Et si les humanoïdes de la fantasy étaient des constructions sociales ?

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Une idée me trottait derrière la tête, sauf que j’ai lu un billet de Dan à ce propos sur son Throne of Salt qui m’a fait reconsidérer la brillante originalité de mon idée (en).

Et puis le temps a passé, alors j’ai conclu que je pouvais apporter ma pierre à l’édifice.

Bref. Les humanoïdes, disons les elfes, les demi-elfes, les nains, les orques, les demi-orques, les gobelins, les hobgobelins, les dragons ; plutôt que de les poser comme des espèces séparées et comparer leurs crânes façon phrénologie, je vais examiner leur position dans notre espace social et en extrapoler des conclusions.

Par exemple, imaginons que c’est parce que vous faites des trucs elfiques et que les gens vous traitent en tant qu’elfe que vous êtes un elfe. Il reste qu’on vous reconnaît comme un elfe. À quoi cela ressemblerait ? Quel impact social cela aurait?

Il va sans dire qu’il s’agit d’une expérience de pensée. Je n’ai aucune idée du résultat de ces concepts dans un univers cohérent ou dans un vrai Jdr.

Les elfes

« Cette personne est sur le spectre de l’autisme, mais son savoir ou sa puissance nous obligent à la traiter avec respect. »

Un elfe est très certainement plus intelligent que vous, et à moins que vous ne soyez elfe vous-même, sa manière de raisonner n’aura pas de sens. Cette personne suit des us et coutumes différents de ceux du reste de la population, elle va penser en priorité à certaines choses qui échappent à la vigilance du tout-venant, en clair, et parfois on pige pas comment elle sait tous ces trucs. Des trucs insignifiants aussi bien que des trucs primordiaux, antiques, trop vieux pour elle.

Les elfes s’intéressent aux métiers où le savoir est essentiel, et où les gens ne peuvent pas les rejeter directement pour leurs manières curieuses et mystérieuses, qu’iels soient mages, prêtres, artistes, nonnes ou bien sage-femmes. Cette aura étrange peut devenir un avantage : il leur permet de faire comprendre aux gens qu’ils ont affaire à un-e elfe et et qu’ils doivent être prêts à se comporter en conséquence.

On s’adresse aux elfes avec respect. Après tout, ces gens savent des choses et ont assez de pouvoir, d’influence pour vous faire regretter amèrement de les avoir offensé-es.

La plupart ont au moins quelques notions en magie, certain-es jouissent de pouvoirs utiles au quotidien, d’autres peuvent balancer des projectiles magiques au visage de ceux qui leur manquent de respect. Les Elfes ont des prédispositions naturelles à la magie et ne comprennent souvent pas les difficultés des autres à cet égard. Pourtant c’est si simple !

Ça n’a pas forcément besoin d’être le spectre autistique, mais c’est la comparaison la plus évidente, et puis j’y suis moi-même et ça m’est familier.

Les différents types d’elfes correspondent à différents domaines d’intérêt. Les elfes sylvains préfèrent les forces naturelles, comme les oiseaux et les arbres, les haut elfes s’intéressent aux sujets « nobles », comme l’histoire ou bien l’héraldique et les elfes noirs vont verser dans des notions légèrement « taboues » comme les poisons ou les araignées.

Le terme « demi-elfe » se rapporte grossièrement à l’AHF, « l’autisme à haut niveau de fonctionnement wiki. » Ce n’est pas vraiment courant pour les elfes de se désigner ainsi entre elleux, mais c’est une manière pour les autres de décrire les elfes qui semblent plus normaux et accessibles.

En général, l’« elfité » est grossièrement héréditaire, de la même façon que les traits autistiques peuvent être héréditaires dans notre monde. Un changelin wiki est en réalité un elfe auquel personne ne s’attendait étant donné ses antécédents familiaux.

Les communautés elfiques existent : des cloîtres et des lieux cachés, qui deviennent rapidement très bizarres.

Une jeune femme aux cheveux verts-turquoise et aux lunettes roses, en train de s'étirer devant un pêcher en fleurs.

