Comment gérer les grosbills quand on est narrativiste
© 2018 Christof Heimhilcher
J’ai déjà écrit au sujet des grosbills (munchkins), mais, ces derniers temps, le sujet ne cesse de réapparaître (par exemple chez les sites Eskapodcast et Pen and Podcast). Ce sont surtout les joueurs de L’Œil Noir grog qui se plaignent régulièrement des grosbills dans leurs groupes de joueurs, sur les forums et les groupes Facebook.
Ce qui compte le plus pour moi dans un JdR, c’est l’histoire. Mais nous devons avouer qu’un grosbill sommeille en chacun de nous. J’ai l’habitude des groupes de jeu où toutes sortes de rôlistes sont représentés, du roi des grosbills à un joueur abhorrant toutes les règles.
C’est pourquoi je voulais traiter de ce sujet aujourd’hui : “comment gérer les grosbills dans mon groupe ?”
Qu’est-ce que le grosbillisme (powergaming) ?
Dans un premier temps, je voudrais expliquer la notion de grosbill telle que je l’entends. Je ne suppose pas que ça vaut pour tous [elle correspond à la définition des types de joueurs sur ludomancien.com, mais la définition de référence par Robin D. Laws présente des différences : là, le grosbill a effectivement un côté connard. (NdT)]
Pour moi, les grosbills se définissent par deux aspects : d’une, par un personnage optimisé et de deux, par un jeu défensif.
Le personnage optimisé est souvent construit pour exceller dans son domaine. C’est juste assez pour la médaille d’argent, mais le vrai pro se reconnaît aux compétences maximales et à sa résistance contre les calamités. Il prend donc moins de coups, et quand il en prend, il encaisse moins de dégâts. Il n’est pas facilement ensorcelé et reconnaît pièges et embuscades.
Le jeu défensif, c’est ce comportement à la table de jeu qui permet d’éviter tout risque et d’esquiver tous les dangers menaçants, voire même d’éviter entièrement des scènes où le personnage ne peut pas fonctionner au mieux de ses capacités.
Par exemple, un personnage qui tire tout son pouvoir d’un certain équipement essayera à tout prix d’éviter une situation où il devrait se débrouiller sans cet équipement. À mon avis, c’est là le vrai problème qu’ont les narrativistes (storytellers) avec les grosbills – ce ne sont pas les scores des PJ optimisés. Car le risque et l’échec peut toujours être la base de bonnes histoires.
Ce qui ne fait pas partie du grosbillisme, en ce qui me concerne, c’est la triche. Que ce soit en lançant les dés ou en créant son personnage.
Le grosbill, c’est un méchant ?
Lu récemment dans un groupe Facebook : “À l’aide, un personnage a Intelligence 18 et quelques capacités Savoir 10 !” Je n’y vois aucun problème. Oui, les valeurs [très fortes] peuvent créer des problèmes dans une campagne. L’équilibre des personnages peut être mis en danger, le personnage peut ne pas aller dans le sens de la campagne, etc. Mais des valeurs élevées ne sont pas un problème en soi.
À la base, un problème se crée souvent par des attentes différentes envers la partie. Le grosbill a peut-être envie, dès le début, de tabasser des orques de manière efficace, alors que le narrativiste a envie de raconter la transformation d’enfants paysans en héros. Voilà deux attentes difficilement réconciliables. Le pâtissier qui n’a jamais fait de mal à personne ne veut pas commettre son premier meurtre au premier round. Et quand ce moment est finalement venu, le narrativiste souhaite en explorer les conséquences psychologiques engendrées chez son personnage. Entre-temps, le grosbill attend avec impatience de pouvoir agrandir son tas de cadavres.
Le grosbill et le narrativiste – inconciliables ?
Pas mal de grosbills évitent les scènes dangereuses ou les scènes contraires à leurs méthodes optimisées. Et pas mal de narrativistes ont des personnages peu efficaces. En tant que statisticien, je réponds alors : il y a certes une corrélation, mais pas de causalité. En clair : les grosbills sont souvent – mais pas toujours – de mauvais narrativistes et vice-versa. C’est dû aux attentes envers la partie et pas au grosbillisme en soi.
