Parlez-moi d'amour (6-10)

Vous pouvez retrouver la première partie de Parlez-moi d’amour ici.

Sixième partie
Veux-tu m’épouser ?

Quand deux personnes tombent amoureuses, s’ensuit généralement l’envie de se marier. Qu’elles le veuillent pour simplement officialiser leur union, pour bénéficier de droits accordés aux couples mariés ou pour des raisons religieuses, cette petite cérémonie officielle a son importance.

Si deux personnages de JdR tombent amoureux, il est logique qu’arrive aussi un jour où ils veulent se marier. Pourtant parfois, le mariage semble encore plus dur à mettre en scène dans votre partie qu’une simple romance. Après tout, c’est un engagement majeur et cela pourrait changer la dynamique de la campagne, ce qui peut être à la fois génial et embarrassant.

Il faut tenir compte de nombreux éléments quand on insère le thème du mariage dans une campagne. Nous commencerons donc par la demande en mariage et aborderons ensuite les mariages eux-mêmes.

Avant d’aller plus loin, laissez-moi insister sur une chose : comme dans la vie réelle, le mariage entre personnages ne devrait jamais être pris à la légère. Vous ne devriez pas l’ajouter à la campagne pour le simple plaisir de la chambouler ou bien sur un coup de tête, et il ne devrait certainement pas en être question si les personnages ne se fréquentent que depuis la dernière séance de jeu. Si le mariage semble incongru ou gratuit, ne le faites pas.

Le mariage entre personnages-joueurs

Le mariage entre deux PJ devrait d’abord être amené par les joueurs concernés. Dans la plupart des cas, il vaudrait mieux que les joueurs en discutent entre les séances. Ainsi, lorsque la question sera mise sur le tapis, le reste du groupe sera surpris – mais pas eux. Nous avons tous vu ces vidéos YouTube horriblement gênantes, où un gars fait sa demande en mariage dans un grand lieu public, et où la femme panique et s’enfuit, plantant le prétendant comme un crétin dans la foule, seul avec l’alliance. Vous n’avez pas besoin de ce genre de “grand moment de solitude” à votre table de jeu.

Les PJ prévoyant de se marier doivent-il mettre leur MJ au parfum ? Peut-être. Vous devriez assez connaître votre MJ pour savoir comment il réagira à ce genre de nouvelles. S’il est rompu aux joueurs imprévisibles qui sabotent ses plans, et qu’il l’accepte, vous devriez pouvoir faire comme d’habitude. Mais si vous pensez que le fait que les PJ se passent la bague au doigt aura des implications importantes sur la campagne, faites-lui valider ça d’abord.

Quant au MJ, peut-il être à l’origine du mariage des PJ ? Oui, en jouant le rôle d’un des parents d’un personnage et en les pressant d’officialiser la situation, que ce soit pour sauvegarder les apparences ou pour des raisons politiques. Peut-être le duc est-il lassé de recevoir des demandes de prétendants pour sa fille ? Auquel cas il lui expliquera tout simplement que cela faciliterait la vie de tout le monde si elle et son compagnon se fiançaient. Ou bien le groupe est en route vers un pays lointain et leur guide leur explique que les couples non-mariés n’ont pas le droit d'y partager la même chambre ou de protéger les affaires de l’autre – s’ils veulent s’assurer d’être ensemble et de pouvoir se soutenir mutuellement, le mariage sera leur sésame.

Mariage entre PNJ et PJ

Quand le MJ interprète la moitié de l’heureux couple, il ferait mieux d’être impliqué s’il est question de mariage. Surprendre le MJ est une chose, lui balancer tout de go une demande en mariage pour son PNJ paladin en est une autre. Parlez de cette demande à votre MJ, comme vous le feriez (ou au moins devriez le faire !) au sujet de tout élément majeur qui affecterait votre personnage et l’un des siens.

Vous êtes le MJ ? Comme toujours, il est important de connaître votre groupe. Si le joueur et vous avez établi une relation de confiance stable et sérieuse entre vos personnages, vous devriez pouvoir gérer cela – et il est probable que le joueur se demandera pourquoi il a fallu si longtemps pour que le PNJ mette les choses au clair ! Cependant, si vous savez que le joueur en question n’apprécie guère les grosses surprises, parlez-en avec lui au préalable.

En public ou en privé ?

Selon le style et l’intensité romantique de votre campagne, les demandes en mariage peuvent se produire à la table de jeu ou en dehors. Avec une demande en public, vous avez encore ce facteur de gêne potentielle – même si la réponse est “oui”, un moment aussi intime gêne généralement ceux qui en sont témoins, fussent-ils des amis proches. Il serait sans doute préférable pour les personnages concernés d’annoncer simplement au reste du groupe “Nous avons décidé de nous marier” plutôt que l’un des joueurs mette un genou à terre pour interpréter son personnage. D’un autre côté, si la demande en mariage a pris son temps pour venir et que le groupe est très soudé, une demande faite aux yeux de tous pourrait être agréable. Cela entraîne généralement nombre de félicitations, de toasts et de réjouissances. Qui n’aime pas ça ?

Si les joueurs et/ou le MJ veulent jouer la demande en roleplay, mais estiment qu’elle ne serait pas abordée devant les autres PJ, une séance privée est un bon moyen de réunir le meilleur des deux mondes. Cela peut même se produire en cours de jeu, si les joueurs concernés veulent juste passer dans une autre pièce pour quelques minutes puis revenir et l’annoncer aux autres.

Maintenant que nous avons découvert comment aborder le sujet du mariage et que nous sommes débarrassées de la demande en mariage, c’est l’heure de la cérémonie !

Sélection de commentaires

Sean Holland

Mes personnages se sont mariés à de nombreuses reprises mais généralement au moment où ils se retiraient de la “vie active”. Dans au moins un cas, ce fut le mariage qui décida le personnage à arrêter sa carrière d’aventurier. Mais avoir une famille et un foyer vous donne également une bonne raison de donner un coup de main quand il s’agit de sauver le royaume.

Morten Greis

J’ai plusieurs fois utilisé le mariage comme défi pour mes joueurs. Pour un de mes groupes, lorsque les PJ sont revenus de leur première escapade, le père de l’un des personnages a exigé que son enfant se marie au lieu de partir à l’aventure. Le personnage s’est alors enfui de sa maison, aidé de ses compagnons – et le joueur a découvert quelque chose sur le jeu de rôle : tous les défis ne se résolvent pas avec une épée.

