Personne ne vit éternellement : la mort d’un personnage-joueur

Quels que soient leur classe, leur race ou même le système de jeu, tous les Personnages-Joueurs ont une chose en commun : au cours d’une soirée de JdR, ils peuvent se retrouver à un coup critique de n’être plus qu’une feuille de personnage froissée et un souvenir. Même les vampires et autres races quasi immortelles ont leur kryptonite. Malgré tout votre amour pour votre personnage, chaque semaine, il est vraiment possible que vous le voyiez mordre la poussière.

Cela dit, alors que j’ai vu nombre de PNJ mourir au cours de mes années de jeu, je n’ai assisté qu'à la mort de deux PJ dans des campagnes au long cours (je ne compte pas les one-shot où la mort des PJ fait souvent partie de l’intrigue, et je compte encore moins Paranoïa !). L’un de ces décès s’est produit lors de la dernière séance hebdomadaire de notre campagne Pathfinder. Naturellement, cela m’a fait réfléchir à la mort des personnages et comment l’attitude de chacun peut faire la différence entre une partie pourrie, ou un décès qui est le moment de tragédie dans une histoire par ailleurs magnifique.

L’attitude du MJ

Les groupes d’aventuriers qui enquillent les donjons avec seulement quelques égratignures deviennent rapidement présomptueux et se mettent à prendre des risques inconsidérés, se croyant invincibles. D’un autre côté, les aventuriers qui se retrouvent sans cesse à espérer que le clerc les stabilise avant qu'ils soient vidés de leur sang vont finir par détester partir à l’aventure et en viendront peut-être à avoir peur de quitter la sécurité de l’auberge. Les MJ doivent trouver la juste mesure des menaces qu’ils font peser sur la vie des personnages.

Quand un PJ semble sur le point de claquer, le MJ devrait-il manipuler les jets de dés pour le garder en vie ? Peut-être bien. La plupart des MJ que je connais retiendront leurs coups contre un personnage bien-aimé, tant qu’il est crédible qu’il survive aux circonstances. Si dans l’ordre d’initiative, le tour du soigneur n’est pas encore arrivé, peut-être avez-vous confondu un 8 avec un 6 sur le dé de dommages. Vous pouvez me croire, le joueur aura la gorge serrée quand vous lui direz qu’il est à un point de vie de la mort de son personnage. L’expérience de mort imminente aura peut-être même plus d’impact que si le personnage avait rendu son dernier souffle sur-le-champ.

Mais, parfois, la mort est inévitable. Dans la partie de vendredi soir, nous combattions un dragon rouge et étions sur le point de l’éliminer. Le dragon décida que nous ne méritions pas de mourir sous ses coups, alors il cracha des flammes une dernière fois pour nous laisser un petit souvenir de lui. La guerrière manqua son jet de sauvegarde de Réflexes pour éviter les flammes et tomba en dessous des 0 point de vie, mais était toujours vivante (peut-être le MJ a-t-il retenu ses coups, je ne le saurai jamais). L’alchimiste, cependant, rata non seulement son jet de sauvegarde mais fit un 1 naturel. Et elle avait 11 bombes alchimiques dans son équipement. Pas moyen de truquer ce fait. L’explosion fut légendaire et ne laissa derrière elle qu’un tas de cendres et des bottes fumantes.

Quand vous ne pouvez pas ignorer la volonté des dés en tant que MJ, ne soyez pas un enfoiré quand vous annoncez la nouvelle. Vous lever et ricaner « Vous êtes tous morts ! J’ai gagné à Donjons & Dragons ! » ou attraper la feuille du perso et la déchirer devant tout le groupe vous fait juste passer pour un connard. Soyez mesuré et concis, ou racontez les adieux épiques faits au personnage.

