Les 5 Produits rôlistes les plus mal nommés
© 2014 Steve Darlington
Dans l’article précédent, nous avons parlé des cinq produits les mieux nommés et il est temps de passer à la deuxième partie. Le revers de la médaille. Les faux pas, les erreurs et les moments « Putain mais (…) ?! » dans le choix des titres au cours des quarante dernières années.
Comme toujours, on ne discute pas du produit, juste du nom. Quel que soit le nom qu’on lui donne, une rose aura toujours des nouvelles Capacités de classe, n’est-ce pas ? [Vous aurez reconnu une référence croisée à Roméo et Juliette, et aux Capacités de classe de D&D3 (NdT)].
Les produits qui ont hérité d'un mauvais nom en raison d'une licence préexistante sont également hors compétition, tout comme les personnes qui tentent d'éviter les menaces de procès de dernière minute. Le premier critère signifie que je ne peux pas flageller Dragon Age parce qu’il contient très peu, voire pas du tout, de dragons. Le dernier signifie que je dois être clément avec Lejendary Adventures [voir NdT3 dans Les… mieux nommés]. Et pourtant, cela me rend malade d'écrire ça. Adressez toutes vos jérémiades vers Internet, ça marche bien.
N°5, le Fastidieux Acronyme : GURPS
Il n'y a rien de mal à utiliser des acronymes, mais comme tout ce qui est bon, les geeks les aiment tellement que ça devient inquiétant, perturbant, et mauvais. Le résultat, c’est que le milieu du JdR est plein d’abréviations et d’acronymes lourds et inutiles : depuis des éditeurs comme BTRC, ICE, LUG et TSR jusqu’à des jeux comme FUDGE, FATE, ORE, CORPS, QAGS et JAGS, sans parler du malheureux Chill - le second « L » ne voulant rien dire [Selon une source, l'origine du nom était l’acronyme C.HI.L., d'après les trois types de succès : Colossal, HIgh et Low . Rajouter un "L" permet le jeu de mot Chill : « Frisson » (NdT)]. On n’est peut-être pas censé prononcer EABA (ça résonne comme quelqu’un qui se fait un claquage à la cuisse en faisant caca) ; mais après GURPS, comment être sûr ?
GURPS est devenu un nom connu de tous, ce qui prouve qu’on peut copier un bruit de mouvement gastrique si le contenu est suffisamment bon. Vous pensez peut-être que je suis injuste, mais le dernier clou dans le cercueil vient du titre complet du jeu : Generic Universal Role-Playing System [Système de Jeu de Rôle Générique et Universel (NdT)]. Générique et universel, c'est très redondant. C’est nul.
(Oui, je sais que cela signifiait à l'origine ‘the Great Unnamed Role-Playing System’ [« le Grand Système de Jeu de rôle Sans Nom » (NdT)], mais ce n'est pas une excuse. TORG signifiait à l'origine ‘The Other Roleplaying Game’ [« l'Autre Jeu de Rôle » (NdT)] : ça ressemble beaucoup moins à des éructations, et ne signifie rien du tout.)
Acronyme, 2e place : OSRIC. Parce que non seulement ça n'a rien à voir avec des personnages mineurs de Hamlet, mais aussi parce qu’il ne contient aucune des lettres de D&D, dont il est en fait une reprise, et qu'il me faut dix heures pour retenir la signification de chacune de ces lettres [Old School Reference and Index Compilation ou « Compilation d’Index et de Références Old School » (NdT)]. OSRIC aura pu avoir la première place, mais un détail l’empêche : il ne s'agit pas d'un produit.
N°4, l’Imprononçable : SLA Industries
On a fait des choses vraiment horribles à la langue anglaise et aux caractères utilisés pour écrire des titres de jeux. L'interminable histoire d'amour avec les deux points [cf. les JdR de White Wolf - <nom de ce qu’on joue> :<quelque chose d’autre> (NdT)] et les esperluettes [&] a duré bien au-delà des limites du bon goût. Il y a aussi les inepties inutiles comme le petit « o » en l'air de C*ntinuum (que je ne peux même pas écrire sur ce blog), l'inversion des minuscules dans deadEarth, le signe du dollar dans Vampire$. Ou encore le cercle jamais expliqué dans le nom de Mark Rein-SPLAF-Hagen (1).
Chères autrices, chers auteurs de jeux de rôles, arrêtez ça : c'est incroyablement barbant, et c'est aussi une mauvaise affaire. Qui veux choisir un jeu dont on ne peut pas lire le nom, ou qu’on a du mal à prononcer ? Le pire contrevenant est le jeu qui vous oblige à prononcer les choses de manière incorrecte pour qu'il fonctionne. Le mot SLA ne se prononce « slaiye » dans aucun univers [slay : « tuer, massacrer » (NdT)] : ça ressemble à un « A » dur, ça se prononce comme un A dur. Au mieux, il pourrait s'agir de SLAW Industries, ce qui pourrait expliquer le type avec la citrouille sur la tête [jeu de mots intraduisible sur les nombreuses variantes de la salade américaine aux choux – ‘coleslaw’, ‘slaw’ – dont une est préparée avec de la citrouille (NdT)].