Récemment, deux personnages se sont mariés. C’était un pur mariage d’intérêt où l’un gagnait une position diplomatique tandis que l’autre se débarrassait de la tutelle de ses parents. Mais ce qui rendait ce mariage amusant, c’était que l’un des mariés était amoureux d’un autre membre du groupe qui ne lui retournait pas son affection. En fait, la joueuse décida que son personnage était amoureux de l’autre lorsqu’elle découvrit qu’il était insensible aux attentions extérieures, et que cela ajouterait quelques scènes hilarantes à la partie.

J’ai abordé certaines de ces scènes ici en.

Nous ne parlons généralement pas beaucoup “mariage” et les demandes en mariage surviennent parfois assez soudainement, que ce soit par les PJ ou les PNJ. Mais il n’est pas rare que les joueurs m’avertissent ; ainsi j’ai le temps de leur préparer quelques surprises. Nous n’avons jamais envisagé de jouer ces scènes en privé. Je pense que nous jouons de la manière totalement opposée : nous les interprétons en public pour que tous les autres joueurs y assistent, car ce sont de grands moments d’une histoire partagée – même si les personnages des autres joueurs ne sont pas présents, les joueurs le sont.

Septième partie
Cet accord béni

Vous avez donc vu comment vous débarrasser de votre demande en mariage. Il est maintenant temps pour les personnages d’officialiser le tout et de se caser.

L’option la plus simple et la plus rapide est de se tourner vers un édile ou de simplement demander au religieux ou à la religieuse du groupe, puis d’expédier le tout sans l’agitation d’un satané grand mariage (je sais que mon mari et moi aurions souhaité cela dans la vie réelle… mais c’est une autre histoire). Cela ne monopolise pas la séance et nécessite peu de roleplay et de travail. C’est une manière de se marier parfaitement légitime pour deux personnages et c’est sans doute la plus commune.

Mais, si vos joueurs et vous appréciez un luxe de détails et beaucoup de roleplay, pourquoi ne pas avoir ce foutu grand mariage ? Cela permet une pause agréable au milieu des activités régulières du groupe que sont l’exploration de donjons et le sauvetage du monde (1).

Donc, comment décidez-vous du fonctionnement d’un mariage de fantasy ? Quels en sont les us et coutumes ? Les épouses naines portent-elles du blanc ? Un gâteau de rêve est-il une option réaliste pour la réception ? Dans votre monde de jeu, c’est vraiment à vous de décider comment devrait se dérouler un tel mariage mais voici quelques idées pour vous aider à démarrer.

Coutumes raciales

Selon vous, quelles sont les chances que les mariages elfes et nains se ressemblent ? Proches de zéro, si vous voulez mon avis. Même si les deux races tendraient vers des cérémonies très sérieuses et solennelles, celles des nains se dérouleraient probablement dans une grotte, peut-être même devant une forge, et le couple pourrait marteler une lame à tour de rôle pendant qu’ils déclameraient leurs vœux. Les elfes se marieraient au grand air, dans la forêt, en communion avec la nature, proclamant leurs vœux tout autant à la terre qu’à leur promis(e). Une réception naine supposerait des flots d’alcool et des histoires égrillardes, tandis que les elfes prendraient un verre ou deux d’hydromel et danseraient gaiement avec les fées des bois [probablement en récitant des poèmes… (NdT)]. Les mariages halfelins et gnomes impliquent forcément plein d’amusement ; quant aux mariages demi-orques, ils pourraient être à la limite de la brutalité et de la rudesse.

Si les futurs mariés sont de races différentes, le défi de combiner les deux traditions s’ajoute à tout ça. Une cérémonie de mariage elfe peut certes sembler trop vieux-jeu pour le palefrenier humain mais sa promise pense à l’inverse que le type de mariage qu’il souhaite est trop décontracté. Comme dans la vie réelle, trouver un terrain d’entente pour réussir le mariage représente pour les époux à la fois un défi et un indice sur leur entente réelle.

Coutumes religieuses

La majorité des univers de jeu ont plusieurs, voire des douzaines de divinités que vos personnages peuvent vénérer. Si vos PJ ne sont pas trop dévots (ou apportent une vénération de façade au dieu qui les aidera le plus), ils peuvent opter pour une cérémonie civile, ou se rendre dans le temple d’un culte œcuménique et pas trop exigeant dans ses cérémonies de mariage. Par contre, pour un personnage croyant (en particulier s’il est dans les ordres), il faudra approfondir les traditions religieuses du mariage.

La déesse du commerce pourrait considérer le mariage comme un contrat commercial (liant les deux contractants, ne pouvant être brisé sauf dans les circonstances les plus extrêmes) et les mariages célébrés en son nom seraient plutôt des affaires sérieuses et officielles. Une cérémonie entre des fidèles du dieu de la chance serait légère et ressemblerait plus à une fête qu’à un mariage, avec moult danses et jeux de hasard. Si une prêtresse de la déesse du plaisir se marie, la cérémonie se déroulera probablement dans le plus simple appareil et la réception tournera vraisemblablement à l’orgie.

Quelques suppléments de jeu proposent des informations sur les traditions du mariage au sein de divers panthéons (le vieux Faith and Avatars wiki en et Powers and Pantheons grog pour les Royaumes Oubliés par exemple) mais, si vous ne pouvez pas trouver d’usages établis, il vous suffit de lire avec attention le dogme en question et de faire ce qui vous paraît le plus sensé.

Rien ne se déroule sans anicroche

Maintenant que vous avez déterminé les traditions et usages que la cérémonie de mariage devrait respecter, le plus dur est fait et le mariage peut se dérouler sans encombre, non ? Comme ceux et celles d’entre nous qui se sont mariés le savent, même le mariage le plus parfaitement planifié a ses petits désastres.

Bon, ne soyez pas une pourriture de MJ en ruinant le jour du mariage des personnages ! Il n’y a aucune bonne raison pour transformer une expérience de jeu amusante en quelque chose de malheureux. Ceci dit, peut-être que dans un mariage plein de roublards, l’alliance de la future épouse peut disparaître momentanément. Un groupe d’aventuriers rivaux peut s’inviter à la réception et causer un bref incident. Ou alors la réception peut être écourtée parce que l’aide du groupe est requise pour sauver des enfants kidnappés ou arrêter un raid gobelin. Ne choisissez pas systématiquement un événement fauteur de troubles – tirez-le au hasard, avec de faibles chances de se produire, et sans en faire un calvaire pour les personnages.

La chose la plus importante pour un mariage en jeu est son amusement, et que le couple heureux le reste. Avec juste un peu d’imagination et de créativité, vous pouvez transformer une simple séance de jeu en un souvenir dont vos joueurs parleront encore pendant des années.