L’attitude du joueur

J’aime mes personnages autant que n’importe quel joueur. Si jamais l’un de mes persos adorés mourait, j’admets que j’éclaterais probablement en sanglots et qu’il me faudra quelques minutes (ou heures, ou jours) de solitude. Ce que je ne ferais assurément pas, cependant, c’est remballer mes dés et rentrer chez moi en jurant de ne plus jamais jouer, en particulier avec des joueurs aussi méchants !

Personne ne vit éternellement, vous vous souvenez ? Aussi difficile à croire que ça soit, votre personnage ne fait pas exception à cette règle. Vous n’êtes pas obligé(e) d’aimer ça (je sais que je n’aimerais pas) mais, si les dés sont contre la survie de votre personnage, respirez profondément, faites-vous une raison, et poursuivez. Sans trop faire dans le sentimental, votre personnage survivra dans vos souvenirs. Si vous n’êtes pas prêt(e) à lâcher prise, asseyez-vous et écrivez des histoires sur le passé encore inexploité de votre personnage.

Bon sang vous pouvez même en jouer une version dans un univers alternatif dans une autre partie, une autre fois ! Mais surtout ne restez pas assis(e) à pleurnicher. Sortez vos livres de règles et tirez un nouveau personnage. Vous n’êtes pas obligé(e) de le faire le soir même (prenez le temps de faire le deuil, pas de problème) mais c’est soit passer à autre chose, soit ne plus jamais jouer, et qui a envie de faire ça ?

Quand Matt (le joueur qui interprétait l’alchimiste) a fait ce 1 naturel, il savait qu’il était impossible que son personnage survive. Il accepta donc la situation sans sourciller, se réjouit que son héroïne s’en aille sur un feu d’artifice (c’est le cas de le dire) et se mit à créer un nouveau personnage pendant que nous autres nous occupions des blessés.

L’attitude du groupe

On en revient encore au fair-play. Le personnage de votre ami vient de mourir. Montrez-vous compatissant. Vous voudriez des gestes de sympathie si ça avait été votre personnage, non ? Vos personnages devraient compatir aussi. Ils viennent de perdre un compagnon de voyage, peut-être un ami très proche (ou un parent ou même un amant(1)).

Mais tout comme le joueur qui vient de perdre son personnage, le reste du groupe a besoin de trouver un moyen de s’y remettre. Leurs personnages ont encore des missions à accomplir et les joueurs ont sûrement envie de continuer à jouer.

En tant que joueuse interprétant le soigneur du groupe, j'ai mal vécu de n’avoir pas pu sauver l’alchimiste. Après avoir extirpé le guerrier des griffes de la mort, Keriwyn fit une prière sur les restes de l’alchimiste et le groupe se rassembla pour enterrer le peu qui restait d’elle. Puis, parce que c’était la guerre et que de nombreuses vies dépendaient de nos actes, nous séchâmes nos larmes, trouvâmes un endroit sûr pour camper, puis reprîmes la route dès le lendemain.

Les beaux jours reviendront

La mort d’un PJ met, et devrait mettre, un sacré coup au cœur. Si ça ne vous rend pas au moins un peu triste, bon, vous êtes de toute évidence plus doué(e) que bien d’autres pour vous distancer du jeu. Mais avec l’état d’esprit adéquat, toutes les personnes impliquées peuvent renaître de leurs cendres et faire progresser la campagne vers des aventures meilleures et plus grandes, rendant ainsi hommage au souvenir de leur compagnon tombé au champ d’honneur (2).

Article original : Nobody Lives Forever: The Death of a Player Character

(1) NdT : Car l’amour et le sexe entre PJ est possible, et même intéressant à jouer. [Retour]

(2) NdT : Dans Dirty MJ, John Wick explique comment, en mettant en scène la mort et l'enterrement d'un des PJ, il a permis à ses joueurs de faire front et de rebondir dans la campagne. Rien que pour cette anecdote, Dirty MJ mérite votre lecture (et notre ebook Dirty PJ aussi, mais pour d'autres raisons). [Retour]

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