Buffalo Rifts, Sam agacée et Mille-pattes

Coup de gueule d’Al Bruno n°17

Avertissement ! Le contenu qui suit peut offenser les accros à l’insecticide, les serveuses et les amateurs de GN. Ces coups de gueule ne devraient pas être lus pendant l’utilisation d’engins lourds. Il y a quelques private jokes.

Quand je suis arrivé au Buffalo Grill, Blobert Smith m’attendait dans une alcôve familiale. Il avait une pile de suppléments pour Rifts (grog) (de l’éditeur Palladium) et un tas de papier brouillon. J’étais plus que surpris de me retrouver rejouer au JdR. C’était l’hiver 1991 et, pendant que ma vie amoureuse était un désastre spectaculaire, j’étais confiant dans la victoire électorale de Bill Clinton cette année-là, et que je n’aurais plus jamais à entendre l’expression “Président Bush”.

Grobert Smith : “T’es comme la fin de l’époque disco, t’arrives trop tôt.

Moi : Ben, je sais que ça prend du temps de faire un personnage Palladium (wiki) donc je me suis dit que je viendrais en avance.

Grobert Smith : Vas-y, prends une feuille et un crayon.

Moi : Merci. Donc où va-t-on jouer ?

Grobert Smith : Ici.

Moi : Je pensais que l’on se retrouvait tous pour juste une sorte de prélude.

Grobert Smith : Malheureusement non. Mes parents ont banni toute activité relative au jeu de rôle depuis que j’ai tenté d’organiser un GN de Vampire au sous-sol.

Moi : J’y crois pas… T’as essayé de faire un GN dans la cave ?

Grobert Smith : Quel lieu pourrait-il mieux évoquer les sombres mystères du GN Mind’s Eye Theatre (wiki) qu’une salle obscure, souterraine, puant la naphtaline et la chaudière mal entretenue ? Ma seule erreur a été de laisser la partie devenir bien trop intense. J’ai dit maintes et maintes fois aux joueurs de mon sombre psychodrame qu’ils pouvaient amener katanas et hachettes, mais seulement à des fins ornementales.

Moi : Oh non…

Grobert Smith : Ouais. Un combat à l’épée à la porte du sous-sol de mes parents. Sublime !

Moi : Grobert, tu aurais dû savoir qu’un truc comme ça arriverait. Les fans de GN sont les ex-copines psychopathes du jeu de rôle… Et tu es sûr qu’une partie de JdR au Buffalo Grill est une bonne idée ?

Grobert Smith : Pourquoi pas ? Après tout, la plupart des plus beaux moments de nos vies ne sont-ils pas accompagnés de nourriture ?

Moi : Si tu le dis.

Grobert Smith : La vie est un buffet à volonté sans second service, Al Bruno, troisième du nom. Alors, remplis bien ton assiette.”

Grobert Smith pouvait être très profond pour un gars portant une chemise à jabot, un pantalon en cuir et un gilet à motif cachemire…

J’ai créé un personnage, un gars normal qui s’est fait embarquer dans le multivers dingue de Rifts.

P’tit Pervers arriva ensuite, il était accompagné d’un ado aux cheveux longs avec une propension à la somnolence.

Moi : “Salut, ça fait un bail.

P’tit Pervers : Je pensais que t’avais arrêté de jouer.

Moi : Eh bien, après mes aventures galantes, je pense que je peux reprendre du service et apprécier une partie maintenant.

P’tit Pervers : Tu as vraiment eu des aventures amoureuses ?

Moi : Oh que oui. Je te les raconterais bien, mais je ne voudrais pas que tu tombes de ton siège !

Grobert Smith : Woah.”

En fait, j’avais passé une bonne partie de l’été à jouer à Starflight (wiki) sur ma Sega Genesis mais pour rien au monde je n’allais leur avouer.

Starflight

P’tit Pervers : “Et voici mon nouveau coloc’, Darren Collatéral.

Darren Collatéral : Yo.

Grobert Smith : Ce n’est tout de même pas LE Darren Collatéral ?