Sélection de commentaires

Morten Greis

Tu abordes les coutumes raciales et religieuses mais qu’en est-il de la culture et des considérations politiques ?

Les elfes ne sont pas simplement des elfes, ils ont des cultures différentes et, par conséquent, des manières différentes de se marier. On peut dire la même chose de toutes les autres races, donc ce n’est pas simplement un élément racial, c’est également un élément culturel. Par exemple, dans l’une de mes campagnes, une de mes cultures pratique la polygamie donc de multiples épouses ne sont pas un problème.

Ensuite, les mariages sont importants d’un point de vue social et politique. Les personnages peuvent-ils se permettre de rester unis ? Est-elle enceinte sans être mariée ? Qui paye la dot ? Etc.

Les considérations politiques sont également importantes. Un mariage entre roturiers peut se faire d’une poignée de main (notez que les mariages ont un élément à la fois social/légal et religieux, et que les mariages n’ont pas forcément besoin d’être sacralisés pour être valides) mais un mariage entre nobles exige une démonstration de sa richesse et de la nouvelle alliance entre les deux familles nobles. Ce dernier élément crée des situations plutôt épineuses avec la polygamie mentionnée plus haut : on offre une deuxième épouse à un personnage et, comme cette offre provient d’un noble puissant, il ne peut pas simplement la rejeter. Toutefois, ce mariage divisera également son allégeance entre deux familles nobles. Un autre personnage utilise (ou a utilisé) son mariage comme un jour patriotique et les puissances à l’œuvre ont transformé cette union en un énorme événement politique officiel, emblématique du retour aux anciennes traditions et accentuant l’hostilité traditionnelle envers un autre groupe ethnique. Le joueur doit désormais essayer de mener la barque de son personnage à travers cette situation complexe.

Dans un autre cas, le mariage s’est effectué après la fuite des amants. Les personnages ont découvert un petit sanctuaire au bord de la route et le prêtre du coin les a mariés. Une fois assuré qu’aucun d’eux n’était un fraudeur fiscal ni n’avait des prétendants ou des frères aînés en colère aux trousses, il a béni leur poignée de main et ils étaient mariés.

Pour les usages liés au mariage, je trouve habituellement mon inspiration dans les livres d’histoire sur les coutumes populaires du XVIIIe et du XIXe siècle.

Huitième partie
Faire des bébés !

Après quelques craintes et hésitations, vous envisagez peut-être d’accueillir un bébé – un PNJ miniature – dans votre campagne. Mais comment ? Certes, nous savons tous comment se font les bébés mais comment traitez-vous cela dans un JdR ?

Comme je l’ai indiqué plus haut, il est bon de disposer de règles de jeu pour certains éléments liés à la sexualité comme la grossesse. Bien entendu, une relation sexuelle n’implique pas systématiquement de grossesse ou bien il y aurait VRAIMENT BEAUCOUP de gosses courant partout. Nous ne pouvons choisir le sexe des bébés – il est déterminé par la biologie et le hasard. Certaines femmes ont des grossesses faciles, tandis que d’autres souffrent de nausées matinales et de chevilles gonflées. Donc comment déterminez-vous ce qui arrive à votre personnage ? En consultant ces règles pratiques que j’ai indiquées.

Êtes-vous obligée d’utiliser des règles pour la procréation dans votre partie ? Bien sûr que non. Pour être encore plus claire : si vous ne voulez pas utiliser de règles, vous n’avez pas à le faire. Si vous préférez tout gérer en mode narratif, libre à vous. Si vous désirez quelques règles pour vous aider dans l’histoire, libre à vous aussi. Personnellement, je ne veux simplement pas décider arbitrairement que le nouveau-né d’un personnage est une fille. Si j’écrivais une histoire, ce serait une autre paire de manches mais même dans cette situation-là, il est probable que je laisse quand même les dés décider. J’apprécie une certaine dose de hasard dans mes campagnes, en particulier pour les éléments qui sont aussi imprévus dans le monde réel.

Donc qu’en est-il des règles de procréation ? Regardons le processus dans son ensemble, depuis la conception jusqu’à l’arrivée du bout d’chou. Plutôt que de coucher des règles que vous utiliseriez probablement sans distinction, je vais vous donner des idées générales de sorte que vous puissiez déterminer ce qui fonctionne le mieux dans votre univers.

La conception

Il y a deux grandes questions à se poser pour déterminer si les personnages peuvent concevoir un bébé : les deux races en question peuvent-elles engendrer ensemble, et la femme est-elle actuellement féconde ?

Il est évident que deux membres de la même race peuvent se reproduire entre eux et le nombre de demi-elfes et de demi-orques que l’on peut croiser est la preuve qu’un certain métissage est possible. Mais qu’en est-il d’un(e) elfe et d’un(e) orque ? D’un(e) humain(e) et un(e) nain(e) ? Un(e) halfelin et un(e) tieffelin ? Le Book of Erotic Fantasy grog propose une merveilleuse table répondant à de nombreuses questions sur la fécondité interraciale mais sentez-vous libre d’inventer vos propres règles en fonction de votre monde.

Si vous partez d’une théorie tolkienienne que les elfes et les orques descendent des mêmes ancêtres, il ne serait pas impossible que les deux puissent se métisser, même si cela reste rare. Et si les deux futurs parents sont des sangs mêlés avec un héritage commun (tous deux demi-humains par exemple), cela peut accroître leurs chances d’avoir un bébé ensemble – ou les diminuer si les hybrides sont stériles dans votre univers (2).

Utilisez ce qui fonctionne dans votre décor de campagne (par contre, s’il vous plaît, ne décidez pas que tous les métissages sont possibles et n’inventez pas des noms bizarres pour les enfants qui en résultent. Un de mes anciens collaborateurs était très fier de ses hybrides nains/orques qu’il appelait norque [dorc en VO, homonyme de dork, qui signifie stupide, incompétent (NdT)]. Inutile de dire que je ne l’ai jamais invité à notre table de jeu).

Les femelles de la plupart des espèces ne sont fécondes qu’à certaines périodes, que ce soit quelques jours par mois ou seulement une ou deux fois par an. Certaines races fantastiques, comme les fées, peuvent concevoir quand elles le désirent. Là encore, le Book of Erotic Fantasy grog propose une excellente table sur les possibilités de conception selon la fertilité de chaque race. Vous n’avez pas ce tableau sous la main ? Partez de ce postulat : deux humains ont environ 20 % de chances de concevoir au cours d’un mois d’activité sexuelle (sans contraception) ou 2 % pour un seul rapport non protégé. Augmentez ou diminuez ce pourcentage selon les races impliquées ou l’âge du couple (surtout celui de la mère). Au cas où la conception serait rarissime – par exemple, pour deux races que personne n’a jamais vu métissées – rendez ce jet ardu – comme un 100 suivi par un second 100 (3).