Photo par xiclography

Les nains

« Un roturier dépositaire de secrets artisanaux fascinants. »

Être un nain signifie que vous avez hérité de votre nom, ou bien que vous avez été adopté ou grâce aux liens du mariage. Vous êtes membre d’un clan, et ce clan possède un savoir qu’il protège jalousement.

La forge est une des connaissances les plus répandues, ainsi que le travail de la mine et l’architecture souterraine. Les arts de la guerre, accompagnés de techniques secrètes spécifiques, s’ajoutent à cette liste. Peut-être qu’il s’agit d’un peu de tout ça ! Toujours est-il que votre clan connaît un savoir secret qui vous donne un avantage. Les armures façonnées par les nain-es surpassent toutes les autres. À la guerre, les nain-es usent de techniques de combat impossibles à imiter sans leur entraînement zélé, et sont d’une efficacité redoutable.

En magie également, les membres de clans nains héritent de secrets bien à eux. Ils forment de petites sectes, en marge des religions les plus répandues, avec leurs propres prêtres-ses.

Les techniques des nains leur donnent un avantage certain face aux autres peuples. Bien que roturiers, ils savent négocier avec la noblesse, même avec les têtes couronnées, car si un nain n’est pas payé à sa juste valeur, il n’y aura personne d’autre pour travailler comme lui. D’autant que, il est in-dis-pen-sable pour une noble personne de posséder des bijoux ouvragés par les nains.

Ces secrets doivent être gardés coûte que coûte, car il en va de la richesse et du pouvoir des nains. Ils préfèrent vivre reclus, loin des étrangers, dans des lieux difficilement accessibles comme des villages montagnards ou bien des bastions souterrains. Ils n’accordent pas leur confiance aux non-nains, qui pourraient leur dérober leurs secrets. L’unique exception reste les autres clans nains, qui nourrissent un intérêt particulier à préserver l’indépendance naine.

Ils savent se montrer très rancuniers, ce qui est logique pour des roturiers devenus prétentieux à force de négocier avec la noblesse. C’est même une obligation.

Un jeune homme noir en costume-cravate très classe, avec une montre dorée et un insigne finement ouvragé, or et argent.

Photo par elsimage

Les hobbits

« Ces gens ont pris leurs cliques et leurs claques pour vivre en toute indépendance, et les faire renoncer demanderait trop d’effort. »

Les hobbits ont décidé de s’écarter définitivement de la norme pour fonder leur propre société. Peut-être qu’ils creusent des trous dans les collines pour y vivre en utopie rurale. Peut-être qu’ils font partie d’une caravane qui voyage par le monde avec d’autres hobbits qui partagent leurs valeurs, échangeant des denrées, des histoires. Ou peut-être fuient-ils la persécution, se réfugiant dans des maisons flottantes, cachées dans les marécages.

En d’autres termes, ce sont des hippies. Ils ont rejeté le « chariot-boulot-dodo » pour vivre de manière plus authentique, de façon plus satisfaisante et raisonnable au milieu de nulle part. Leurs communautés sont pour la plupart soudées, idéalistes, égalitaires. Lorsqu’une communauté hobbite s’encanaille, elle s’encanaille rapidement et s’effondre presque aussitôt.

Certains sont des hobbits de première génération qui – avec un groupe de semblables partageant leurs valeurs – ont décidé de vivre ainsi. D’autres sont né-es dans une communauté hobbite et ont décidé d’y demeurer. Les autres ont déniché une communauté hobbite et y ont été intégrés.

Iels adorent leur herbe à pipe et n’ont pas leur pareil pour se cacher. Les hobbits peuvent s’entendre avec les nains, même si leurs liens semblent distants.

Je me suis moi-même amourachée de quelques hobbit-es, autrefois.

Lorsqu’un seigneur des ténèbres survient, porté par les flammes et fumées vomies par l’industrie et la cupidité, puis qu’il commence à mobiliser de féroces armées et à construire de sombres moulins sataniques, les Hobbits sont parmi les premières victimes. Il en va de même pour les autres minorités. Les Hobbits ne répondent pas à la violence de manière construite, ils se cachent, s’adaptent ou prennent le maquis, pour résister.

Ils vivent certainement plus heureux que vous : pourquoi ne les rejoignez-vous pas, en fait ?

3 jeunes personnes, cheveux longs, guitarre et djembé, yeux fermés en méditation.