Darren Collatéral : Yo.”

Darren Collatéral était une autre légende locale. Il était spécialisé dans la destruction de jeux de rôles dont la création de personnages se faisait par répartition de points. Je ne pense pas qu’il le faisait exprès mais il était de ceux dont le génie frôlait la folie. Son surnom venait de son célèbre personnage “Dommage Collatéral” dans Champions – un super-héros avec le super-pouvoir de faire exploser les otages.

Moi : “Il n’y a que nous ?

Grobert Smith : Wes n’est pas encore arrivé.

P’tit Pervers : Tu as invité Wes la fouine ? Comment as-tu pu ?

Grobert Smith : Mais tu n’as jamais fait d’objections sur la présence de Wes avant.

P’tit Pervers : Mais Wes laisse El Disguto crêcher chez lui !

Moi : Et l’endroit le plus dangereux au monde est entre El Disgusto et une partie de jeu de rôle.

Darren Collatéral : C’est pas le type qui sent le poisson pané ? (1)

Quelques minutes plus tard, Wes la fouine et El Disgusto se pointèrent. L’alcôve familiale devint soudainement beaucoup plus encombrée.

Wes la fouine : “Salut à tous.

El Disgusto : Eh mais c’est AB3, je comprends pourquoi mon spider-sens de l’échec me picotait.

Moi : C’est quoi cette mauvaise humeur ? On ne s’est pas vu depuis des mois.

El Disgusto : Mauvaise humeur ? Fais-toi virer de ton boulot et passe les derniers mois en cavale, poursuivi par une douzaine d’entreprises de crédit et une citation à comparaître, alors on verra si t’es pas vénère !

Grobert Smith : Pourquoi tu t’es fait virer ?

P’tit Pervers : Parce que ses supérieurs se sont rendu compte qu’il n’avait pas de caleçon sous son costume de Mickey.

Moi : Quoi ?

Darren Collatéral : Moi aussi, j’ai été choqué quand j’ai découvert que dans Mickey, il y avait en fait un gars en costume.

Grobert Smith : Puis-je avoir vos fiches de personnages, s’il vous plaît ?

Wes la fouine : J’ai décidé de jouer un technomancien. Il s’appelle Merlinan Chanteur.

Grobert Smith : J’ai toujours pensé qu’à chaque fois que quelqu’un faisait un jeu de mots aussi pourri, un intello mourait.

Darren Collatéral : Je suis né pour être un juicer [soldat augmenté aux drogues], il s’appelle Karl.

P’tit Pervers : Mon personnage est un ancien cyborg de la Coalition, nommé Monte Markham (2).

Moi : Woah, et les gens trouvent que moi, je fais des références obscures. C’est du 9 sur l’échelle d’Antoine de Caunes.

P’tit Pervers : Tu ne peux pas gagner à chaque fois.

El Disgusto : Je joue Jtedéfonce-san, un taré si malade qu’il se prend pour un ninja.

Moi : Tu te joues toi-même, quoi ?

El Disgusto : Tu cherches une assiette de mandales avec supplément wings, ou quoi ?

Grobert Smith : Et ton personnage, AB3 ?

Moi : J’ai fait une sorte d’érudit renégat légèrement médium. Il s’appelle Rex Connor.

El Disgusto : Oh mec, c’est juste pourri ce que t’as écrit. C’est aussi pourri que le filigrane de ta feuille parce que ça n’a aucun sens.

Moi : Tu vas la fermer ?

Darren Collatéral : Si vous vous haïssez autant tous les deux, pourquoi vous jouez ensemble ?

Moi : C’est une histoire plutôt marrante, Darren. Tu vois, quand j’étais jeune, alors que je marchais sur la rive du lac George, je suis tombé sur quelque chose de brillant, à moitié enterré dans le sable. Je l’ai déterré. C’était une lampe comme celle d’Aladin.

Wes la fouine : Heiiiinn… ?