Bien entendu, dans un univers fantastique, des éléments comme la magie et la volonté des dieux peuvent balayer tous ces obstacles, qu’il s’agisse de la contraception, de l’incompatibilité raciale ou de l’âge. C’est ici que la narration entre en scène !

La grossesse

Combien de temps le petit pain restera-t-il dans le four ? Là encore, le Book of Erotic Fantasy grog propose un tableau utile, mais vous pouvez réaliser le vôtre. La grossesse moyenne humaine est de neuf mois ; des races avec une plus longue espérance de vie ont une gestation plus longue tandis que celles avec une espérance de vie plus courte ont des grossesses plus rapides.

Nous avons tous connu des femmes enceintes dans le monde réel et, même si certaines vivent leur grossesse sans changement notable, la plupart d’entre elles subissent au moins quelques effets secondaires. Cela inclut les nausées matinales, les changements d’humeur et les envies irrésistibles de nourriture. Pour chaque tiers (trimestre) de la période de grossesse, déterminez un pourcentage de chances pour chacun de ces effets. Un personnage ayant des nausées matinales pourra devoir chercher un remède à base de plantes pour soulager son inconfort. Les changements d’humeur et les envies de nourriture peuvent fournir nombre de possibilités de jeu et d’interprétation amusantes. Pour les envies de nourriture, créez ou dénichez une table avec 100 aliments différents et lancez 1d100 pour déterminer celui qu’elle veut [Un exemple de table se trouve en fin d'article (NdT)]. Le mari de ma magicienne a été contraint de faire du porte-à-porte, suppliant les femmes au foyer de lui vendre la moindre gelée de pomme sauvage qu’elles avaient et le groupe entier a dû chasser le radis sauvage au printemps quand ses envies ont changé. La prise de poids d’une femme enceinte dépendra grandement de son activité : si le groupe s’installe pour l’hiver, elle sera capable de prendre plus de poids que s’ils étaient toujours en vadrouille.

Avec l’avancée de la grossesse, la plupart des femmes ne peuvent se déplacer aussi vite ou aussi gracieusement qu’auparavant (en termes de jeu, leur mouvement est diminué et elles ont une pénalité temporaire à leur Dextérité). Les utilisatrices de magie pourront avoir du mal à se concentrer sur le lancement d’un sort quand le bébé donne des coups de pied pile au mauvais moment, donc un petit risque d’échec de sorts (profane ou divin) semble cohérent.

Même si c’est déplaisant d’y penser, gardez à l’esprit qu’un bébé est en danger quand sa mère est au combat. Si une femme enceinte subit une blessure sérieuse ou échoue à un jet de sauvegarde important, un second jet de sauvegarde devrait être fait pour le bébé. De même, [dans un système D&D,] si une femme perd un niveau suite à l’absorption d’énergie d’un vampire ou perd 40 points de vie dans un seul combat, il y a des risques de fausse couche ou d’accouchement prématuré. Donc protégez la mama autant que possible !

L’accouchement

Même la promesse d’un d20 en or massif faisant des critiques à la demande ne suffirait pas à me faire interpréter le travail et l’accouchement. Car, autant j’aime le réalisme dans mes parties, autant certaines choses gagnent à rester dans le flou et sans détail explicite. Mais cela ne signifie pas qu’il faille se reposer sur un simple “Aujourd’hui, Freya a accouché. C’est un garçon et tout va bien.”

Vous pouvez simplifier les choses en déterminant la date de naissance d’après le jour de conception et la durée de la gestation. Mais les bébés arrivent rarement le jour où on les attend. Si la grossesse a été normale, donnez au mini-moi 10 % de chances d’arriver pile le bon jour, 45 % de naître plus tôt et 45 % d’arriver plus tard. Pour une grossesse stressante ou à risques, considérez que le bébé est prématuré. Puis lancez un seul dé (d4 pour les grossesses courtes, d20 pour les longues grossesses des elfes, et un dé intermédiaire pour tout le reste) pour déterminer le nombre de jours d’avance ou de retard qu’aura le petit ou la petite.

Combien de temps durera le travail ? Pour ma part, je simule généralement cela avec 4d6 heures, ce qui est un intervalle plutôt large et devrait convenir à la majorité des races. Sentez-vous libre de modifier cela si vous estimez que ça conviendra mieux.

Le plus important est de savoir si la naissance s’est bien passée et n’a pas eu de complications. Là encore, personne ne veut y penser et, dans un monde fantastique où les soins magiques sont omniprésents, il devrait être très rare que quelque chose se passe mal. [À Pathfinder,] je vérifie la force et la résistance de la mère en multipliant par deux ses scores de Force et de Constitution, en les ajoutant à ses bonus de sauvegarde de Vigueur et de Volonté et j’y ajoute un d20 : le total est le pourcentage de chances d’une naissance sans encombre. Vous avez une sage-femme ou un clerc/paladin qui accompagne la naissance ? Ajoutez 15 %. En utilisant cette formule, je n’ai jamais eu de personnage qui ne finisse pas avec une très grande chance de naissance sans complications.

Le bébé est-il un garçon ou une fille ? Peut-être s’agit-il même de jumeaux ? En tant que MJ, je déterminerais cela au début de la grossesse du personnage, je le “garderais secret et le mettrais en sûreté” jusqu’à l’accouchement (à moins que le personnage n’aille chez un devin entre-temps). Là encore, je répartis les probabilités équitablement entre un garçon et une fille (49 %-49 %) et considère le 01 comme des faux jumeaux et l’insaisissable 00 comme des vrais jumeaux (lancez à nouveau 1d100 pour connaître le sexe des jumeaux). Je ne suis jamais allée au-delà de ces naissances multiples mais, si le dé ne cesse de faire des 01 ou des 00, vous pouvez décider que des triplés sont de la partie ! Une naissance multiple accroît souvent les difficultés de la grossesse et de l’accouchement donc gardez cela à l’esprit. [D'où la nécessité de déterminer le sexe et surtout le nombre d’enfants au préalable, pour ajuster les rebondissements de la grossesse en conséquence (NdT)].

