La Démographie médiévale facile

présente : Des chiffres pour les mondes médiévaux-fantastiques

Note : la première version de cet article est parue pour la première fois sur le site de notre traducteur Antoun, qui nous en a fait cadeau, ce dont nous le remercions.

Il existe de nombreux types de mondes médiévaux-fantastiques, des puristes de la simulation médiévale aux royaumes les plus merveilleux de la high fantasy, avec leurs châteaux d’albâtre et leurs jardins de joyaux, plutôt que la classique misère boueuse.

Mais au-delà de toutes ces différences, ils ont en commun un même élément essentiel : les gens ordinaires. La plupart des mondes médiévaux, si bizarres ou magiques soient-ils, ne s’en tireraient pas sans une bonne dose de paysans, de marchands, de princes querelleurs et de gardes du palais. Regroupés en villages ou peuplant les villes, ils sont le décor humain de l’aventure.

Pourtant, de nombreux mondes, qu’ils soient faits maison ou par des professionnels, manquent de cohérence quand ils en viennent aux gens normaux et à leurs commerces. On y voit souvent des villages de 400 campagnards avec une douzaine de tavernes et un bordel, sans le moindre réalisme économique. Et quand ce genre de chose paraît dans un supplément officiel, cela devient un lieu commun repris partout ailleurs.

Bien sûr, faire les recherches nécessaires pour savoir si l’on trouve facilement une grande ville ou un château, ou combien il peut y avoir de cordonniers dans un bourg, peut prendre un temps que n’ont pas tous les MJ. C’est pour arriver à des mondes plus plausibles et plus satisfaisants que j’ai préparé cet article.

Les données présentées sont un condensé de diverses sources historiques, en se concentrant sur les résultats plutôt que sur les milliers de détails qui ont permis de les atteindre. Les règles de calculs que je donne sont à prendre comme une base d’où il faudra s’écarter au besoin, pas à couler dans le bronze. J'ai suivi mes préférences de fantasy et me suis concentré sur une version plutôt développée du Moyen Âge - je me suis librement servi dans les données sur l’Angleterre, la France, l’Allemagne et l’Italie, du XIe au XVe siècle. Quand il y avait besoin d’un chiffre « par défaut » plutôt que d’une moyenne, j’ai généralement choisi la France du bas Moyen Âge comme bon modèle d'un univers de fantasy traditionnel. Divisez les chiffres par deux, doublez-les, bidouillez-les pour obtenir la sensation que vous cherchez. J'ai inclus des indications sur la façon d'arranger les chiffres pour obtenir ce que vous cherchez.

La densité de population : combien d’habitants dans ce royaume ?

A moins que le royaume ne soit plutôt récent, il est sans doute criblé de villages, distants de moins d’une lieue, couvrant chaque pouce de terrain (cultivable). C’est un schéma différent de celui de bien des mondes fantastiques du commerce, qui montrent souvent des villages isolés par des milles de terres sauvages et pleines de monstres. Il faut souligner en particulier que des communautés agraires à l’échelle du village ne sont absolument pas auto-suffisantes ; les villages ne fonctionnent que dans le cadre de vastes réseaux.

La seule exception notable sont les marches, les régions à la frontière de la civilisation, où des bourgades isolées n’ont pas d’autre choix que d’exister. Mais elles tendront à être grandes et entourées de remparts - des gens serrés les uns contre les autres pour se protéger. Sur les frontières, la nourriture et les marchandises sont plutôt livrées par des caravanes que produits par l’agriculture locale. C’est encore plus vrai quand l’ « autre côté » est peuplé de monstres !

La densité moyenne de population va de 10 personnes par kilomètre carré (pour des pays à la fois montagneux, pluvieux et glacés - ou dirigés par un Roi Fou esclavagiste) jusqu’à une limite un peu en dessous de 50, pour des contrées à la terre généreuse et à la météo clémente. Aucune terre n’est laissée à l’abandon si on peut s'y installer et la cultiver.

