Editorial : Femmes ∩ Rôlistes

(à l'intersection de l'ensemble "femmes" et de l'ensemble "rôlistes")

Combien de femmes rôlistes connaissez-vous dans votre entourage ? Savez-vous comment elles ont découvert le jeu de rôle ?

Il semblerait que le plupart des femmes rôlistes découvrent le JdR grâce au phénomène bien connu du « syndrome de la petite amie » : typiquement, leur copain ou compagnon fait du JdR, et les invite à une partie. Certaines restent pour faire plaisir, d’autres ne reviennent pas, et les dernières adoptent définitivement ce loisir.

Une autre partie des femmes rôlistes font leurs premiers pas auprès du club local ou d’un ami dont elles découvrent par hasard les occupations hebdomadaires ou découvrent ce loisir par elles-mêmes (ce fut mon cas).

Plus jeune, je lisais les « Livres Dont VOUS Êtes le Héros », ce qui me plaisait bien ; mais je n’avais jamais entendu parler du JdR « sur table ». Cette activité-là, je l’ai découverte complètement par hasard, en surfant sur Internet.

C’était en 1999, et mes parents venaient de m’acheter un PC. Un peu par hasard, je suis tombée sur la section « jeux de rôles » du portail de Wanadoo.fr. Un peu perdue, j’ai fini par m’inscrire sur le newsgroup Usenet fr.rec.jeux.jdr.  Et après quelques jours de lecture, entre l’amusement absurde et la fascination de néophyte, j’ai finalement posté un message pour chercher un groupe de joueurs dans ma ville. Ma première partie était à Rêve de Dragon.

J’ai débuté à 17 ans, et contrairement à la narratrice de La vérité sur les femmes rôlistes – un des articles du trimestre - , j’ai eu la chance de tomber sur un groupe de joueurs agréables et pédagogues. Par coïncidence peut-être, c’était un groupe d’amis rôlistes assez féminisé par rapport au groupe moyen. (Il y avait deux autres femmes qui étaient là par goût du JdR et pas juste pour accompagner Chouchou.)  Je n’ai jamais remarqué, dans ce groupe-là, de discrimination selon le sexe.

Les années passant, j’ai bien sûr eu d’autres expériences avec des groupes différents. Dans la bonne veine, il n’y avait pas de différence de traitement entre les hommes et femmes. Peut-être grâce au fait que je ne jouais qu’avec des amis proches : plutôt que selon leur sexe, on traite les gens en fonction des expériences communes et de l’affection mutuelle.

Comme beaucoup de joueuses, j’ai souvent été minoritaire à table, mais je n’ai que rarement connu le genre de situations gênantes dont on entend parfois parler (par exemple dans l’article Les femmes rôlistes, rêve ou réalité ?), où les joueuses sont traitées soit comme des ménagères, soit comme des objets sexuels – et mises à l’arrière-plan.

Je me souviens de deux parties avec des situations étranges et/ou vaguement vexantes : il s’agissait à chaque fois du même MJ et des mêmes joueurs, – une campagne que je rejoignai en cours de route avec des personnages déjà expérimentés.

Dans le premier cas il s’agissait de Warhammer ; un groupe mêlant Champion de justice, Archimage et Tueur de Trolls se voyait honoré de la présence d’une… Dame de compagnie (personnage pré-tiré).

L’autre partie se déroulait dans un univers med-fan high fantasy où chaque personnage se retrouvait bardé d’objets magiques : ma Mage avait glorieusement débuté avec… un châle qui faisait de l’eau chaude.

Enfin, j’ai eu une amie qui avait rejoint une partie de D&D dans laquelle jouait son fiancé, où elle s’est retrouvée affublée d’un personnage de prêtresse « parce qu’on manque de soins dans ce donjon » - mais attention, elle jouait prêtresse de la déesse de l’amour (qui est un nom poli pour la déesse des prostituées rituelles, évidemment bonnasses et pas farouches).

Il y a aussi les situations inverses, où la femme rôliste est bizarrement favorisée par les autres joueurs, et traitée comme une espèce protégée, que ce soit par galanterie ou autre raison (1). Je ne parle pas du cas où la joueuse est outrageusement avantagée par son petit ami MJ, ce qui est en fait frustrant pour tous les autres joueurs/joueuses à table.

Pour finir, j’ai connu quelqu’un qui se réjouissait de la présence de femmes à table car elles apportaient un peu de « romantisme et de fraîcheur ». Et qui a été tout perturbé lorsque une autre joueuse et moi nous sommes lancées dans un concours de blagues grasses hors jeu rien que pour démontrer le contraire.

En bref, les clichés ont la vie dure. Si vous voulez faire un effort envers les femmes rôlistes, Messieurs, traitez-les comme vous traiteriez un ami, pas comme une exception.

Comme le diraient les féministes : la vraie révolution, ce sera pas lorsque les rôlistes hommes et femmes seront traités de la même manière, mais quand on ne se demandera même plus pourquoi les filles font du JdR.

Ou lorsque ce sera une fille qui amènera son petit ami à table pour lui faire découvrir son loisir préféré.

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(1) Les joueurs à la recherche de l'âme soeur rôliste sont mal barrés. A mon avis, la plupart des filles ne vont pas faire du jeu de rôles exprès pour trouver un copain (y'a des endroits plus pratiques pour ça, avec des mecs probablement plus beaux) (oh la la quelle mauvaise langue je fais). Inversement, les filles qui font du JdR se retrouvent souvent avec un ratio hommes/femme de 5 contre une, donc forcément, c'est plus facile pour elles de se caser. Pour la petite histoire, si mon mari est rôliste, je ne l'ai pas rencontré autour d'une table, mais sur un forum rôliste (vive le 21e siècle ;-p).


NDLR: le trimestre dernier, nous vous annoncions la création de PTGPTBVFmag, la version papier - et payante - de nos traductions. Notre conquête de la presse a commencé : JdRMag n°15 (juin-août 2011) édite sur 5 pages la Théorie 101 de MJ Young!


La fournée d’articles du trimestre propose plusieurs approches du phénomène…

Dossier thématique :  Les femmes rôlistes

Les femmes rôlistes, rêve ou réalité ?

La question n’est pas tant « y a-t-il des femmes rôlistes ? » mais plutôt « Pourquoi n’y a-t-il pas plus de femmes rôlistes ? ou peut-être : « pourquoi ne restent-elles pas? » Ces deux questions sont plus liées que l’on ne l’imagine.

pourquoi les femmes jouent au JdR

Adolescentes, elle veulent échapper aux langues de vipères de leurs copines. Adultes confuses, elles se projettent dans des personnages idéaux. Une approche renversante.

« La vérité sur les femmes rôlistes »

Quelques suggestions (et un grand secret de l'univers) pour les joueurs masculins qui souhaitent encourager des joueuses à les rejoindre, ou des amies à découvrir le jeu de rôle

L'absence  de mixité chez les rôlistes

Il y a peu d’études chiffrées traitant de la mixité chez les rôlistes. En voici une synthèse, ainsi que 5 hypothèses tentant d'expliquer pourquoi il y a si peu de joueuses.

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Commentaires

Yebo!

Je suis bien d'accord avec ton ressenti du JdR. Tu aurais voulu jouer anti-héros ou juste héros mais pas pièce de secours.. Normal!
Perso, le JdR me passionne et je maitrise beaucoup de plans d'univers et d'aventures, d'atmosphères. Les réactions des joueurs et leur capacité à collaborer (ou pas!) est toujours un bon moment !

Auteur : 
Alpha Centauri

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