Après la naissance du bébé, la maman a besoin d’au moins quelques jours (disons 1d6+3) pour se rétablir. Là encore, la présence d’un soigneur réduira la durée de la convalescence. Cependant, même si elle est techniquement soignée à bloc en quelques heures, peu de nouvelles mères seraient prêtes à reprendre la route immédiatement après un accouchement.

Lorsque l’enfant paraît

Une fois que le petit aventurier a fait sa grande entrée, vous devez vous débrouiller seule, hein ? Ni règles ni suppléments ne peuvent vous aider ? Faux !

Le Bestiaire grog de Pathfinder propose un modèle de “créature jeune” [p. 296 de la VF] que vous pouvez utiliser pour calculer les statistiques du nourrisson. Pour les créatures de type humanoïde, je dirais que cela fonctionne mieux pour les enfants de 6 ans et plus (ou l’équivalent en années elfes, orques, etc.). Les enfants les plus jeunes, en particulier les bébés et les tout petits n’ont probablement pas besoin de tout ce bloc de caractéristiques, à moins que votre personnage ne soit un parent dur en amour qui les mène au combat dès qu’ils sont en âge de marcher. Cependant, c’est quand même une bonne idée de disposer de quelques statistiques pour eux car, peu importe combien vous vous échinez à les protéger, les enfants trouveront toujours le moyen de se blesser ou d’avoir des ennuis. Ils peuvent être à la limite de l’explosion d’un piège à feu, mettre leurs propres mains dans les flammes ou jouer avec un sumac vénéneux. Je donnerais aux bébés et aux tout petits les points de vie et bonus de sauvegarde d’un niveau ½ et aux enfants plus âgés ceux d’un niveau 1 – basiquement, les bambins sont au niveau ½ et les plus âgés au niveau 1, mais il ne s’agit pas d’un niveau de classe de personnage-joueur.

Par ailleurs, seuls les salauds sans cœur souhaitent voir les enfants se blesser, donc les joueurs chercheront certainement des moyens de protéger les mômes du danger. Comme je l’ai mentionné précédemment, des sorts de base comme Sanctuaire, Armure de mage, Chien de garde et les sorts de protection, parmi d’autres, peuvent aider à protéger les enfants des méchants. Et rien n’empêche les enfants de bénéficier des anneaux de protection accessoires que le groupe a récoltés.

Vous vous satisfaites peut-être de dormir sur le sol avec rien que votre couverture entre vous et le ciel, mais les enfants ont besoin de davantage de protection. Abri vous protégera de tous des éléments et Refuge du mage mettra un vrai toit au-dessus de vos têtes. Si vous n’avez pas la magie adéquate, il vous faudra au minimum acheter une tente.

Le meilleur objet magique que j’aie jamais vu pour s’occuper des enfants dans un univers de campagne heroic-fantasy est la Salle de jeu portable de Penelope du Sisters of rapture de T. Catt (un bon supplément pour adultes que j’aurais dû encenser bien plus tôt !). Quand maman affronte des morts-vivants ou est partie en éclaireuse pour préparer une embuscade, l’enfant doit pouvoir rester dans un endroit sécurisé. La salle de jeu portable est bien fournie avec des jouets, du matériel de dessin, des livres de contes et un ours en peluche [biclassé] golem/nounou pour divertir et satisfaire l’enfant. C’est le truc le plus génial dont puisse rêver un parent aventurier car il élimine les inquiétudes quant à où mettre l’enfant en sécurité et qui va le garder.

Et pour le reste ?

Il y a certainement des éléments de la grossesse, de l’accouchement et de l’éducation des enfants que je n’ai pas traités ici. Si vous voulez davantage de règles et ne vous satisfaites pas de ce que vous trouvez dans les manuels de jeu, créez les vôtres ! Ou balancez les règles qui vont plus loin que ce que j’ai esquissé et laissez l’histoire (et tous ceux impliqués dans sa création) faire le reste. Ce que j’ai abordé ici ne constitue qu’un cadre – prenez ce que vous voulez, ajoutez-y votre grain de sel et appropriez-le-vous complètement.

Avec des conseils et idées comme ceux abordés ici, vous ne devriez plus craindre d’ajouter un bébé à votre campagne. À l’exception de la peur des couches garnies. Celle-là, rien ne peut la faire disparaître.

Sélection de commentaires

Sean Holland

Il me paraît évident que les grossesses sont le genre de situations où moins il y a de règles, mieux c’est. Si les joueurs veulent que leurs personnages aient des enfants, il leur suffit d’aller de l’avant et on gérera cela comme il faut.

Connie Thomson

Tout dépend de la situation et des joueurs concernés. La meilleure solution pour chaque groupe de jeu est d’utiliser ce qui lui convient et de laisser de côté le reste. Si des règles a minima fonctionnent mieux pour votre groupe, tant mieux !

Shilling

Dans une partie que je menais, deux de mes PJ ont décidé de coucher ensemble. Cependant, c’était plus une blague pour faire dérailler la séance qu’autre chose.

Je pense que lancer le dé est gratifiant en soi pour la majorité des joueurs. Celui qui jette le dé est au centre de l’attention. Donc, plutôt que de les laisser faire comme ils s’y attendaient, j’ai simplement dit “OK, pendant que vous faites cela, quelque chose d’intéressant se produit par ici avec ces gars…”.

À mon avis, il est important de décider quels sont les thèmes majeurs de votre campagne et de passer votre temps dessus. Ne lancez pas le dé pour des trucs qui n’en font pas partie. Ainsi, cette aide de jeu sur comment faire les bébés ne devrait être utilisée que si votre campagne a des thèmes liés à la famille et aux lignées (4).

Ce pourrait même être une campagne géniale.

Neuvième partie
Quand l’amour s’éteint

Même si tout le monde aime le “Et ils vécurent heureux jusqu’à la fin de leurs jours”, chacun(e) de nous sait que les histoires d’amour ne se terminent pas toutes de cette manière. L’amour est une chose compliquée, les relations le sont encore plus et parfois, il arrive que les choses ne marchent tout simplement pas. Que le feu brûlant et éphémère de la passion se consume trop vite, soit douché par une force extérieure et s’éteigne, ou se tarisse progressivement à force de n’être pas entretenu, les histoires d’amour ne sont pas éternelles. C’est triste.

Les relations en JdR ne durent pas non plus toujours. S’y ajoute même un autre niveau de complexité : chaque relation implique plus de deux personnes. Je ne parle pas ici de partie à trois ou de polygamie (bien que ce soit le cas dans certaines situations !). Simplement, les joueurs se retrouvent impliqués en plus des deux personnages. Avec le MJ et les autres joueurs qui sont tous là à regarder. L’angoisse.