Il y a de nombreux facteurs qui déterminent la densité de population, mais aucun n’est aussi important que la fertilité du sol et le climat [et sur ces terres favorisées, l’ancienneté du peuplement]. Si les semences croissent, la population croîtra aussi. Au besoin, la densité exacte peut être tirée au hasard, et la qualité de la terre sera induite du résultat. Un jet de 6d4, multiplié par 2, fera très bien l’affaire. Vous pouvez descendre jusqu'à 2d4 pour représenter un pays bien moins développé, ou des royaumes dépeuplés par les invasions, les épidémies et d'autres calamités. Les nations touchées par de tels troubles peuvent rester sous-peuplées pour des centaines d'années, sauf afflux d'immigrants; en effet l'accroissement naturel de la population est très lent dans les mondes pré-industriels.

Quelques comparaisons historiques : avec une densité de 40,6 habitants au km², la France du XIVe siècle est en tête de liste. Les Français bénéficiaient d’une abondance de terres fertiles, n’attendant plus qu’à être cultivées. La France d’aujourd’hui compte plus de deux fois plus de monde [une densité de 109]. L’Allemagne, avec un climat moins favorable et une plus basse proportion de terres arables, tournait autour de 33,6. L’Italie était similaire (de nombreuses collines et zones montagneuses), à 33,2. les Îles Britanniques étaient les moins peuplées, avec seulement 16,2 habitants au km², pour la plupart regroupés dans la moitié sud.hex

Hexagones : il peut être important pour certains MJ se servant de cet article de savoir quelle surface de terrain il y a dans une zone hexagonale. Pour déterminer la surface d’un hexagone, multipliez sa largeur par 0,9305347 et faites le carré du résultat. Donc, si votre carte a des hex. de 50 km de large, cela fait des cases d’environ 2165 km².

50 km est une distance pratique, car c'est une bonne approximation pour une journée de voyage à pied ou à cheval.

Mettez un de ces hexagones en pleine Allemagne médiévale, il nourrira en moyenne 73 000 personnes.

 

Bourgs et villes : combien de gens dans ces murs ?

Pour les besoins de cet article, les habitats sont divisés en villages, bourgs, villes et grandes villes.

 

Les villages vont de 20 à 1 000 personnes; les villages typiques ont entre 50 et 300 habitants. La plupart des royaumes en comprendront des milliers. Ce sont des communautés agraires bien à l’abri des limites de la civilisation. Ils fournissent l’alimentation de base et la stabilité des terres dans un système féodal. On parle de hameau (1) pour un tout petit village, en particulier s’il est éloigné de la paroisse.

Les bourgs (2), ou petites villes, de 1 000 à 8 000 habitants, avec une moyenne autour de 2500 habitants. Culturellement, ce sont les équivalents des petites villes qui bordent les nationales d’aujourd’hui. Villes et bourgs tendent à n’avoir des murailles que s’ils sont fréquemment menacés.

Les villes moyennes, entre 8 000 et 12 000 habitants, avec une moyenne au milieu de la fourchette. Un grand royaume typique n’aura que quelques villes de cette taille. Les centres d’études supérieures (les universités) se trouvent dans ce type de ville, les seules exceptions ayant trouvé à s’épanouir dans une grande ville.

Les grandes villes (3), de 12 000 à 100 000 personnes, avec quelques villes exceptionnelles dépassant cette échelle. Des exemples historiques : Londres (25-40 000 habitants), Paris (50-80 000), Gênes (75-100 000) et Venise (plus de 100 000). Moscou au XVe siècle dépassait les 200 000 habitants !

Les grands centres de population (à toutes les échelles) sont des centres de circulation. Les bordures côtières, les cours d’eau navigables et les routes commerciales terrestres forment un entrelacs d’artères commerciales, aux carrefours desquelles poussent bourgs et villes. Plus l’artère est importante, plus le bourg le sera. Et quand plusieurs grandes artères convergent, cela donne une ville importante. Les villages se répartissent densément l’espace entre ces grandes agglomérations.

Extension géographique de la population

Bon, vous connaissez maintenant la taille et la population de votre royaume.. Combien cela vous fait-il de citadins, et combien de villes ? Combien vivent à la campagne ?