Si le joueur espère pouvoir être le connard le plus décontracté et massacrer des monstres, mettre des limites au grosbillisme n’est pas la solution. Un grosbill qui se voit octroyer un personnage non-optimisé ne devient pas un narrativiste, même si on lui enlève le droit d’opérer les combinaisons les plus avantageuses. Dans le pire des cas, le jeu en souffre, car le grosbill va maintenant essayer de rendre son personnage “jouable” au plus vite. Par exemple, son pâtissier pourrait ne montrer aucune envie de sauver le village de la famine, mais de faire des gâteaux jusqu’à ce qu’il puisse s’acheter son épée +1.
Mais je connais aussi des joueurs qui aiment optimiser leur personnage tout en nous livrant du beau roleplay.
Astuces pour gérer ses grosbills
En principe, je crois que personne, pas même un grosbill, ne fait exprès de ruiner la partie d’autrui. Voilà mon conseil : parlez-en. Souvent, ceux qui causent des problèmes ne se rendent pas compte qu’ils en occasionnent. Dans le cas d’un joueur créant des problèmes exprès et consciemment – il n’est pas un optimisateur, simplement un connard.
Comment gérer les connards est le dernier point de ma liste.
1. Choisir le bon système de règles
Il y a des livres de règles qui invitent à l’optimisation. Avant tout, des systèmes de création de personnage par budgets de points comme L’Œil Noir grog, Splittermond ou Shadowrun grog. Ce genre de système est le rêve du grosbill car il peut choisir les capacités de son perso parmi une grande variété. Le grosbillisme n’est avant tout pas seulement une question de volonté, mais de savoir-faire ; un joueur qui n’est pas un grosbill expérimenté va avoir des difficultés à façonner un PJ compétent avec un livre de règles complexe. La différence de capacité entre le grosbill et le non-grosbill est donc plus grande avec un système de règles complexe.
Les systèmes avec des classes de personnages et des classes de pouvoir équilibrent davantage les non-grosbills que les systèmes à points de création. Mais il y a des exceptions. Dans Pathfinder grog, la différence entre grosbill et non-optimisateur peut être grande malgré les classes de personnage. Je conseillerais plutôt des systèmes pauvres en règles. Plus il y a d’options dans la création de personnage, plus celui qui a compris les règles peut en tirer profit.
La complexité des règles
Dans la 4e édition de L’Œil Noir, on construit son PJ sur la base de 9 éléments chiffrés. Cela représente beaucoup d’options permettant au grosbill de s’épanouir, tout en confondant le néophyte.
Dans Shadowrun, ce sont ceux qui ne comprennent pas tout de suite l’importance d’une Initiative élevée lors de la création du PJ qui vont avoir du mal à faire de leur personnage un combattant compétent. Le cyberware nécessaire est cher, et si on n’a pas pris ses précautions, le chemin vers l’Initiative maximale est fermé à tout jamais, car le PJ doit avoir des talents magiques.
Létalité
Plus un système est létal, plus les joueurs seront tentés par le grosbillisme. Le grosbillisme n’est pas binaire, avec des joueurs qui ne le seraient pas, et d’autres qui le seraient à 100 % ; tous les joueurs ont une tendance vers le grosbillisme, les uns plus, d’autres moins.
Le grosbill ne sera pas seul à réagir au paramètre létal. Ainsi, le joueur Acteur (1) ou le narrativiste va vouloir protéger son PJ créé avec amour et passion. Il optimisera alors son PJ en fonction [de la mortalité des règles]. Il va transférer plus de ressources dans la parade, les points de vie ou l’armure. Dans un autre jeu, il en investirait plus dans l’aspect narratif de son PJ.
2. Arrêtez de jouer [au jeu de plateau] HeroQuest !
Je regarde parfois des Let’s Play sur Youtube. Et même dans des groupes mettant beaucoup l’accent sur les personnages et l’histoire, j’ai l’impression que la manière de jouer n’a pas évolué depuis [le wargame] Chainmail. Un groupe va peut-être vivre l’interaction sociale, les PJ ont un historique et des motivations, mais les aventures sont juste des combats entre lesquels il y a un peu de jeu de rôle. La différence avec [le jeu de plateau] HeroQuest vient du fait que mon PJ peut, après avoir triomphé de l’adversaire final, aller niquer la serveuse à la taverne.