Moi : Donc j’ai frotté la lampe et un génie au rabais en est sorti ! Il m’a dit : “Vu que je suis un génie au rabais, je ne peux t’accorder qu’un seul vœu. Dis-moi AB3, voudrais-tu un million de dollars ou une énorme bite ?”

P’tit Pervers : AB3 a fini par craquer.

Moi : J’ai réfléchi un long moment et, comme je ne suis pas le genre de type qui s’intéresse beaucoup à l’argent, je lui ai dit “Je voudrais une énorme bite”. Le génie et la lampe ont disparu dans un nuage de fumée. Quand la fumée s’est dissipée, j’ai vu la tête d’El Disgusto.

El Disgusto : Eh, si j’avais voulu une blague pas drôle et gratuite qui s’éternise, j’aurais lu un roman de White Wolf.

Grobert Smith : On peut peut-être commencer à jouer maintenant. Notre histoire commence à la frontière du territoire de la Coalition et d’un désert de terres désolées dans une…”

La serveuse s’approcha. Elle était très mignonne, cheveux bruns, yeux bruns et un badge avec son nom : “Sam”. De toute évidence, elle nous détesta immédiatement, ce qui, étrangement, la rendit d’autant plus séduisante.

Sam : “Vous êtes prêts à commander, les gars ? Nos soupes du jour sont…

Darren Collatéral : Eh mademoiselle, si on veut de la soupe, on vous en demandera. Ce n’est pas parce que votre entreprise a des actions dans une entreprise de soupe qu’ils peuvent nous la faire avaler de force.

Wes la fouine: Hé ! C’est bon la soupe.

Darren Collatéral : Non mec, la soupe, c’est de la sauce avec du shrapnel dedans.

P’tit Pervers : Mais, assez ironiquement, tu adores le chili con carne.

Darren Collatéral : Le chili con carne c’est Warhammer le JdR fantastique, la soupe c’est D&D.

Grobert Smith : Je ne crois pas m’être déjà fait exploser le trou de balle par une séance de D&D.

Moi : Eh bien, tu es un nouveau venu dans le milieu du JdR de l’État de New-York. Attends un peu et tu verras.

Sam : Quelqu’un pourrait-il passer commande, s’il vous plaît ?

Grobert Smith : Mon palais désire une tarte mais quelle sorte de tarte ? La ferveur patriotique de la tarte aux pommes, notre dessert national ? Les révélations ésotériques de la myrtille ? Peut-être le rêve d’automne qu’est la citrouille ? Ou peut-être la dichotomie culinaire connue sous le nom de rhubarbe ? Ou même…

Moi : Pour l’amour de Dieu, commande simplement un cheesecake !

Grobert Smith : Une idée fantastique ! Fantastique !

Sam : Un cheesecake. Que voudriez-vous boire ?

Grobert Smith : Un verre de lait.

Sam : Suivant.

El Disgusto : Un burger avec un supplément de frites. Vous avez du Sprite ?

Sam : On a du 7 Up.

El Disgusto : Raah, bon du coup, j’imagine que non. Je vais prendre un Orangina.

Sam : Ok, et vous ?

Wes la fouine : Juste de l’eau s’il vous plaît.

Sam : Super. Suivant ?

P’tit Pervers : Une salade pour moi. Je prends soin de moi… Si vous voulez m’aider, prévenez-moi.

Sam : Aucune chance. Boisson ?

P’tit Pervers : Un milkshake au chocolat.

Sam : Cool. Vous êtes prêt à commander ?

Darren Collatéral : Qu’avez-vous comme soupes du jour ?

Sam : Soupir. Minestrone (wiki) et velouté de champignons.

Darren Collatéral : Vous auriez un bouillon de poule ?

Sam : Minestrone et velouté de champignons.

Darren Collatéral : Vous êtes sûre ? Pouvez-vous vérifier ?

Sam : Nous n’avons que du minestrone et du velouté de champignons.

Darren Collatéral: Alors je vais prendre le sandwich à la dinde et du thé glacé mais sans glaçons.

Sam : Bien. Et vous ?

Moi : Eh bien je vais prendre un burger-frites et un grand coca.