Photo par Ben_Frieden

Les orques

« Des soldats déracinés. »

Être un-e orque revient à batailler en permanence, en tant que philosophie de vie. Vous n’avez ni fermes, ni villes, ni sanctuaires, ni rien hormis un campement militaire qui se déplace au gré de la campagne. Vous ne connaissez que la guerre. Le foyer n’est pas un concept concret, ou plutôt ne l’est plus, car vous vivez là où le combat se mène, et il vous suit là où vous passez.

Certains orques sont des mercenaires. La pauvreté, le désespoir ou bien la persécutions les poussent à s’engager dans une bande de mercenaires. Une simple tente dans un campement militaire fait office de toit, c’est toujours ça. Parfois, les orques fuient quelque chose, ou suivent leur ambition.

Ils n’ont parfois plus envie de rester orques bien longtemps. Mais cela a peu de chances d’arriver : s’ils ne meurent pas jeunes, ils seront tellement marqués – autant émotionnellement que physiquement – que la société et la norme les rejettera indubitablement.

Certain-es orques n’ont même pas de foyer où revenir. Une invasion quelconque et leur foyer ne leur appartient plus. Ou alors, il jouxte les confins d’une guerre de position interminable qui le rend totalement invivable : le conflit est la seule chose que ces orques connaissent.

Les orques sont grégaires. Leur loyauté va à leurs camarades. Leurs employeurs ne peuvent que l’acheter, à moins qu’ils ne soient orques eux-mêmes.

Ils suivent un code. Les orques traitent les leurs avec des égards particuliers, quand bien même ils sont adversaires. Si vous capturez un orque ennemi, il devient l’un des vôtres. Il est possible que toute sa bande se rende et vous rejoigne alors. Leur loyauté va aux orcs, quel que soit l’instigateur du conflit, qu’il soit roi ou empereur.

Parfois, les orques se retrouvent soldats des seigneurs des ténèbres. Cela dure aussi longtemps que le seigneur pourra les payer, sans jamais les enjoindre à violer leur code. Ils ne se préoccupent pas des exactions du seigneur des ténèbres. Plus le temps du mercenariat se poursuit, plus leur boussole morale s’émousse sur les atrocités, et cela tant que l’argent continue d’affluer.

Quelques orques mènent une vie plus prosaïque encore, en devenant brigands ou conquérants.

Il existe énormément d’interpénétration entre les orques et les gobelins, et plus surprenant encore, entre les orques et les nains.

Un soldat, dos à la caméra, vise au loin sur un chemin avec son fusil d'assaut.

Photo par tprzem

Les gobelins

« De la vermine qui a une conscience. »

Bien pire que d’être un orque ; quelqu’un de puissant veut vous anéantir, vous avez été dépossédé de vos droits. Vous êtes grossièrement hors-la-loi.

Un gobelin peut être un hérétique, un criminel, quelqu’un dont le territoire a été usurpé, un fugitif, quelque chose dans ce genre là. Ou bien simplement né de parents gobelins. Il ne fait pas partie de la bonne société, et celle-ci veut qu’il disparaisse. On trouve de nombreuses similitudes entre orques et gobelins. Et les gens ne veulent pas l’admettre, mais il existe aussi des similitudes entre les gobelins et les hobbits.

Ne vous attendez à aucune mesure de protection sociale si vous êtes gobelin. Certains  pourront être corrects avec vous à titre individuel, mais beaucoup d’autres ne se donneront pas cette peine et d’autres encore mettront votre tête à prix. Il convient de vous cacher d’eux.

Les gobelins sont experts en matière de cachettes. Ils trouvent des repaires où ils peuvent fuir le monde et se rassembler entre gobelins. Lorsque la société toute entière veut votre mort, qu’elle aille se faire mettre ! Les Gobelins trouveront leur subsistance en la volant, en brigandant : la fin justifie les moyens. Ils n’auront foi qu’en leurs semblables pour se protéger.

Si des gens « normaux » vous considèrent avec mépris, cassez-leur la gueule, retirez-leur l’envie de vous poursuivre, et cachez-vous. Remplissez votre tanière de pièges retors. Qu’ils aillent au diable, ne pensez qu’à vous.