Mettre fin à une relation entre personnages devrait se faire comme lorsqu’on en débute une : sans la prendre à la légère. Si les personnages se fréquentent et rompent d’une semaine sur l’autre, votre partie ressemblera rapidement davantage à un soap opera qu’à un JdR. Cela ne signifie cependant pas que les personnages devraient rester ensemble juste pour éviter les conflits. Comme pour tout élément de jeu important, de nombreux points sont à prendre en compte.

Ce n’est pas toi, c’est moi. Bon, d’accord, peut-être que c’est toi

Pourquoi une relation entre personnages devrait-elle s’achever ? Pour des raisons à la fois hors jeu et en jeu.

Une raison hors jeu commune et bénigne est que l’un des joueurs impliqués dans la relation abandonne la campagne et que son personnage est retiré du jeu. À moins que le MJ ou un autre joueur ne s’apprête à reprendre ce personnage, la relation peut difficilement se poursuivre. Une autre raison courante ? L’un des joueurs impliqués (ou les deux) ne désire(nt) plus poursuivre la relation des personnages entre eux. Qu’il s’y ennuie, ne soit pas à l’aise ou ne l’apprécie tout simplement plus, un des joueurs (ou les deux) souhaite(nt) en sortir. S’ils terminent leur histoire d’un commun accord, c’est une rupture à l’amiable. À l’inverse, si l’un des joueurs veut désespérément poursuivre cette relation en jeu, la rupture peut devenir désagréable.

Les raisons en jeu se résument à l’évolution du personnage et de la trame. Au fur et à mesure que les joueurs créent l’histoire de leurs personnages, il arrive parfois un moment où la manière dont les choses se déroulent ne convient tout simplement pas à la poursuite de la romance. Peut-être les personnages ont-ils changé et mûri chacun de leur côté, ou que l’un d’eux doit obéir à une obligation impérative, qui empêche une relation amoureuse (la paladine peut-elle sauver le monde et avoir encore du temps pour son mari ?). Indépendamment du souhait des joueurs concernés de poursuivre cette relation, tout écrivain sait que, parfois, les personnages n’agissent pas comme vous l’aimeriez. Et, en fin de compte, c’est ce que nous faisons quand nous jouons : nous écrivons une histoire.

Rompre, c’est difficile

Gérer la rupture elle-même en jeu peut s’avérer délicat. Comme je l’ai déjà indiqué, le MJ et les autres joueurs se trouvent à votre table, et vous lavez votre linge sale devant eux. Prenez votre temps et demandez-vous vraiment jusqu’à quel point vous voulez jouer cette rupture aux yeux de tous. Tous ceux qui ont déjà assisté à une scène de ménage voire à un véritable “C’est FINI !” vous le diront : être témoin de ces choses-là est rarement agréable.

Demandez-vous si interpréter la rupture au grand jour aide vraiment la campagne ou fait avancer l’histoire. La plupart du temps, je dirais que non. Si les personnages ne rompraient pas devant leurs meilleurs amis, les joueurs n’ont aucun besoin d’en passer par là à la table de jeu. Les personnes impliquées peuvent interpréter cela en dehors de la table et, tout comme dans la vraie vie, simplement choisir les détails de leur rupture à partager avec leurs compagnons.

Une fois la romance achevée, le couple désormais séparé doit poursuivre sa route et leurs amis doivent s’adapter au fait qu’ils ne sont plus ensemble. La vie est bouleversée à jamais. Et c’est le bon côté de la rupture : elle vous offre de nombreuses opportunités d’interprétation et de développement des personnages.

Mais, où sont les règles, Connie ?

Il n’y a pas de règles pour les ruptures dans la vie réelle, et il n’y en a pas non plus pour celles de vos parties. Tout se réduit à l’interprétation, sans faire intervenir de dés. Un grand déballage avec déversement d’injures et torrents d’insultes est, dans la plupart des cas, une mauvaise idée. Mais si cela correspond aux personnages et à la partie, allez-y. Si une séparation silencieuse et digne est plus le genre des personnages, optez pour cette solution. Et si la rupture n’était pas vraiment au programme mais que les circonstances la rendent inévitable et qu’elle semble la seule réponse appropriée, faites ce qui doit être fait.

Trouveront-ils à nouveau l’amour ? Évidemment. C’est vous qui écrivez leur histoire, vous vous souvenez ?

Dixième partie
Le métissage des races


Terminus et Lithra Eldorado (dessin de Kristen Collins)

Que vous décidiez de jouer ou non un membre du sexe opposé quand vous créez un personnage de JdR, il est probable que vous souhaitez créer un PJ d’une race non-humaine (5). Certes, ces derniers sont géniaux et tout mais, quand une aussi grande part de l’amusement du jeu de rôle vient de l’évasion du monde réel, pourquoi être un humain ? Surtout quand vous pouvez choisir entre tant de races merveilleuses ! Les elfes et les nains ne sont que la partie visible de l’iceberg, bébé ; selon vos système et univers de jeu, vous avez bien plus d’options, depuis les kenders si adorables qu’ils en deviennent agaçants et les fiers irda [de Lancedragon] jusqu’aux tieffelins wiki au sang de démon et aux aasimars wiki touchés par la grâce en passant par les fougueux twi’leks et les curieux nautolans [des extraterrestres amphibiens à Star Wars (NdT)]. Il n’est d’ailleurs pas rare qu’aucun des membres d’un groupe d’aventuriers ne soit de la même race.

Avec une telle diversité raciale dans le groupe, il est probable qu’une histoire d’amour qui fleurisse impliquera deux personnages de races différentes. Nous sommes tous des gens ouverts d’esprit qui savons que l’amour est ce qu’il est et qu’on devrait le fêter quand deux personnes le rencontrent, mais nous parlons ici d’un monde de fantasy.

Quand le groupe s’arrête à l’auberge pour une soirée de détente, que la musique commence et que le halfelin et l’elfe se lancent dans une version Royaumes Oubliés du tango sur la piste de danse, les autres clients hausseront-ils à peine un sourcil ou s’étrangleront-ils sous le choc et le dégoût ? Comment réagira le reste du groupe, d’ailleurs ?

Si vous n’avez jamais vraiment songé à une romance interraciale dans un univers de fantasy, je suis là pour vous y aider !