Imprononçable, 2e place : HOL, à moins qu'il ne s'agisse d'une parodie délibérée de SLA ce qui est tout à fait plausible. [L’acronyme fastidieux est pour Human Occupied Landfield – « le dépotoir occupé par des humains »] Le fait que le son ressemble à un trou [‘hole’ (NdT)] était simplement rasoir. Toutes les personnes que j'ai rencontrées font rimer ce nom avec ‘toll’ [« péage » (NdT)]. Allez savoir : c'était peut-être ça, la blague.
N°3, le Pas-du-tout-vendeur : Underground
[« Souterrain »]
Alors, imaginez le meilleur décor cyberpunk que vous ayez jamais vu. Un univers construit sur les principes de satire politique et sociale, un peu comme si [les comics] Transmetropolitan et Judge Dredd s'étaient mariés et avaient eu un bébé doté de super-pouvoirs.
Et il se moque aussi du jeu de rôle, mettant les PJ dans la peau de super-héros cybernétiques conçus pour la guerre, routards du crime [murder hobboes] lâchés dans la rue, avec rien d'autre à tuer que des passant.es - mais de façon subtile et discrète, contrairement à d'autres JdR satiriques comme Violence et Power Kill. Et plus facile à jouer. Et intelligent. Et sexy. Et avec des règles géniales.
Maintenant, nommez-le Underground. Alors, ça évoque des taupes ? De la musique alternative ?
Pas-du-tout-vendeur, 2e place : Feng Shui. Au bout d’un bon moment, la plupart des gens comprennent qu'il ne s'agit pas de déplacer des meubles. Au bout d’un bon, long moment…
N°2, l’Objet Inanimé : The Window
[« La Fenêtre »]
D'accord, je suis peut-être injuste. The Window rpgnet est un système de jeu générique, donc il n’y a pas d'idée géniale d’univers à caser dans le titre. The Window est aussi gratuit, donc il n’a pas besoin d'essayer de se vendre. C’est une métaphore sur une fenêtre qui donne dans le drame ou la narration.
Mais désolé, ça ne suffit pas. Qu'il s'agisse d'un système générique n'est pas une excuse pour lui donner le nom d'un objet inanimé. Même un moteur de jeu mérite un bon nom. Comme The Amazing Engine. Ça marche. d20 est succinct et clair, et ne me donne pas l'impression que les suites s'appelleront Porte et Mur.
Il y eut, bien sûr, un JdR appelé The Ladder [‘l’Échelle’] mais c’est justifié par le recours à une échelle de dés. The Window ne se justifie pas du tout, mais fait (ironiquement) un usage intensif d’une échelle.
Objet Inanimé, 2e place : Burning Wheel. C’est vraiment de la publicité mensongère. Il n’y a pas de voiture rapide, pas de course-poursuite, et les règles ne fournissent pas grand-chose pour les duels de chars antiques. La roue [‘wheel’] est vaguement évoquée comme faisant partie du système, un peu comme l'échelle [ci-dessus], mais sans grande conviction.
NdT : et si vous cherchez à vendre votre jeu, optez pour une chouette couverture évocatrice et qui donne envie...
Du coup, on a l'impression que ce jeu a été nommé en utilisant un générateur aléatoire. Deux jets de plus, et ça aurait pu être le banana fisting [il ne s’agit pas d’une pratique rôliste ; PTGPTB vous déconseille de taper ce terme dans un moteur de recherche (NdT)]. Je jouerais bien à ça.
N°1, « Oh, Mon Dieu, personne n’a pensé à corriger çà ? » Panty Explosion
[« Explosion de Petite Culotte »]
Vraiment ?
Il a maintenant un nouveau nom [Tokyo Brain Pop (NdT)], parce qu'évidemment… Je sais qu’il est facile de juger après coup, mais on peut aussi réfléchir à l’avenir de temps à autre. Essayer de distinguer les différentes possibilités. L'une d'entre elles est le choc d’un TGV dans la tête de celles et ceux qui jouent bêtement sur les voies.
« Oh, Mon Dieu, personne n’a pensé à corriger ça ? » - 2e place : Country Matters est un supplément pour [le JdR de Super-Héros] Silver Age Sentinels. C'est aussi du vieil argot pour « baiser », rendu célèbre par Hamlet, l’oeuvre la plus célèbre de tous les temps. Ce livre traite aussi de super-héros féminins : les lettres C, U, N et T figurent très clairement dans le titre [‘cunt’ = « chatte » en beaucoup plus grossier (NdT)].
Est-ce mieux ou pire que l'examen gynécologique du supplément Savant & Sorcerer pour Exaltés ? À vous de voir. Quand même, je voudrais souligner que dans les Royaumes Oubliés, rien ne semble avoir été oublié…
NdT : et c'est ainsi que les éditeurs luttent contre l'image du rôliste mâle célibataire et obsédé sexuel...
Oh, une dernière chose : personne n'a jamais, jamais, appelé Denver « la Cité des Ombres » (2). Et personne ne le fera jamais, peu importe ce qui est décrit dans l’univers du jeu.
Article original : The Five Worst-Named Products in Roleplaying
(1) NdT : Mark Rein•Hagen est avant tout connu pour avoir créé Vampire : la Mascarade. Pour une explication du point médian au milieu de son nom composé, il aurait dit (dans une citation dont nous n’avons pas pu déterminer la véracité) : « C’est dénué de sens, et symbolise la vacuité des étiquettes que nous nous assignons ». [Retour]
(2) NdT : le surnom de la capitale du Colorado est ’Mile-High City’, parce qu’elle est officiellement à un mile (1609 m) d’altitude. [Retour]
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