Sam : C’est noté.

Moi : Merci Samantha.

Sam : Quoi ? Comment m’avez-vous appelé ?

Moi : Samantha.

Sam : Je m’appelle Sam, sale petit monstre. Tu sais pas lire ?

Moi : Ben, Sam est le diminutif pour Samantha… Non ?

Sam : Et toi, t’es qui ? La police des diminutifs ?

Moi : Je ne voulais pas vous offenser. De quoi est-ce le diminutif ?

Sam : Pour toi, ce sera Sam, juste Sam !

Moi : Désolé…”

La serveuse s’en alla, furieuse. Je suis resté assis là, rougissant terriblement. Les autres autour de la table étouffaient leurs rires. Je savais que le premier d’entre eux qui sortirait une blague serait destiné à devenir mon pire ennemi et qu’un jour, nous devrions nous battre à mort avec des pelles enflammées sur un bateau en train de couler.

El Disgusto : “Mec, j’ai l’impression que tu ne baiseras jamais, non ?”

Bon, c’était pas une surprise, si ? Une fois que chacun s’est arrêté de se marrer, on a commencé.

Grobert Smith : “Notre histoire commence à la frontière du territoire de la Coalition et d’un désert de terres désolées dans un…

Wes la fouine : Tu peux revenir en arrière ? Je veux dire, j’ai survolé les livres de Rifts mais je n’ai pas vraiment un bon aperçu de ce à quoi ressemble le monde.

El Disgusto : Il y a des ninjas et des robots, qu’est-ce qu’il te faut de plus ?

Darren Collatéral : Si Iron Maiden et Terry Pratchett concevaient un jeu de rôle, ce serait Rifts.

Grobert Smith : C’est à la fois tout ça et rien de cela. Rifts est un monde parsemé d’étranges magies et de sciences débridées, une apocalypse et une renaissance, une réalité où les clichés d’une douzaine de genres se font l’amour et la guerre sur fond de fanfiction métatextuelle (wiki).

Wes la fouine : Oh…

El Disgusto : Si [le créateur de Rifts] Kevin Siembieda était là, il te claquerait ta grosse tronche.

Grobert Smith : Quoi qu’il en soit, notre histoire commence à la frontière du territoire de la Coalition…

Wes la fouine : Coalition ?

P’tit Pervers : Des Républicains en armure énergétique, débrouille-toi avec ça !

Grobert Smith : …à la frontière du territoire de la Coalition et du désert de terres désolées, dans une étrange ville connue seulement sous le nom de L’Interzone. Des groupes de minarets et de gratte-ciel plongent les rues étroites dans l’ombre. Au cœur de la ville, dans un parc abandonné, se trouve le bazar où tout peut être acheté. C’est là que les personnages se retrouvent. Pourquoi se trouvent-ils dans cet endroit exotique et accueillant ? Vous trouverez les raisons dans ces enveloppes que vous tirerez au hasard.

Moi : Génération aléatoire des accroches ? Il faut bien tout essayer une fois…”

Pendant que nous ouvrions nos enveloppes, notre commande arriva.

Sam : “Votre eau.

Wes la fouine : Merci. C’est un verre propre, hein ?

Sam : Oui. Voilà votre cheesecake.

Grobert Smith : Comme c’est divin. Permettez-moi de commander ma deuxième part dès maintenant.

Sam : Votre sandwich à la dinde et votre thé glacé sans glaçons.

Darren Collatéral : La dinde est-elle fraîche ?

Sam : Chez Buffalo Grill, nous vous proposons de la nourriture de bonne qualité à des prix attractifs. Votre burger-frites et votre boisson à l’orange.

El Disgusto : Je n’ai pas commandé une boisson à l’orange, j’ai commandé un Orangina.

Sam : Il y a une différence ?

El Disgusto : Y a-t-il une différence entre un magicien et un illusionniste ?

Sam : Il y a une différence ?

El Disgusto : Bien, je suppose que quand vous verrez votre pourboire, vous le saurez, n’est-ce pas ?