Et à ceux qui veulent se servir de l’histoire comme argument : même les Porte-Monstre-Trésor modernes proposent de très jolies histoires autour des différentes missions, comme par exemple Mice and Mystics trictrac [un jeu pour jeunes rôlistes de Plaid Hat Games (NdT)].[Le jeu de plateau] Zombicide offre un historique à chaque personnage qui est certes court, mais bien plus intéressant et profond que le background de beaucoup de PJ de JdR sur table. Donc, si vous avez envie de vous regrouper pour cogner des monstres, aucun problème, mais dans ce cas le grosbillisme ne devrait pas poser de problèmes non plus. Dans [le JdP] Descent, je n’ai jamais vu quelqu’un se plaindre qu’un autre joueur ait construit ou développé un PJ efficace.
Et toujours on parle de l’équilibre
Souvent, c’est l’équilibre entre les PJ qui sert d’argument contre le grosbillisme. Comment concevoir des rencontres qui ne mettent pas en danger tous les PJ, sans pour autant être un jeu d’enfant pour le grosbill ? Je rencontre uniquement ce problème quand on joue à un PMT façon “jeu de plateau”. Le combat, c’est pour tout le monde. Et si un joueur ne veut pas que son perso combatte, il aura le problème de ne plus pouvoir jouer du tout, tant les scènes de combat sont nombreuses.
Intégrez donc moins de scènes de combat dans vos aventures, mais embellissez celles que vous allez jouer. De plus, tout le monde ne doit pas forcément toujours y participer : au lieu d’un combat entre tout le groupe et tous les ennemis, faites en sorte que le PJ le plus fort combatte le boss des autres. Un duel a largement sa place dans la majorité des univers de jeu, que ce soit la boxe dans Shadowrun, un duel de sabres dans un monde médiéval-fantastique ou un duel au pistolet dans la grand-rue à midi dans le Far West. Là, le grosbill peut nous éblouir avec son PJ optimisé pour le combat sans menacer toute l’équipe. Et si par hasard c’est un PJ non-optimisé qui se trouve dans un duel, il est facile d’adapter les caracs de l’adversaire.
Un duel peut aussi se passer de manière moins formelle : pendant que le hacker essaye de décrypter les infos secrètes et que le cambrioleur force la porte, Bruno l’orque s’occupe des vigiles de la corpo. D’autres activités ne requièrent pas non plus que tout le monde soit impliqué, comme le piratage, les interactions sociales ou le pistage. Et si tous les joueurs se trouvent malgré tout ensemble dans une situation de combat, il y a aussi des solutions : au lieu des trois ogres, on fait alors apparaître un ogre et ses petits serviteurs gobelins.
3. Ne combattez pas le grosbill avec des règles !
Imaginez que Mike Tyson drague votre copine. Diriez-vous : “Eh, Mike, on va se battre pour elle sur le ring !” Probablement pas. Certains MJ croient malgré tout pouvoir freiner le grosbill en introduisant plus de règles. En vérité, c’est la spécialité du grosbill, qui va dominer à coup sûr.
Un exemple : le MJ détestant le grosbillisme organise une nouvelle campagne pour Shadowrun 4. Consigne : en créant un PJ, on n’a droit qu’à 10 dés par pool. Un rôliste inventif présente ce PJ : un elfe avec Agilité 7, qui – grâce à une Augmentation – a un muscle toner 4 qui augmente son Agilité de 4. Il est déjà à onze dés, mais il doit en rendre un car il n’a pas de compétences pour les pistolets. On a donc exactement les 10 dés requis.
Après la première mission, il reçoit des points de karma et les investit en Pistolets 1 et une spécialisation dans des armes semi-automatiques. Il va investir une petite partie de l’argent gagné dans un système smartgun avec une arme correspondante. Et lors de la deuxième mission, le PJ a déjà un pool de dés de 16.
