Pourquoi j'aime l'OSR
© 2018 Emmy Allen
L’ambiance est bien glauque ces temps-ci dans mon entourage ludique, alors je vais écrire pourquoi j’aime l’OSR (1) pour me remonter le moral.
Dans ma pratique des jeux, il y a en fait quatre sujets séparés qui m’intéressent. Ce sont le jeu de rôle grandeur nature (GN), Warhammer GROG, Le Monde des Ténèbres GROG (MdT) et l’OSR. Pourtant, je ne publie vraiment des trucs que pour l’un d’entre eux.
Dans le cas du GN, c’est parce qu’un GN qui marche est un évènement. Il faut un bon site, une équipe qui vous épaule, du matériel pour les effets spéciaux, les décors et tout ça. Il faut un budget et un groupe de personnes qui voudront bien suivre les instructions. Je n’ai rien de tout ça. Alors en tant que GNiste je joue surtout pour m’amuser, et de temps en temps je fais PNJ ou je m’occupe des effets spéciaux.
Avec Warhammer et le MdT, le problème est un peu différent. Dans le passé, j’ai créé un tas de contenus pour Warhammer. Des listes d’armées alternatives, des campagnes, des règles maison, et ainsi de suite. Même des variantes entières du jeu. J’ai aussi écrit mes contenus maison pour le MdT. Mais rien n’a été publié. Rien n’est vraiment publiable, parce que tout ça est lié à la propriété intellectuelle de quelqu’un d’autre.
Voilà ce qui me gêne. Les gens de chez The Gardens of Hecate ou Iron Sleet [deux studios de peinture de figurines qui produisent également des textes d’univers (NdT)] produisent des œuvres aussi talentueuses, aussi belles et aussi originales que tout ce que peut produire l’OSR. Mais la franchise avec laquelle ces gens travaillent est si profondément liée à l’entreprise qui produit Warhammer qu’ils ne pourront jamais vraiment en tirer profit, se faire connaitre et se tailler une niche comme on peut le faire dans l’OSR.
De même, dans les communautés du Monde des Ténèbres, je vois des conteurs et conteuses [c'est-à-dire des MJ (NdT)] mettre énormément de travail, de créativité et de budget dans leurs projets. Récemment, je suis allé à un GN où les orgas avaient réservé un hôtel entier pour leur after-party ! Le GN lui-même était sur un autre site, c’était seulement pour que l’équipe puisse se décontracter et se pinter dans un endroit sympa après-coup. Mais là aussi, ces orgas ne reçoivent pas la reconnaissance méritée, alors que ce qu’écrit White Wolf Wiki [l’éditeur des jeux du Monde des ténèbres (NdT)] est analysé au peigne fin.
C’est un problème. Ces projets ne sont, finalement, que des œuvres de fans. Ils sont d’une classe inférieure aux publications officielles. Ça restreint la créativité, mais aussi et surtout la capacité à publier. Impossible d’acheter sur DriveThruRPG le projet perso que quelqu’un a bidouillé à partir de Vampire : La Mascarade.
Et c’est ça que j’aime avec le mouvement OSR dans son ensemble. Il n’appartient à personne. Il ne tombe sous l’autorité de personne. C’est un espace commun partagé qui existe quelque part entre une petite bizarrerie d’un accord de licence de D&D, et une espèce de rejet de la prétention de la mégacorpo à décider de ce qu’est D&D
A la place, l’OSR est composée de fans, de créatrices, de fanzines, d’éditeurs indépendants, et de bricoleuses. Les limites qui les distinguent sont vagues et floues. N’importe qui peut faire quelque chose de qualité, le publier et être reconnu.e pour ça, sans avoir besoin de se prendre la tête avec les subtilités de la propriété intellectuelle. Tout ça est vraiment merveilleux et assez unique en comparaison à n’importe quelle autre communauté de jeu de société ou de jeu de rôle sur table (2) .
On entre dans l’OSR comme sur du velours. La plupart des rôlistes sont familier.ères avec les bases : six caracs, dés de vie, niveaux, classe d’armure. C’est une espèce de lingua franca. Vous pouvez prendre un logiciel de mise en page de base (j’utilise MS Office), quelques œuvres d’art du domaine public, et créer ce qui vous semble cool. L’autoédition est super facile et si vous avez un blog ou n’importe quelle espèce de présence sur les réseaux sociaux, vous vous trouverez une audience enthousiaste de voir du nouveau contenu zarbi de la part de nouvelles créateur.rices zarbi.es.
Il y a neuf mois, j’ai sorti un projet farfelu où on utilise des tables aléatoires pour créer un jardin de fées, en partant de rien, sans être connue du monde du JdR, et ça s’est super bien passé. Je ne suis pas la seule : des tas de gens balancent des trucs cools ces jours-ci (tellement que je ne vais pas essayer de mettre des liens sinon cet article sera entièrement composé de liens). C’est le bon moment pour s’intéresser à D&D.
De nos jours, si vous voulez produire des trucs pour l’OSR, le principal obstacle c’est de se poser pour l’écrire. Tout le reste est génial.
Alors voilà. Je ne veux pas nier qu’il y a de vrais problèmes, mais j’avais l’impression que ça valait la peine d’écrire pourquoi j’avais voulu faire partie de cette communauté créative au départ, en partie pour m’en souvenir moi-même.
Article original : Why I love the OSR
(1) NdT : L’OSR, acronyme signifiant parfois Old School Renaissance, parfois Old School Revival, est un mouvement apparu dans les années 2000 et qui ré-explore et ré-invente les premiers jeux de rôle, en particulier les premières versions de Donjons & Dragons. L’OSR s’appuie sur l’Open Gaming Licence, une licence ouverte par laquelle l’éditeur Wizards of the Coast permet à des éditeurs tiers de créer leurs propres produits basés sur Donjons & Dragons, y compris des rétroclones Pour en savoir plus, il y a nos traductions Les 7 Maximes de l’OSR et Les 6 Cultures de jeu, et bien sûr l’article de Wikipédia sur l’OSR. [Retour]
(2) NdT : Note de l’Autrice : la seule exception à laquelle je pense, c’est les wargames historiques, qui encore une fois ne sont pas vraiment restreints à des franchises précises. [Retour]
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