Sam : Une salade et un milkshake au chocolat.

P’tit Pervers : Merci. Vous savez, vous devriez sourire plus souvent. Je veux dire, vous avez le corps d’une personne de 20 ans, mais quand vous froncez les sourcils, c’est comme si vous en aviez 30.

Sam : C’est une chance que vous vous soyez assis dans ma zone, je ne m’en serais jamais douté.

P’tit Pervers : Eh, je suis le genre à offrir un service complet.

Sam : Et enfin, nous avons la tarte aux pommes et un Schweppes Light.

Moi : Hum… Je n’ai pas commandé un burger-frites ?

Sam : Ai-je apporté un burger-frites ?

Moi : Non… mais j’en ai commandé un.

Sam : Non. Vous m’avez demandé une tarte aux pommes.

Moi : Mais…

Sam : Je m’en souviens parce que j’ai trouvé que vous aviez le cerveau en compote et que vous en teniez une couche. Ça m’a semblé assez drôle pour quelqu’un qui commande une tarte aux pommes.

El Disgusto : J’adore l’humour d’observation…”

Sur ces mots, la serveuse partit. La tarte aux pommes était bonne mais jusqu’à aujourd’hui, le goût de l’humiliation me rappelle encore celui du Schweppes Light.

Darren Collatéral : “Alors, la feuille dans l’enveloppe dit que je suis venu là parce que mon personnage est blasé et qu’il est à la recherche de nouvelles expériences. Cool.

Moi : Et je suis à la recherche du Dr Benway. Je veux me venger des expériences illégales qu’il a faites sur moi quand j’étais enfant ?

Grobert Smith : Comme tu peux le voir, j’ai dessiné un schéma pour te montrer où l’orifice douteux en question a été implanté.

P’tit Pervers : Et mon personnage est là parce qu’il est accro et essaye d’arrêter la… poudre insecticide ?

Grobert Smith : Dans ce monde, la poudre insecticide est le plus puissant des stupéfiants.

Wes la fouine : Et mon technomancien est là pour louer ses services au plus offrant ou au PNJ le plus approprié.

El Disgusto : Ok, ça c’est pourri. Mon personnage est là parce qu’il a tué sa femme en essayant de tirer sur un verre posé sur sa tête ? Non. C’est impossible.

Grobert Smith : C’est juste un simple historique pour te permettre de t’intégrer plus facilement dans la campagne.

El Disgusto : Allô ? C’est con ! Je suis un ninja et les ninjas ne manquent jamais leur cible.

Moi : Dis ça à la lunette des toilettes de Wes…

El Disgusto : Quoi ?

Wes la fouine : S’il te plaît ! Je n’ai rien dit !”

Grobert continua, s’arrangeant pour garder le groupe ensemble sur la bonne route vers sa première mission. À ce moment-là, il en était à sa troisième part de cheesecake. Nous fûmes contactés par le Dr Benway, un transsexuel poilu.

Wes la fouine : “Donc c’est un cabaret avec un centre de chirurgie ambulatoire ?

Grobert Smith : Oui. Il s’appelle Café Charnel (3). Le Dr Benway vous demande à sa table et s’assied à califourchon sur une chaise en vous parlant. Vous ne pouvez pas vous empêcher de remarquer les jambes musclées à peine contenues dans des bas en soie. “C’est un plaisir de faire votre connaissance, dit le Dr Benway. Et à un moment si opportun.”

Darren Collatéral : Je demande au Dr Benway s’il y a un moyen de guérir de mon addiction à la poudre insecticide.

Grobert Smith : Le Dr Benway avance ses lèvres couleur rubis sous son bouc brun.

Darren Collatéral : Euh, ça veut dire oui, non ou…

El Disgusto : Quelqu’un ici touche mon personnage, et il meurt direct.

P’tit Pervers : Au diable l’avarice. Mon cyborg est dans l’ambiance de l’endroit. Je vais voir si l’une des infirmières-chantantes du Dr Benway veut me chatouiller les couilles.

Grobert Smith : Ce sont tous des castrats.