Qu’est-ce qu’on a gagné ? On a empêché au grosbill d’avoir accès à un pool de plus de 20 dés dès la première session de jeu. Et il va mettre un certain temps avant d’y arriver. Mais le niveau de puissance n’était équilibré que lors de la première session ; à la fin de la première partie, il suffit de 4 points de karma et 3000 Nuyens au grosbill pour pouvoir sauter de 10 à 16 dés, tandis que ses compagnons de jeu n’en ont même pas assez pour passer de 10 à 11. Le déséquilibre est donc encore pire.
N’essayez donc jamais de freiner le grosbillisme en utilisant des règles. Sauf, peut-être, si vous êtes un meilleur grosbill que vos partenaires de jeu. Mais dans ce cas, l’optimisation des PJ ne vous pose probablement aucun problème. Bien sûr, vous pouvez toujours imposer des changements en raison de l’intrigue. Si la campagne le demande, des changements comme “tous les persos sont des elfes” ou “pas de races ailées” sont tout à fait acceptables.
4. Ne vous opposez pas au grosbill dans la partie !
Une réaction adoptée face à l’optimisation est de punir le joueur grosbill à travers son personnage pendant l’aventure. Par exemple, les MJ se jettent souvent sur les caractéristiques délaissées ou les défauts de ces PJ. Sur le principe c’est OK, mais s’il vous plaît, faites-le dans la même mesure que pour les autres PJ. Sinon le grosbill sera désavantagé, ce qui gâchera grandement son plaisir de jeu. Cela peut aussi mener à des réactions d’opposition et de défiance, ce qui ruinera complètement le plaisir de jeu de tout le monde.
Si vous ne pouvez vraiment pas supporter le grosbill, alors mettez ça au clair hors-jeu. Parlez-en [avec lui] et si ça ne donne rien, alors expliquez au joueur que vous n’êtes pas à l’aise avec sa manière de jouer et que vous ne voulez plus jouer avec lui. N’essayez pas de le garder tout en le mettant à l’écart, ce qui embête alors tout le monde.
5. Accordez au grosbill son moment de gloire !
Les personnages des grosbills sont souvent des spécialistes d’un unique domaine. Un coup d’œil à la fiche de personnage suffit à déterminer dans quelles situations un personnage va briller. Donnez au grosbill ce qu’il désire. Laissez-le sortir gagner un duel avec panache, laissez-le éclater tout seul le gang de petites frappes et laissez le voisinage y réagir. Le grosbill se réjouira que ses investissements dans son personnage ont porté leurs fruits et il sera d’autant plus prêt à laisser les autres personnages briller dans les autres situations.
6. Tenez-vous-en aux règles !
La plupart des grosbills que j’ai été amené à rencontrer trouvaient important que l’on respecte les règles. Quand vous adaptez les règles, il peut avoir le sentiment que ses investissements ne rapportent rien. Par exemple, quand un grosbill a investi beaucoup de points dans une compétence permettant à son perso de détecter des pièges non-magiques, ne “castrez” pas ce perso en n’utilisant que des pièges magiques, ou en distribuant sa compétence à tous les PJ.
Si la pratique de jeu devait rendre nécessaire de le modifier au moyen de règles “maison” au cours d’une campagne, c’est acceptable. Indépendamment du fait qu’il s’agisse du socle de l’optimisation ou non : si – en tant que MJ – vous modifiez les règles de création des personnages, proposez à tous vos joueurs (et pas seulement au grosbill) de modifier leurs personnages de façon adéquate. Si vous réduisez de moitié les dégâts de la hache à deux mains – car elle vous semble trop avantageuse – dans ce cas permettez aux PJ, non seulement de changer d’arme, mais aussi de changer leurs spécialisations ou leurs compétences. Le choix de ces dernières a été fait dans l’optique que la hache à deux mains était la meilleure arme.