Le monde veut votre mort, mais vous survivrez à coups de griffes, tout feulant et crachotant.

Les hobgobelins sont ces gobelins hors-la-loi qui s’arment pour riposter par la force. Guérilleros, terroristes, milices, vous voyez l’idée.

Ils se bricolent des uniformes et vont planter sur des piques les têtes de ceux qui les oppriment ou les exterminent avant de s’évanouir à nouveau dans les ombres. Ce sont probablement aussi des orques, par ailleurs.

Les kobolds sont ces bandits qui sont également nains, gardant jalousement des secrets qui font que vous devriez les prendre très au sérieux, même quand vous essayez de vous en débarrasser. Les kobolds n’ont pas leur pareil pour construire des forteresses inviolables truffées de pièges.

Un immeuble vu de l'extérieur, recouvert de graffitis plus ou moins travaillés aux couleurs pastel, avec certaines banderoles revendicatives aux fenêtres.

Photo par spinheike

Les dragons

« Assez puissants individuellement pour faire ce que bon leur semble au mépris des conséquences. »

La règle d’or est la suivante : si vous arrivez en ville, demandant à ses habitants de vous rendre hommage et que vous obtenez satisfaction sans aucune résistance de leur part, alors vous êtes un dragon.

Vous n’étiez sûrement pas dès le départ un lézard volant de la taille d’un immeuble qui brûle et dévore tout ce qui bouge. Mais passé un certain niveau de puissance, vous découvrez que rien ni personne ne peut vous empêcher d’en devenir un, si tel est votre souhait.

Les dragons sont des changeformes. Ils s’apparentent au commun des mortels, au moins provisoirement. Chacun-e d’entre elleux est légendaire. Ce sont des êtres uniques.

Les monarques ne sont pas des dragons. Leurs pouvoirs proviennent de systèmes complexes de lois, d’une hiérarchie et de coutumes que les gens choisissent de suivre. Les mages peuvent en être, ainsi que certains guerriers particulièrement puissants. Ni la subtilité, ni les bassesses ne contribueront vraiment à faire de vous un dragon, mais une personne qui excelle en la matière révélera souvent qu’elle était en réalité un dragon depuis le début, tout particulièrement lorsqu’on la met dos au mur.

Si vous êtes capable de réduire le premier insolent venu à une mince fumée s’échappant d’une paire de bottines – ou à une traînée rouge sur le sol – alors vous êtes un dragon.

Certains dragons font de leur mieux pour ne pas agir comme tels. Ils travaillent leur bienveillance, pour s’intégrer en société et ne font jour de leurs immenses pouvoirs qu’en cas d’urgence. Les autres – la grande majorité – sont des calamités.

Le dragon typique va s’assurer de la loyauté de ses ouailles en faisant de terrifiantes démonstrations. Ils aiment les citadelles bâties d’ossements, les énormes butins et se régalent de charmants titres comme « Le Terrible » derrière leur nom.

Les gens qui tentent de détruire des dragons vont très probablement échouer. Ceux qui y parviennent deviennent généralement des dragons à leur tour.

Les elfes le deviennent trop souvent, grâce à leur sensibilité particulière. Ils seront souvent les plus raisonnables des dragons.

Les orques peuvent aussi le devenir. On les nomme « dragons noirs ». Brûlants de rage, ils mènent une horde d’orques avant de périr inévitablement dans une fantastique échauffourée.

Les gobelins vont également donner de nombreux dragons, tout particulièrement les kobolds. Un gobelin qui commet cette ascension est une excellente nouvelle pour les autres gobelins, les hobgobelins, les orques et les kobolds et une terrible affliction pour tous ceux qui auront collé l’étiquette du « gobelin » sur ce dernier. On les nomme dragons rouges pour tout le sang qu’ils répandent dans leur sillage.

Les dragons rouges ne sont pas connus pour leur mansuétude envers leurs adversaires. Leurs sbires, en revanche, sont plutôt bien lotis. Si vous avez un dragon rouge dans votre camp, vous ne demeurerez pas gobelin pour longtemps.

De grands royaumes ont été fondés par un dragon rouge doué d’un rêve ambitieux.

Article original : Another take on demihumans as social constructs.

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