Cela s’est déjà produit par le passé et se produira encore

La littérature et les films à l’origine de nombreux jeux de rôles contiennent leur lot de preuves que des relations peuvent et se produisent effectivement entre des représentants de races différentes. Je vous l’accorde, la majorité des exemples de fantasy sont assez fades et réunissent souvent des humains avec des elfes ou des demi-elfes – Aragorn et Arwen, Tanis Demi-elfe et Laurana (ou Kitiara), Drizzt et… euh je ne devrais pas vous spoiler. D’autres personnages des œuvres de R.A. Salvatore wiki (qu’il les ait écrites ou supervisées) ont été un peu plus audacieux : il y a ainsi un indice d’un petit quelque chose entre l’assassin Artemis Entreri wiki et un halfelin chef de la guilde des voleurs ; Jarlaxle wiki le drow espiègle capable de dormir avec n’importe qui ; le magicien drow Pharaun Mizzrym en qui fut trop heureux de tripoter l’alu démone [les enfants nés d'un humain et d'une succube à D&D (NdT)] Aliisza en. Et suffisamment de sangs mêlés peuplent nos univers de jeu pour prouver une fois de plus que chacun ne reste pas attaché à sa propre ethnie (nous verrons cela un peu plus tard).

L’univers étendu de Star Wars présente de nombreux exemples de relations interespèces. Wedge Antilles, le pilote humain de chasseur stellaire, a entretenu une longue relation avec Qwi Xux de la race “oiseauïde” des omwati, Kit Fisto wiki le nautolan et la twi’lek Aayla Secura wiki étaient très proches (et l’auraient été encore plus s’il n’avaient été tous deux Jedi – grrrr !), et il est clair que les Zeltrons [une espèce humanoïde extraterrestre enjouée à la sexualité débridée (NdT)] sortent avec tout le monde. La diversité des esclaves féminines dans le harem de Jabba est à elle seule une indication suffisante que les races et les espèces de Star Wars se trouvent mutuellement attractives.

Je pourrais continuer cette liste d’exemples sans fin mais les faits sont là : la romance interraciales/interespèces peut, et se produit. Donc revenons à ces relations dans vos parties, voulez-vous !

Tout le monde veut être accepté

Lorsqu’il considère les normes culturelles de son univers de jeu, le MJ devrait déterminer quelles seraient les réactions aux diverses romances interraciales. Si on reprend à nouveau les racines de la littérature de fantasy, certaines réactions communes se retrouvent : les relations elfe/humain(e) sont fortement désapprouvées par les elfes et plutôt bienvenues chez les humains ; les relations nain(e)/elfe sont inconnues et peut-être purement et simplement interdites ; les relations entre orques et quelqu’un d’autre se situent au-delà du tabou.

Vous n’avez pas besoin de vous limiter à ces quelques idées (sans oublier qu’elles sont loin de couvrir toutes les situations que vous pourriez rencontrer). À moins qu’elles ne s’appliquent pas du tout à votre univers de jeu et qu’à la place, l’opprobre entache les rencontres entre les gnomes et les halfelins, ou bien entre les drows et les elfes de la surface. De plus, comme pour tout, ce qui est ou non acceptable dépendra de chaque région. Ainsi, un couple interracial n’ayant souffert d’aucun préjugé d’aucune sorte dans sa terre natale pourrait être choqué de l’ostracisme qu’il subit lors de ses voyages dans d’autres contrées.

Indépendamment des normes culturelles que vous pouvez établir, les réactions des autres PJ – ou de leurs joueurs – ne sont bien évidemment pas de votre ressort. Peut-être que quelqu’un à votre table débloque à la pensée de relations amoureuses entre les humains et les halfelins. Comme toujours pour des problèmes de ce genre, découvrez de quoi il retourne. Est-ce la réaction du personnage ou bien du joueur ? Cette relation l’empêche-t-il de s’amuser dans la partie ? Il est délicat de trouver un terrain d’entente commun. Des joueurs qui souhaitent davantage de sexe dans leurs parties de JdR peuvent généralement s’accommoder d’un joueur moins en phase avec cette idée et néanmoins passer du bon temps. Mais si la gêne d’un joueur les empêche de poursuivre la relation en jeu qu’ils souhaitent vraiment expérimenter, une discussion sérieuse s’avère nécessaire.

Comment on fait les bébés

La prédominance des semi-elfes, demi-orques et même des demi-dragons [mais pas des semi-hommes ? ^^ (NdT)] – au point qu’ils sont détaillés comme des races jouables dans de nombreux systèmes et univers de jeu – est la preuve que ces races peuvent se métisser. Les semi-nains, semi-halfelins et semi-gnomes cependant sont généralement inconnus, tout comme l’union réussie de deux races non humaines capables d’enfanter. Mais cela signifie-t-il pour autant qu’un tel événement est impossible ? Le MJ devrait donc songer aux risques de grossesse potentielle, même si les joueurs des personnages impliqués dans une relation n’y pensent pas forcément.

J’ai abordé ce sujet plus haut et mentionné les tables de métissage du Book of Erotic Fantasy grog. Même si la liste est importante, elle ne couvre absolument pas toutes les races capables de se mêler dans un univers de fantasy. Malgré cela, elle peut certainement servir de guide pour déterminer quelles autres races peuvent enfanter. Vous n’avez pas ce supplément ? Prenez une feuille de papier millimétré et un crayon, et créez un tableau de style échiquier de Punnet wiki [un tableau de brassage génétique (NdT)]. Les réponses possibles à une tentative d’avoir un enfant par deux personnes de races différentes sont généralement :

  • Oui (cela se produit de manière naturelle)
  • Peut-être (le Book of Erotic Fantasy grog utilise cette option principalement pour les races à même d’engendrer les hybrides détaillés plus loin dans le livre mais vous pouvez l’utiliser pour n’importe quel couple de races où les chances sont extrêmement faibles mais existent)
  • Non (la conception naturelle est impossible mais peut se produire en cas d’intervention magique ou divine)

Il existe de nombreuses zones grises où une grossesse ne surviendrait normalement pas, mais où des circonstances adéquates le permettraient. Cela devient encore plus déroutant lorsque les races impliquées sont seulement vaguement humanoïdes voire absolument pas humanoïdes. Quand vous vous trouvez dans un univers de science-fiction avec de nombreuses races extraterrestres, le métissage devient naturellement moins commun. Ainsi, le seul rejeton que je connaisse de toutes les cabrioles interespèces de l’univers Star Wars est Aurra Sing wiki, la fille d’une humaine et d’une race extraterrestre physiologiquement proche des humains.