Quand les règles s’opposent au plaisir de jouer ou sont trop compliquées, que faire pour les maîtriser ? Dans ce cas, vous n’avez peut-être pas encore suivi mon astuce n°1 [choisir un bon système]. Mais d’autres possibilités s’offrent ici, sans changer le système de jeu en pleine campagne. J’en suis arrivé là en tant que MJ pendant une campagne de Shadowrun 5e éd., parce que je ne maîtrisais pas les règles aussi bien que je le pensais. Je n’avais pas non plus très envie de me plonger dedans. J’ai proposé à mes joueurs le marché suivant :
“Je ne connais pas toutes les règles ; je ne vais pas non plus faire de recherches lorsque je ne me souviens pas d’un détail. Dans les situations pour lesquelles je ne connais pas la règle, j’en improviserai une. Si dans ce cas, vous vous sentez désavantagés et que vous connaissez la règle (vous ne vous plongez pas dans le manuel !) alors je m’en remets volontiers à la règle originale.” (2)
Tous les joueurs acceptèrent. Aussi bien ceux qui ne lisaient aucun livre de règles, que pour le grosbill. Du coup, soit ils profitaient de mes mauvaises interprétations de règles, soit ils pouvaient exiger la bonne version de la règle quand ils la connaissaient. Et les grosbills connaissent généralement les règles dont ils tirent profit.
7. Utilisez le grosbill !
Je l’ai déjà expliqué : les grosbills sont souvent des avocats ès règles et ont une bonne intuition des bonnes combinaisons lors de la création de personnage. Vous devez vous en servir ! En tant que MJ, vous pouvez leur poser des questions sur les règles, lorsque vous ne les connaissez pas. Ce qui va plus vite que de parcourir le livre de règles, et est presque aussi rapide qu’une recherche dans un PDF. Et consulter les règles n’apporte rien au plaisir de jouer.
En tant que joueur, vous pouvez vous aussi lui demander de l’aide pour la création de votre personnage ou sa progression. Vous ne savez pas quel sort choisir ? Demandez au grosbill ! Vous n’êtes pas obligé de suivre sa proposition à la lettre. Gardez votre sort de poudre de perlimpinpin inutile en combat, mais qui est cohérent avec votre personnage. Par contre, le grosbill peut peut-être vous indiquer quelques autres sorts qui vous plairont, ou dont vous n’avez pas reconnu le potentiel en parcourant la liste. Le grosbill vous ouvrira les yeux et vous expliquera pourquoi Lance de feu est un sort du tonnerre.
8. Lancez-vous dans l’optimisation !
J’ai souvent l’impression que le problème de l’optimisation vient de la jalousie de ceux qui ne la pratiquent pas. Depuis l’anecdote du crocodile de Kiesow (3), on nous martèle que l’interprétation des personnages est bien plus importante que leurs caractéristiques.
“Les grosbills ne sont pas de véritables rôlistes. Nous nous fabriquons notre personnage de pâtissier, nous en sommes satisfaits et nous nous lamentons juste un peu sur les points de dégâts que nous aurions pu infliger. Même si nous aimerions bien être pour une fois une machine de guerre. Mais aussi un bon, un véritable rôliste. Et les deux ne vont pas de pair.
Et arrive ce mec, qui n’est absolument pas impressionné par nos traditions, et qui s’est bricolé une superbe bête de combat. Du jamais vu ! Il se fiche des conventions et fait ce qui lui plaît. Ce que j’aimerais faire mais je n’ose pas !”
En somme : si vous êtes jaloux des bonnes caractéristiques d’un grosbill ; la prochaine fois, construisez-vous aussi un personnage qui est fort. Ce n’est pas sale, même si les joueurs de L’Œil Noir veulent vous le faire croire. Vous ne devez pas pour autant laisser de côté l’écriture d’un historique de personnage excitant, ou cesser d’avoir des dialogues cohérents dans la partie. Vous ne serez pas un·e mauvais·e rôliste juste parce que votre bonus à l’attaque est un peu plus élevé.
9. Ne forcez personne !
Vous aimez l’idée que les drames personnels et les échecs améliorent les parties. Et je suis d’accord avec vous. Mais tout le monde ne le voit pas comme ça. Qu’un joueur soit grosbill ou pas, quand il ne veut pas de ça, ne le forcez pas à le faire ! Quelqu’un que vous forcez sur un aspect n’en tirera aucun plaisir ; et sans plaisir, il ne tirera rien de la partie. Du moment qu’ils se tiennent à leur choix, et que cela permet de mettre en valeur les autres personnages, alors ça ne posera pas de problèmes.
