtron : Je suis ivre, rien qu'à l'idée de revenir.

Dave le Psycho : Et toi AB3 ?

Moi : Chuis pas sûr. Je crois que je verrai le moment venu.

J'étais déterminé à m'assurer que j'avais mieux à faire, même si c'était rôder dans les bars de célibataires avec mon ami non-rôliste Kid Morvaunez. C'était pas amusant, ce n'était pas de bons moments, tout ce que je faisais c'était rajouter des pages à mon propre Classeur de la Honte.

Article d’origine : RPG.NET rant #20 The Prequel Trilogy II : The Dead Guy Gets The Pizzas


(1) NdT : les figurants en pyjama rouge (uniforme de la sécurité du vaisseau) meurent dans les épisodes de Star Trek Classic afin de montrer combien est terrible le danger qu’affrontent les personnages récurrents. [Retour]

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