  • Commencez par déterminer la taille de la plus grande ville du royaume. Elle est égale à P x M, avec P qui est la racine carrée de la population du royaume, et M un coefficient tournant autour de 15 (ou un jet de 2D4+10).
  • La deuxième plus grande ville fera entre 20 et 80% de la taille de la plus grande. Déterminer cela en lançant 2d4x10 % (moyenne 50%)

  • chaque ville suivante sera de 10% à 40% plus petite que la précédente (2d4x5% - en moyenne 25%); continuez à ajouter des villes à la liste jusqu’à atteindre moins de 8 000 habitants.

  • pour déterminer le nombre approximatif de bourgs, faites la somme du nombre de villes, et multipliez par 2d8 (moyenne 9)

Ajustement du nombre de bourgs: le ratio bourg/villes ci-dessus présume l'existence d'une communauté marchande active et importante.

Historiquement, le nombre de chartes urbaines fut multiplié par 10 dans de nombreux pays européens, tandis que des évolutions économiques remodelaient l'organisation agraire en quelque chose de plus solide et mercantile. Si votre monde a sa part évidente de marchands, roublards et autres classes urbaines (comme la plupart des mondes), lancez les 2d8 ci-dessus ou même plus. Vous pouvez ajouter 50% de bourgs pour un monde fantastique à la veille de la Renaissance. Mais diminuez-le beaucoup pour un monde du type pré-croisades.

Si le commerce n'est que local, il n'y aura pas beaucoup plus de bourgs que de villes; continuez simplement la réduction de taille des villes de 10 à 40% afin de créer une liste de villes et de bourgs.

Pour un monde en transition entre ces extrêmes, trouvez un facteur moyen qui vous convient.

  • Le reste de la population vit dans des villages, hameaux, demeures isolées ou des regroupements de huttes trop petits pour être appelés des villages, ou encore sont des travailleurs itinérants ou des errants vivant sur les routes.

Un exemple : le royaume de Chamlek

carte de ChamlekChamlek est un petit royaume insulaire de quelque 230 000 km² [soit la superficie de la Grande-Bretagne], avec un bon climat et juste quelques collines rocheuses émergeant d’une campagne bien arrosée. Sa population est d'un peu plus de 6,6 millions, pour une densité moyenne de 29 personnes au km² (un tirage au dé moyen).

En utilisant les formules ci-dessus (et des valeurs moyennes), on peut déterminer les données suivantes sur Chamlek : la plus grande ville de Chamlek, - Restagg-, a une population de 39 000. Les principales villes sont ensuite Volthyrm (19 000), McClannach (15 000), Cormidigar (11 000) et Oberthrush (8 000).

Il y a en tout 5 villes et 45 bourgs, avec une population urbaine totale de plus de 200 000 personnes (soit 3% de la population du royaume). Cela donne une distance moyenne de 130-140 km entre deux villes (soit trois ou quatre jours de voyage à pieds). Le reste est rural - il y a environ un centre urbain tous les 4700 km². Si nous avions utilisé la méthode correspondant au début du Moyen Âge, il n'y aurait que 7 villes-bourgs (un centre urbain tous les 19700 km².

Commerces et services

Dans un village de 400 habitants, combien d’auberges et de tavernes est-il réaliste de mettre ? Pas tellement. Peut-être même pas une seule. Quand ils traversent la contrée, les personnages ne devraient pas tomber sur un bien pratique panneau annonçant « Motel : Canal+ et piscine gratuite » toutes les trois lieues. La plupart du temps, ils devront camper ou chercher à loger chez l’habitant.

Du moment qu’ils sont amicaux, la seconde option ne devrait pas poser de problème. Un fermier peut vivre toute sa vie au même endroit, il accueillera donc avec plaisir des nouvelles du monde ou des récits d’aventure, sans même parler de l’argent que les héros peuvent offrir.

J’ai donné un ratio d’entretien (RE) à chaque type de commerce. C’est le nombre de gens qu’il faut pour faire vivre un commerce de ce type. Par exemple, le RE des cordonniers (de loin le commerce le plus répandu dans les villes) est de 150. Cela veut dire qu’il y aura un cordonnier toutes les 150 personnes dans la région. Ces chiffres peuvent varier jusqu’à 60% dans l’un ou l’autre sens, mais ils donnent une base utile au MJ. Réfléchissez à la nature du bourg ou de la ville pour décider si les chiffres ont besoin d’ajustement. Un port, par exemple, aura plus de poissonniers que ce qu’indique la table.