10. Quand vient le moment de se séparer
Lorsque tous les compromis et toutes les explications ne portent pas leurs fruits, alors le mieux est peut-être d’emprunter des chemins séparés. Nous nous retrouvons pour nous amuser, et quand le plaisir n’est pas au rendez-vous, il ne s’agit plus d’un loisir mais plutôt d’une perte de temps. Laissez tomber et cherchez un nouveau groupe ou un nouveau joueur. Essayez simplement de faire en sorte que la séparation soit respectueuse et amicale.
La séparation est toujours le bon remède lorsque vous avez un connard dans le groupe. Quelqu’un qui s’oppose délibérément et intentionnellement au plaisir de jeu des autres. S’il est impossible de communiquer, alors foutez-le dehors ! Il n’y a aucun intérêt à se laisser emmerder.
Voilà, c’était mes 10 conseils pour pouvoir gérer les grosbills. Je consacrerai mon prochain article à un sujet parallèle : comment gérer les narrativistes quand on est grosbill ?
Article original : Wie man als Storyteller mit Powergamern umgeht
(1) NdT : Voir Lexique du JdR ptgptb ; et ce serait une variante simulationniste/immersionniste du LNS. [Retour]
(2) NdT : Dans Les étapes d'évolution d'un groupe de JdR ptgptb, The Chatty DM révèle une règle de son contrat social très similaire à celle-ci : “Si un problème de règle se pose, nous en discutons moins de 5 minutes. Si nous ne tombons pas d’accord, je rends un verdict. Si je sens que la décision est mal reçue, je détermine au hasard entre mon verdict et le résultat attendu par les joueurs, et nous acceptons tous d’en reparler plus tard, en dehors des séances de jeu.” [Retour]
(3) NdT : En référence au Crocodile de Ulrich Kiesow – auteur de l’Œil Noir – lors d’une de ses campagnes. Les PJ étaient dans des marais et le MJ décida que les PJ devaient abandonner leur équipement sous prétexte que le poids les faisait s’enfoncer dans la vase. Un joueur voulut passer outre et demanda au MJ s’il y avait des crocodiles dans ces marais. La réponse était oui ; le joueur décida que son personnage en attraperait un, le dresserait, et lui transporterait son équipement. Alors le MJ coinça le joueur en faisant tomber la nuit. Le joueur protesta en vain : son perso avait 16 en dressage ! Le MJ dirigiste refusa cette idée créative et fit noter cette phrase “Tout groupe a le MJ qu’il mérite !”. [Retour]
Pour aller plus loin avec PTGPTB…
- Les grosbills : l’ebook PTGPTB consacré à ces adorables petites bêtes ;
- Le système d20, en mode narrativiste : comment orienter un système d'optimisation vers le narrativisme
- Aimez le minimax : et si le minimaxage faisait partie intégrante de l’espèce humaine ?
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Commentaires
AlexBriola (non vérifié)
mer, 16/01/2019 - 19:15
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Merci pour la trad :)
Merci pour la trad :)
J'ai moi-même eu pour la première fois un joueur qui pourrait être qualifié de Grosbill. En discutant, j'ai vite compris que pour lui un des plaisirs de jouer était de passer du temps à paufiner son perso, à chercher la bonne combo de règles. Et il faut reconnaître que question investissement il fait ce qu'il faut.
Puis j'ai vite vu que le problème n'était pas avec moi MJ, qui peux à loisir réajuster le niveau d'opposition, mais que cela créait un décalage avec les autres PJ, non optimisés. Il a donc entrepris de faire des persos optiminisés pour tout le monde, en plus de donner des conseils sur le choix d'évolution etc.
J'ai posé la question au groupe, "qu'est-ce qui vous amuse ?", que je sache quoi proposer durant les parties. La réponse était assez homogène : "équilibre entre roleplay et action, qu'on aie la sensation qu'on risque d'y passer quand même..."
Un joueur n'est pas très combat, mais plus amateur d'enquêtes ; je vais lui insèrer des pistes à suivre, durant les périgrinations du groupe.
Comme pour beaucoup de sujets, la solution est dans le problème, l'imagination fait le reste.
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