Donc que devriez-vous faire de ces zones grises ? Ce qui convient le mieux à votre campagne et aux personnages. Si vous préférez qu’il existe toujours une possibilité d’enfanter, même infinitésimale, précisez-le bien pour que les personnages soient au courant. Ou bien vous pouvez laisser totalement de côté cette zone grise et mettre toutes ces unions dans la catégorie “Pas sans intervention divine ou magique”. Pour un couple hors norme qui pourrait vouloir un enfant un jour, la porte reste ouverte. Pour autant, eux et le reste du groupe n’auront pas à s’inquiéter de ce que la folle nuit – un peu trop arrosée d’hydromel – avec un troupeau de minotaures très attirants, puisse entraîner quelques mois plus tard une portée de petits semi-minotaures (des minitaures ?) courant partout.

Si des personnages de races différentes finissent par avoir un bébé – ou si vous voulez introduire un personnage issu de cette union – les métissages du Book of Erotic Fantasy grog sont merveilleux. Mais ceux de Bastards & Bloodlines en des séries Races of Renown en chez Green Ronin sont encore meilleurs. Je vous mets au défi de ne pas penser que la trixie (un croisement gnome/pixie) est la chose la plus mignonne qui soit !

Ce qui me rappelle… Ces fées sont fertiles toute la journée si elles le décident. Soyez prudents !

C’est de la fantasy, lâchez-vous !

Il peut être difficile d’imaginer que les membres de toutes les races différentes de votre univers de campagne puissent sortir ensemble mais nous vivons dans un monde où il n’existe qu’une seule espèce évoluée. Peu importe notre appartenance ethnique ou la couleur de notre peau, nous sommes tous les mêmes gens. Si nous avions d’autres choix et les trouvions attirants (et que cette attirance était réciproque), ne serions-nous pas curieux de voir ce que ça donne ?

Laissez vos personnages s’amuser et expérimenter. Vous ne savez jamais avec qui vous allez trouver l’amour. Ainsi parle la fille dont la demi-drow est mariée à un minotaure (cf. illustration de début d’article).

Articles originaux : What’s Love Got To Do With It – Part VI: Will You Marry Me?, What’s Love Got To Do With It – Part VII: That Blessed Arrangement, What’s Love Got To Do With It – Part VII: Makin’ Babies, What’s Love Got To Do With It – Part IX: When Love Fades et What’s Love Got To Do With It – Part X: Love Among The Races


À PTGPTB.fr, on aime bien combler les blancs laissés par la VO. Vous trouverez donc ci-dessous une table des envies alimentaires de la femme enceinte, à utiliser telle quelle ou à mettre à votre sauce.

Table des envies alimentaires de la femme enceinte

01 Abats (cervelle, foie, rognons)
02 Abricot
03 Agneau
04 Ail/échalote
05 Airelle/canneberge
06 Algue
07 Amandes
08 Aubergine
09 Banane
10 Betterave/blette
11 Bière/vin
12 Bœuf
13 Brocolis/céleri
14 Bulot/moule/coque
15 Caille
16 Calamar/poulpe
17 Canard
18 Carotte
19 Cerise
20 Champignons
21 Chapon
22 Charcuterie
23 Châtaignes/marrons
24 Cheval
25 Chevreuil/daim
26 Chou (blanc, rouge, chou-fleur)
27 Citron
28 Coing
29 Concombre/cornichon
30 Confiture
31 Coq/coquelet
32 Coquille Saint-Jacques/noix de pétoncle
33 Courgette
34 Crabe/tourteau
35 Crème
36 Crêpe
37 Crevette
38 Dinde
39 Épices
40 Faisan/perdrix
41 Fenouil
42 Figue
43 Fraise
44 Framboise
45 Fromage
46 Gâteaux secs
47 Gaufres
48 Gingembre
49 Glace
50 Groseille
51 Haricots (verts, blancs, rouges)
52 Homard/langouste
53 Huitres
54 Jambon
55 Lapin
56 Lentille
57 Maïs
58 Melon/pastèque
59 Miel
60 Morue
61 Myrtille/mûre
62 Navet
63 Noisettes/cacahuètes
64 Noix
65 Œuf
66 Oie
67 Oignon
68 Olive
69 Orange/clémentine
70 Pamplemousse
71 Pêche
72 Poire
73 Poireau
74 Pois (petits, cassés ou chiches)
75 Poivron/piment
76 Pomme
77 Pomme de terre
78 Porc
79 Potiron/citrouille
80 Poulet
81 Prune/quetsche
82 Pruneau/datte
83 Radis (rose, noir)
84 Raie
85 Raisin
86 Rhubarbe
87 Salade (mâche, feuille de chêne, laitue, endives)
88 Sauce
89 Saumon
90 Tarte
91 Thon
92 Tomate
93 Truite
94-97 Lancez 1d10 dans la table des Aliments exotiques
98-99 Relancez le dé deux fois et conservez les deux résultats
00 Spécial

Aliments exotiques

1 Ananas/mangue
2 Cacao/chocolat
3 Autruche/bison
4 Gambas/langoustine
5 Goyave/kiwi
6 Noix de pécan/de macadamia
7 Litchi
8 Noix de coco
9 Café
0 Tortue (soupe)/requin (aileron)

(1) NdT : C’est la fête ptgptb vous donnera tous les trucs nécessaires sur la manière de gérer les festivités en jeu de rôle. [Retour]

(2) NdT : La réalité dépasse parfois la fiction. Il existe des mulets fertiles – 60 en 5 siècles ! Et des espèces que l’on ne croyait pas interfécondes – comme les lions et les tigres – le sont en fait, grâce au rapprochement dans les zoos, p. ex. [Retour]

(3) NdT : Soit tout de même une chance sur 10000, ce qui est finalement beaucoup pour une probabilité rarissime. Mais il faut bien laisser aux joueurs l’espoir qu’ils y arriveront. [Retour]

(4) NdT : Comme Pendragon grog. Ce jeu a tout ce qu’il faut pour que votre chevalier fonde une famille et propose plein de tableaux simples pour la gérer. [Retour]

(5) NdT : L’autrice utilise le terme “race” à la manière de D&D, c’est-à-dire ne distingue pas race et espèce. Par exemple malgré les différences d’apparence de toutes les races de chien, ils sont tous de la même espèce, car ils peuvent se croiser. Les chiens et les chats sont différentes espèces, et ne sont pas interfertiles. Tout comme les dragons (qui pondent des œufs) et les humains. Puisqu’en définitive tout en revient au choix du MJ, nous avons conservé ce terme de “race”. [Retour]

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Pour aller plus loin…

Retrouvez cet article dans l'ebook PTGPTB n°18, un numéro sur un thème un peu plus adulte que d'habitude : les relations amoureuses entre personnages-joueurs -Coup de foudre à JdR Hill.

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