Pour trouver le nombre, disons, d’auberges, dans une ville, divisez la population de la ville par le RE des auberges (2 000). Pour un village de 400 personnes, cela donne seulement 20% d’auberge ! Ce qui signifie qu’il n’y a que 20% de chances qu’il y en ait une. Et même s’il y en a effectivement une, elle sera plus petite et moins chic qu’une auberge urbaine. Le RE des tavernes est 400, il n’y aura donc qu’une seule taverne.

Commerce RE   Commerce RE
Cordonniers 150   Bouchers 1200
Fourreurs 250   Poissonniers 1200
Servantes 250   Brasseurs 1400
Tailleurs 250   Fabricants de boucles 1400
Barbiers 350   Plâtriers 1400
Joailliers 400   Marchands d’épices 1400
Tavernes/Restaurants 400   Forgerons 1500
Fripiers 400   Peintres 1500
Pâtissiers 500   Médecins* 1700
Maçons 500   Couvreurs 1800
Charpentiers 550   Serruriers 1900
Tisserands 600   Garçons de bains 1900
Chandeliers 700   Cordeliers 1900
Marchands de tissus 700   Auberges 2000
Tonneliers 700   Tanneurs 2000
Boulangers 800   Copistes 2000
Porteurs d’eau 850   Sculpteurs 2000
Fabricants de fourreaux 850   Tapissiers 2000
Marchands de vins 900   Bourreliers 2000
Chapeliers 950   Blanchisseurs 2100
Selliers 1000   Marchands de foin 2300
Volaillers 1000   Couteliers 2300
Faiseurs de bourses 1100   Gantiers 2400
Marchands de bois 2400   Graveurs sur bois 2400
Magasin de magie 2800   Enlumineurs 3900
Relieurs 3000   Libraires 6300
* Ce chiffre est pour les médecins diplômés. Le RE total des soigneurs (barbiers, rebouteux, infirmiers, étudiants recalés...) est de 350.

Quelques autres chiffres : il y aura un domestique au service de la noblesse pour 200 personnes, un avocat pour 650, un clerc séculier (vicaires, étudiants, bedeaux, etc., mais cela n'inclut pas les moines) pour 40 et un prêtre pour 25-30 clercs.

Les commerces non listés ici auront sans doute un RE entre 5 000 et 25 000 ! Le « magasin de magie » est une boutique où les sorciers peuvent acheter des ingrédients de sort, du papier pour parchemins et ce genre de fournitures, pas un endroit où l’on trouve des épées magiques sur les présentoirs.

Agriculture

Au niveau technologique médiéval, un kilomètre carré de terre habitée (en comptant les routes, villages et bourgs) peut nourrir 70 personnes. Ce chiffre prend en compte les parasites, les rats, les sécheresses et les vols, qui sont tous communs à de nombreux mondes. Si la magie est courante, le MJ peut décider qu’un km² de terre agricole peut nourrir beaucoup plus de monde. Notez bien que ce chiffre n’est pas la densité de population maximale d’un royaume.

Une fois que vous avez décidé de la capacité de la terre à nourrir ses habitants, vous pouvez déterminer la quantité de terres sauvages ou non cultivables dans le royaume, en travaillant à l’envers. Reprenons l’exemple de Chamlek, le royaume insulaire de 230 000 km² . Avec un kilomètre carré pour nourrir 70 personnes, cela signifie qu’il y a quelque 94 300 km² de terres agricoles - à peu près 41% de la taille totale de l’île. Cela donne un exemple de la dispersion réelle de la population. Les 60% restant sont des terres sauvages, des rivières ou des lacs.

Même si Chamlek avait la densité de population maximale (45 habitants au km²), la surface agricole ne dépasserait pas un énorme taux de 66% du royaume, laissant un tiers du pays aux terres incultes (principalement des forêts vallonnées entre les fermes) et des cours d’eau. C’est le maximum atteint sur Terre, bien que de plus hauts taux soient théoriquement possibles si le MJ décide que le pays entier est cultivable.

