Une distraction intéressante

Il était une fois

logo PTGPTBBeaucoup de mes amis me considèrent comme un rôliste. Après tout, tous les quinze jours je retrouve des amis de l'université et nous passons un bon moment à jouer à tout ce dont il nous prend l'envie. Mon nom est inscrit sur un site dédié au jeu de rôle. Je sais qu'il n'y a pas que AD&D et TSR. Je peux jouer un personnage intéressant et on m'a même demandé, à l'occasion, de maîtriser. J'ai défendu le jeu de rôle contre les esprits étroits qui le critiquaient. En bref, j'ai beaucoup joué et j'ai tous les attributs du rôliste.

Mais je n'en suis pas un. Du moins, je ne pense pas que j'en sois un. Après tout, je ne possède même pas un d20.

 

Le seul matériel de jeu que je possède est The Babylon Project grog et c'est plus dû à ma dépendance envers la série télévisée qu'à un désir de jouer un scénario. (En passant, si vous avez mon exemplaire, rendez-le-moi s'il-vous-plaît !)

Peut-être suis-je coupable par complicité. Mon frère, Rick, écrit des systèmes de jeu, comme mon ami Simon Dennis. Steven Darlington (Contremaître d'esclaves, euh, je veux dire rédacteur en chef de cet e-zine) qui est accro au jeu de rôle, a recours au harcèlement pour obtenir sa dose hebdomadaire. Je pourrais continuer et lister tout mes amis fanas de jeu de rôle mais cela ne ferait que plomber la démonstration.

"Pourquoi joues-tu ?", pourriez-vous me demander. Eh bien, ma première rencontre avec le jeu de rôle arriva en cinquième, à l'école. Le jeu s'appelait Living Steel grog . De mémoire ça ressemblait beaucoup à Shadowrun grog ou Manhunter grog (Bien que Steve me dise que c'était plutôt comme Battletech grog ). L'occasion de jouer des méchants qui vadrouillent dans l'univers en tuant des trucs.

C'était à la même époque que jouer avec des GI-Joe ou faire semblant que l'école était un vaisseau spatial pendant la pause déjeuner, se mit à être ringard. Le genre de crime punissable de moquerie aussi bien par les amis que les ennemis. Quoiqu'il en soit, le jeu de rôle ne posait pas ce genre de problème car c'était un truc cool que faisaient les ados. La mauvaise réputation de ce loisir était aussi un avantage.

Donc le jeu de rôle a d'abord été, pour moi, une manière adulte de jouer aux GI-Joe, quoique étant beaucoup plus riche en possibilités. Il devint rapidement évident que se débarrasser des figurines permit à notre imagination de s'envoler vers de nouveaux sommets. Cette richesse du jeu améliora probablement notre culture littéraire par la même occasion.

Mais nous n'en étions pas au niveau de nous glisser dans la peau d'un personnage différent. Au lieu de cela nous essayions d'être ce que nous souhaitions le plus être. Pour moi cela signifiait être un « Sorcier> » ce personnage énigmatique aux pouvoirs occultes. Bien entendu, la capacité de briser les os des durs à cuire était loin de ce que j'avais en tête.

Et puis j'ai découvert les ordinateurs et j'ai pu vivre mes fantasmes dans la réalité. Les connaissances ésotériques et le pouvoir du mage de façonner le monde qui est dans la machine. Ce fut le début d'un long hiatus dans ma pratique du jeu de rôle. Réduire les lignes de code et contrôler la machine devinrent les débouchés de mon imagination. Je devins Avon plutôt que Gandalf.

Avon wiki (en) était le génie informatique de la série culte de S-F Blake's 7 [série américaine (1978-1981) dans laquelle une équipe de hors-la-loi combat un régime totalitaire dans un futur lointain (NdT)]

Tant que je fus au lycée, les ordinateurs et les discussions me prenaient tout mon temps. Ce que je fis de plus proche du jeu de rôle fut [le jeu de plateau] Hero Quest wiki. Ce n'est qu'à la fin de mes années d'université que j'entendis à nouveau le chant des sirènes du jeu de rôle.

acteurs de Blake's 7Mais, en fait, comme la plupart des boutonneux collés à leur ordinateur, je m'étais intéressé à la S-F, au fantastique et à l'histoire depuis mon enfance. Tout au long du lycée et de la fac je m'y étais réfugié, laissant vagabonder mon imagination dans des mondes crées par d'autres, discutant avec mes amis à propos des créations de leurs auteurs. Je ne me suis donc jamais éloigné des histoires se déroulant dans des mondes imaginaires. C'est juste que j'en ai fait l'expérience comme spectateur omniscient, mais impuissant.

A cette époque je créais des mondes virtuels faits de logique et de logiciels plutôt que des mondes fantasmagoriques faits d'imagination. Pour moi, les deux sont étroitement apparentés en ce qu'il s'agit dans les deux cas de la création de systèmes et de la simulation de la réalité.

Vous voyez, j'aime construire et explorer des systèmes complexes d'entités interactives. Pas que des entités technologiques, mais aussi des gens dans leurs relations aux autres et au monde, ce qui forme l'un des systèmes les plus complexes et les plus intéressants qui soient. Une grande partie de l'attrait que j'éprouve pour le jeu de rôle réside dans sa simulation de ce système à différents moments, en différents lieux.

Mais ce n'est pas ce qui fait que le jeu de rôle vaut le coup. Après tout, je peux explorer ces choses avec davantage de profondeur et de rigueur dans de nombreux arts et sciences, et certains diraient que nous devrions simplement sortir et vivre ! L'attrait du jeu de rôle réside dans l'expérience subjective et (par-dessus tout) partagée de ces systèmes.

Dans le jeu de rôle nous pouvons mettre de côté le cérémonial et les conventions d'une argumentation raisonnée, baisser notre garde et, au milieu des pizzas et du Coca, autoriser nos pensées à vagabonder sur ce que nous attendons que les gens fassent. Nous pouvons partager une hallucination amenée sans substances psychotropes . Nous pouvons dire des trucs que nous ne dirions jamais dans la vraie vie, explorer l'absurde sans crainte de se faire traiter d'imbécile ou de ruiner notre vie.

Le jeu de rôle me permet de prendre plaisir à explorer des mondes sans le sérieux de circonstances qui accompagne d'habitude cette activité, et je peux le faire en société, avec des amis. Cependant, bien que je trouve qu'il s'agit d'une distraction intéressante, pour moi, cela ne peut pas être plus que cela. Car, une fois qu'on a bu le Coca et terminé l'aventure, nous devons nous réveiller dans cette aventure bien plus grande qu'est la vie, avec tous ces gens et ces systèmes complexes. Les utopies et les cauchemars de notre imagination ne peuvent être que des fac-similés de la réalité et bien que j'aime y vivre, le Vrai Monde est infiniment plus fascinant.

Article original : Once Upon A Time: An Interesting Diversion

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Cet article est reproduit dans l'e-book n°25 de notre 20e anniversaire - Souvenirs, souvenirs - qui rassemble les moments de découverte du JdR des Australiens de ptgptb.org

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