P’tit Pervers : Eh, j’adore les italiennes.

El Disgusto : Peut-on, s’il vous plaît, abréger ces idioties et passer à la mission, quelle qu’elle soit ?

Grobert Smith : Le Dr Benway explique que le Café a un besoin urgent de mille-pattes mutants qui se cachent dans les terres désolées. Avec leurs glandes à venin, le Dr Benway peut créer la panacée qui guérit à la fois l’addiction à la poudre insecticide et l’inflammation des gencives – c’est aussi leur ingrédient secret pour les ailes de poulet grillées. Si vous voyagez dans les terres désolées et récoltez quelques-uns de ces mille-pattes, le docteur vous récompensera généreusement. Il vous demande si vous avez des questions.

Moi : Ben, à propos de cet orifice…”

Nos persos ont tous accepté la mission et, comme récompense, le Dr Benway nous a permis d’avoir le Café Charnel pour nous, toute la nuit. Après quelques débauches décrites dans le plus pur style fleuri de Grobert, nous sommes partis.

Grobert Smith : “Alors que les souvenirs des événements de la veille vous paraissent encore flous et incertains, la vérité sur ce qui s’est passé s’attarde comme un picotement dans votre hypothalamus.

Wes la fouine : Cette Interzone est vraiment une ville bizarre.

P’tit Pervers : C’est beaucoup plus intéressant qu’un vieux porte-monstre-trésor bizarre.

El Disgusto : C’était évident que tu allais aimer “Danse avec les militants du MoDem”.

Grobert Smith : Soudain, vous êtes attaqué par…

Sam : Eh. Vous avez besoin d’autre chose, les gars ?

Grobert Smith : Non, six parts de cheesecake suffisent amplement.

Sam : Bien, vous voulez l’addition ?

Grobert Smith : Oh, pas avant quelques heures, je pense.”

Nous regardâmes la serveuse partir furieuse.

Moi : “Elle avait l’air furax.

Darren Collatéral : On s’en fout.

Grobert Smith : Comme je disais, vous êtes attaqués par des brigands mutants.

Wes la fouine : Les pires !”

(Un long et violent combat plus tard)

Moi : “Woah. On s’en est bien sorti. Pas une égratignure.

Wes la fouine: L’amour de nos personnages pour le combat n’est égalé que par leur amour pour la nage, la musculation et les arts martiaux.

El Disgusto : J’accroche l’un des brigands à un cactus et je gribouille sur sa poitrine “Ils n’ont pas écouté” avec son propre sang.

Darren Collatéral : Hardcore !”

Nous nous enfonçâmes plus profondément dans les terres dévastées.

P’tit Pervers : “On gare les motos vers le bâtiment délabré.

Grobert Smith : À l’intérieur, à travers les toiles d’araignées et la couche de poussière, vous voyez de vieux jeux d’arcades et des épisodes de Battlestar Galactica sur des disques laser.

Darren Collatéral : Il y a assez de jus pour faire tourner ces trucs ?

Grobert Smith : Apparemment oui.

El Disgusto : T’as du bol.

Wes la fouine : À la place de Battlestar Galactica, est-ce qu’ils ont des épisodes du vieux dessin animé Le sourire du dragon (wiki) ?”

Après un autre jour sur la route, nous rencontrâmes un autre groupe d’étrangers.

P’tit Pervers : “Qui êtes-vous ?

Grobert Smith : L’un d’eux explique : “Ici, il y a une ligne tellurique, man, donc on est les arpenteurs des lignes, man.”

Moi : Des arpenteurs de lignes telluriques rastas ?

Grobert Smith : Yeah man.

Moi : Quels stéréotypes… ces glitter boys gays qui zozotaient prennent tout leur sens.

Wes la fouine : Qu’est-ce qu’ils font par ici ?

Grobert Smith : T’sais pas qu’la meilleur marijuana pousse sur ces lignes telluriques, man.

Darren Collatéral : Je les bute et je prends leur réserve.

El Disgusto : Hardcore !