Bien que la distance moyenne entre les foyers de population puisse être calculée à partir de la surface totale, il est plus réaliste de déterminer la longueur moyenne de voyage d’un village à l’autre en se basant sur la seule terre agricole.

Ainsi, à Chamlek, la distance moyenne d’un village à l’autre n’est pas 5,7 km, comme la surface totale du royaume le suggérerait*, mais plutôt quelque chose comme 3,6 km (d’après la seule surface cultivée) - moins d’une heure de marche. Ceci parce que villages et bourgs ont tendance à s’agglutiner le long des axes de voyage entre les villes - laissant de grands espaces vides au milieu.

* Comment ça marche -

S. John Ross considère que les villages sont chacun au centre d’un hexagone. Il divise donc la surface totale par le nombre de villages, ce qui lui donne S, la surface de l’hexagone du village moyen. La distance au village voisin est la largeur de l'hex, soit ÖS / 0,9305347. Cela se défend si l’on considère qu’une disposition en cercles donnerait des recoupements, tandis que des carrés feraient des villages trop bien rangés.

Châteaux

Bien, maintenant nous avons tout compris sur la disposition des terres cultivées, des villes et des fermes. Ce qui est plus cher au cœur de l’aventurier, cependant, c’est le château, ou, mieux encore, le château en ruines. Encore une fois, combien devrait-il y en avoir ?

Pour commencer, le nombre de ruines dépend de l’âge de la région. La formule qui suit n’est qu’un vague guide. La fréquence des ruines en Europe varie beaucoup selon l’histoire militaire et la position stratégique de la région. Pour avoir un ordre de grandeur, divisez la population du royaume par 5 millions, et multipliez le résultat par la racine carrée de l’âge du royaume. Si ce royaume a beaucoup changé de mains, utilisez l’âge total - le nombre d’années depuis lequel un peuple bâtissant des châteaux y habite, quelle que soit la lignée de la famille royale actuelle.

Chamlek, notre royaume insulaire, a aujourd’hui 6,6 millions d’habitants. Il est peuplé de bâtisseurs depuis 300 ans et a donc 22,86 forts ou châteaux en ruines, soit pour sûr 22 châteaux et 86% de chance pour qu’il y en ait un 23e.

Les châteaux en activité sont beaucoup plus courants ; les ruines sont rares parce que les plus solides d’entre elles sont constamment remises en service ! Comptez un château en fonctionnement pour 50 000 personnes. L’âge du royaume n’est pas vraiment un facteur. Chamlek aurait donc 133 châteaux actifs de diverses tailles.

75% de tous les châteaux seront dans les zones civilisées d’un royaume. Le quart restant sera dans les terres sauvages, aux frontières, etc.

Le rôle de ces châteaux dépend trop de chaque monde pour pouvoir être réduit à une formule. La plupart marqueront les possessions de ducs ou de barons, mais certains peuvent être des repaires de brigands ou les avant-postes de seigneurs de la guerre gobelins. Tout repose sur les épaules du MJ.

Divers

Taille des villes : bourgs et villes du Moyen Âge couvrent un kilomètre carré pour 15 000 personnes, en moyenne. Ce qui fait une densité de 150 à l’hectare ; la ville typique de 10 000 habitants occuperait donc 67 hectares - à peine une ville d’après les normes modernes, que ce soit en termes de population OU de taille. Certaines très grandes villes peuvent avoir jusqu’au double de cette densité.

Maintien de l’ordre : une ville médiévale bien tenue aura un agent de l’ordre (garde, milicien, etc.) pour 150 citadins. Les villes négligées peuvent n’avoir que la moitié de ce nombre. Quelques rares villes en auront plus.

Établissements d’enseignement supérieur : il y aura une université pour chaque 27,3 millions de personnes. Ceci doit être calculé par continent, pas par ville ! Ce chiffre est celui des universités savantes, pas de celles dédiées aux arts magiques. Savoir si les universités de magie sont des institutions séparées, et quelle est leur fréquence, ne dépend que de la décision du MJ.