Sam : Puis-je faire quelque chose pour vous les gars ?

Darren Collatéral : Non, ça va.

Moi : Les gars, elle a peut-être besoin de l’alcôve pour quelqu’un d’autre. On devrait probablement terminer.

P’tit Pervers : Le soleil n’est même pas encore levé.

Sam : Eh, crâne d’œuf. J’ai pas besoin d’un porte-parole, OK ?

El Disgusto : Crâne d’œuf ! Elle l’a appelé crâne d’œuf !

Moi : Euh, Sam, j’ai l’impression qu’on est partis du mauvais pied là et je…

Sam : Mauvais pied ? Qu’est-ce que tu sous-entends putain ?

Moi : Je… Je…

Sam : Ce sont des chaussures orthopédiques, elles peuvent te paraître marrantes mais je les porte parce que je suis debout toute la nuit à traiter avec des ivrognes et des cinglés comme vous. Elles ne sont pas de la même couleur parce que c’est tout ce que je peux m’offrir. Je suis là pour vous servir, pas pour vous amuser.

Moi : C’est quoi ce bordel ? De quoi tu parles ? Quand est-ce que j’ai atterri dans une scène des Affranchis ?”

La serveuse partit en trombe, elle ne me maudissait aucunement dans sa barbe, c’est sûr.

El Disgusto : “Tu devrais lui demander son numéro.

Moi : Tu prends ton pied, hein ?

El Disgusto : Prendre mon pied ? Je n’ai jamais été aussi heureux depuis le marathon K2000 !

P’tit Pervers : Tu connais ton problème AB3 ? Tu n’utilises pas assez de consonnes fortes quand tu parles aux filles. Tu les exciteras si tu fais ça.”

Finalement, nous revînmes à l’aventure. Plus nous nous enfoncions dans les terres désolées, plus les rencontres étaient étranges. Je suis sûr que Grobert les voyait comme des opportunités de roleplay ; certains dans le groupe les voyaient autrement.

Grobert Smith : “La femme porte une robe de mariée en lambeaux et un parasol taché de sang, la poupée qu’elle tient a une vague odeur de viande.

El Disgusto : J’attaque !”

À la fin, après encore une heure, nos personnages se sont retrouvés dans le repaire des mille-pattes.

Les choses ne se sont pas passées comme prévu.

Moi : “Tu crois pas que le Dr Benway aurait pu nous prévenir que c’étaient des mille-pattes géants.

Wes la fouine : Bon, on n’est pas morts. On pourrait toujours s’échapper.

El Disgusto : Ils nous ont défoncés, attachés et ont pondu des centaines d’œufs dans notre dos.

P’tit Pervers : Et maintenant, ils chantent des génériques télé.

Moi : Ce JdR a exterminé toute pensée rationnelle.

Darren Collatéral : Il doit bien y avoir un moyen de s’échapper.

Moi : La police ?

Grobert Smith : Il n’y a pas de police dans Rifts.

Moi : Ouais, mais il y a un policier dans le Buffalo Grill et il arrive vers nous.

El Disgusto : Si quelqu’un demande, je m’appelle Foie Jaune.

Le gentil agent : Bonsoir messieurs.

Grobert Smith : Bonsoir.

Le gentil agent : Si je puis me permettre, qui est le propriétaire de la Simca bleue avec bandes de rallye jaunes et rouges ?

Darren Collatéral : Eh. En fait, ce sont des bandes corelliennes [dans Un nouvel espoir, elles sont rouges, dans Le Retour du jedi elles sont jaunes (NdT)]. Qu’est-ce qu’ils vous apprennent à l’académie de police ?

Le gentil agent : Bien, pourriez-vous m’expliquer pourquoi il y a un lance-roquettes sur le siège arrière ?

Darren Collatéral : Je ne pense pas que ce soit vos oignons.”

On s’est débrouillé pour s’écarter de la table pendant que le policier plaquait Darren Collatéral au sol, lui mettait les menottes et l’emmenait.

Darren Collatéral : “Il est neutralisé ! C’est vrai ! C’est à un ami ! C’est juste une pipe à eau…

P’tit Pervers : Je perds tellement de colocs’ comme ça.

Moi : Bon, sur ce, je pense qu’on peut s’arrêter là pour ce soir.

Wes la fouine : Ouais. Je commence ma livraison de journaux dans une heure environ.

El Disgusto : Bien, tout ce qu’on a à faire, c’est diviser l’addition en cinq.

Wes la fouine : Ça n’a pas de sens.

El Disgusto : Je ne pense pas que Darren va payer sa part, et toi ?

Wes la fouine : Ouais mais je n’ai rien commandé.

El Disgusto : Ah ouais ? Et c’est quoi ça ?

Wes la fouine : Un verre d’eau.

El Disgusto : Donc tu as commandé. Point final.

Wes la fouine : Mais…

El Disgusto : Point. Final.

Wes la fouine : Ok.

Moi : Vous savez, en prison, il y a des détenus soumis avec des relations plus épanouissantes que la vôtre. Vous divisez l’addition, je dois aller aux toilettes.”

Les toilettes, c’était une excuse parce que, ce que j’ai vraiment fait, c’était attendre le bon moment pour attirer l’attention de Sam. Je lui ai parlé un bref instant à côté des téléphones publics.

Sam : “Qu’est-ce que vous voulez encore ?

Moi : Je suis désolé.

Sam : Quoi ?

Moi : Peu importe ce que j’ai fait ou non pour vous rendre folle ce soir… Je suis désolé. Je sais que nous avoir ici pendant 5 h n’a pas dû être facile.

Sam : Ben, vous avez fait peur à ce sans-abri qui gueulait.

Moi : Excuses acceptées ?

Sam : Ouais, je suppose.

Moi : Je pense qu’ils sont prêts pour l’addition.

Sam : Enfin ?

Moi : Ouais, enfin.

Sam : Tu sais, tu n’es pas si nul, vraiment… Tes amis ne te mettent pas vraiment en valeur par contre. Je vais chercher votre addition.”

J’attendis que Sam soit hors de vue avant de lever triomphalement deux ou trois fois mes poings en l’air. Tout ce que j’avais à faire maintenant, c’était de manger là une fois par semaine environ dans les prochains mois puis je pourrai enfin rassembler mon courage et lui demander de sortir avec moi.

Imaginez ma surprise quand elle est revenue avec un numéro de téléphone sur un bout de papier.

Sam : “Au fait, tiens.

Moi : Oh. C’est…

Sam : Le numéro de téléphone de mon frère, il participe aussi à ces trucs genre Donjons et Dragons que vous jouez. Il s’appelle Guido, tu pourrais participer à une de ses parties un jour.

Moi : Ok, merci. C’est gentil de ta part.

Sam : Et voilà l’addition.

Moi : Ok, je vais l’apporter aux autres.

Sam : Tu ne savais pas ? Ils sont tous partis.

Moi : Quoi ?

Sam : Je crois qu’ils se sont disputés sur un truc et qu’ils sont tous partis assez énervés.

Moi : Bien, n’est-ce pas… mmh… Maintenant qu’on a fait connaissance Sam, tu peux me laisser 25 m d’avance ?

Sam : Désolée, non.”

Voilà, je suis venu jouer à Rifts mais j’ai fini par faire la vaisselle. Je suppose que je pourrais en tirer une sorte de métaphore poétique mais, soyons honnêtes, c’est plutôt le genre de Grobert.

Article original : The Bad Rifts Project

(1) NdT : El Disgusto s’évanouit en faisant la cuisine, et attendit pour se changer que sa mère ait fini de plier ses vêtements après lavage. Cf. Retour au temple des mâles élémentaires. [Retour]

(2) NdT : Acteur ayant joué dans L’Homme qui valait trois milliards, série TV dont le personnage principal a des prothèses bioniques. [Retour]

(3) NdT : Grobert, dont la culture n’est plus à démontrer, fait certainement allusion au film pornographique Café Flesh (1982) ;) [Retour]

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