Animaux de ferme : le nombre total des bêtes d’élevage est 2,2 fois la population humaine, dont 68% de volaille (poulets, oies et canards). Le reste sera du bétail élevé pour le lait et la viande : les porcs sont d’excellentes bêtes à viande, parce qu’ils mangent moins et ne sont pas difficiles. Les moutons seront très courants si la région a un marché de la laine (comme l’Angleterre médiévale, dont l’économie reposait sur la laine). Vaches, bœufs et taureaux élevés pour le travail des champs et le lait apparaîtront à l’occasion, mais nourrir des bœufs uniquement pour la viande est un luxe que seules les régions les plus prospères peuvent s’offrir.

 

Bibliographie

NdT: Le seul ouvrage disponible en français cité par S. John Ross est le classique d’Henri Pirenne, Les Villes du Moyen Âge (PUF, 1992), dont la première publication remonte à 1929.

Téléchargement - Pour faire automatiquement tous les calculs, téléchargez le fichier Excel reprenant tous les chiffres de cet article (100 ko).

Ce fichier a été créé par Marcus L. Hulings, puis traduit et adapté par Antoun.

La liste des RE est tirée (principalement) du registre fiscal de Paris en 1292, recoupée avec d’autres sources pour plus d’exactitude. On peut trouver cette liste dans Life in a Medieval City de Joseph et Francis Geis (Harper and Row, 1981). C’est un bon livre fait par des historiens amateurs, qui comprend de fascinantes descriptions de la vie et de l’organisation d’une ville médiévale. Parmi les autres livres consultés, citons :

The Castle Story, par Sheila Sancha (Harper Colophon). The Medieval Town, par John H. Mundy and Peter Riesenberg (Robert E. Krieger). The Medieval Town, par Fritz Rörig (University of California Press).

Medieval Regions and Their Cities, par Josiah Cox Russel (David & Charles press).


Notes du traducteur

Ces notes sont établies grâce à l'aide de Laurence Guérin et à partir du Lexique Historique du Moyen Âge dirigé par René Fédou (Armand Colin, 1980), du lexique La Société médiévale d'Agnès Gerhards (MA éditions, 1986) et de La France au XIIIe siècle de Marie-Thérèse Lorcin (Nathan, 1981)

(1) NdT : J'ai ici adapté le texte de Ross qui parle de hameau (hamlet) pour un village cultivant des vergers plutôt que des champs de céréales. Ross extrapole peut-être à partir du fait que l'habitat est plus dispersé dans les régions de bocage et donc de vergers. [Retour]

(2) NdT : Je prends ici le mot dans un usage plutôt moderne. Au Moyen-Âge, l'usage varie selon les régions. A l'origine et dans les régions germaniques, un burg est un lieu fortifié de refuge, de préférence sur une éminence ; ailleurs en Europe, on trouve des bourgs castraux nés à côté d'un château et des bourgs monastiques ou épiscopaux qui se développent près d'un monastère ou du siège d'un évêché. Dans l'ouest de la France, il est créé sur de nouveaux défrichements (bourgneuf, villeneuve) Enfin, dans les îles britanniques, un burgh est une forteresse royale dotée de privilèges particuliers. [Retour]

(3) NdT : Ross cite aussi pour ces grandes villes le terme de "supercity", il se réfère "tel que le disent les historiens des villes" Pour info, les démographes médiévaux français parlent de grande ville à partir de 10 000 habitants (4 à 10 dans le royaume de France au XIII° siècle), de ville de première importance au-delà de 20 000 habitants (8, sans compter Lyon et Metz qui dépendent alors du Saint Empire Romain Germanique) et de ville mondiale pour, en Europe occidentale, les seules Paris (peut-être 200 000 habitants vers 1300), Milan, Venise et Florence. [Retour]

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Pour aller plus loin… panneau-4C

Cet article est inclus dans l'e-book n°24 : Peindre un univers fictif réaliste

Un programme qui génère toutes ces informations, plus le nombre de marchands et de gardes dans la cité, une fois qu'on a indiqué le climat et l'étendue du royaume : The Doomesday Book.

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Commentaires

Un article génial, très intéressant. Un grand bravo à son auteur et un grand merci au(x) traducteur(s).

Auteur : 
Weusdesforges

Enfin un peu de texte avec des tables et des chiffres !

Cela change des sites où il n'y a que des calculs automatiques. On va pouvoir faire notre propre soupe !

Auteur : 
Shovan

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