Éviter les jeux qui brillent

© 2015 Gnome Stew / Phil Vecchione

La semaine dernière, j’ai failli abandonner ma campagne de Night’s Black Agents ^grog à cause de quelque chose qui brille. Cela faisait des années que je n’avais pas été pris au piège du « Oh, ça brille », la tentation d’un nouveau JdR, l’afflux de créativité qui vient en s’imaginant dans un nouveau monde de campagne.

Dans le temps, j’aurais demandé à mes joueurs et mes joueuses d’arrêter de jouer la campagne en cours, ou je leur aurais instillé l’idée d’une nouvelle campagne, dans l’espoir qu’elles et ils plombent la campagne actuelle à ma place. Cette fois-ci par contre, j’ai réussi à résister à cette pulsion et les PJ de mon groupe chasseront des vampires à NBA ce week-end.

Comme je sais que je ne suis pas le seul MJ à avoir jamais succombé à la tentation de la nouveauté, j’ai pensé que je pourrais partager quelques idées sur la façon dont j’ai pu rester concentré sur mon projet.

Trop de jeux… Pas assez de temps

Le cœur du problème est assez simple. Je dois faire d’autres choses à part jouer et le reste de mon groupe de jeu aussi. Avec un métier à temps plein, une femme et deux enfants formidables, mon temps disponible pour jouer n’est plus ce qu’il était. Mon Dieu, à partir du lycée, mon temps de jeu n’a plus jamais été le même.

Ce qui aggrave le problème, c’est le flot de jeux nouveaux et excitants. En fait, depuis que je joue, il n’y a jamais eu autant de nouveaux jeux de rôles variés arrivant sur le marché en même temps. J’ai une pile de jeux qui me supplient de les jouer, dans le peu de temps que j’ai dégagé pour ce loisir.

Donc, la solution la plus simple consiste juste à rester au lycée, et à jouer à tous les jeux possibles.

Bon… comme ça ne va pas marcher pour tout le monde, que pouvons-nous faire, nous les forçats du salariat, pour que la Vraie Vie continue, et que nous ne sabordions pas nos campagnes à chaque sortie d’un nouveau JdR ?

Rester concentré

J’aimerais qu’il existe une formule magique pour éviter l’effet « Oh ça brille », mais il n’y en a pas. L’astuce est d’être capable de rester concentré et assez discipliné pour continuer à mener votre campagne actuelle. Au cours des années, j’ai sélectionné quelques astuces qui m’aident à ne pas me disperser.

Évitement

Quand je mène une campagne, la première chose que je fais est d’arrêter de regarder d’autres JdR. « C’est l’occasion qui fait le larron », et en évitant d’acheter de nouveaux jeux, je peux prévenir la tentation de jeter ma campagne à la poubelle. Quand je mène, je me fais un devoir de ne pas m’intéresser à d’autres JdR et de me concentrer simplement sur celui que je mène, et ses suppléments.

Je suis quelqu’un qui aime bel et bien se payer des nouveautés, donc je canalise ces pulsions de façon satisfaisante, sans me créer des tentations.

Premièrement : j’achète des jeux de plateau. Ils sont formidables, ce sont les « coups d’un soir » du loisir ludique. Vous l’achetez, vous y jouez : pas de campagne, pas d’engagement (tant que vous évitez le nouveau format Legacy ⁽¹⁾, ou certains jeux de l’éditeur Fantasy Flight Games.

Deuxièmement : les financements participatifs. J’aime participer à des foulancements rôlistes lancés par des auteurs renommés. C’est une leçon de satisfaction retardée; je peux dépenser l’argent maintenant, mais je suis rassuré de savoir qu’il peut se passer des mois, un an, avant que mon JdR me soit livré.

Acceptation

Lorsque vous commencez à ressentir cette démangeaison du « Oh ça brille », admettez que vous l’avez. Parlez-en à vos amis ; en l’exprimant à haute voix, vous en prenez le contrôle. Une fois que vous l’avez reconnue, vous pouvez faire des efforts pour surmonter cette sensation, et garder le cap. Demandez à votre groupe de jeu de vous dire pourquoi ils aiment la campagne en cours et utilisez ces raisons pour renforcer votre résolution.

Liste de vœux

Votre cerveau est nul quand il s’agit de mémoriser. Donc, quand l’idée d’un nouveau jeu [ou d’une nouvelle campagne] vous prend et que vous n’y faites rien, elle n’arrête pas de rebondir dans votre esprit, gâchant des phases de concentration utiles et des cycles de réflexion.

Si vous voulez passer outre quelque chose, écrivez-le - dans un endroit sûr. Comme votre cerveau oublie des trucs, s’il croit que vous avez écrit [ces idées] dans un endroit où elles risquent de se perdre, votre esprit y reviendra sans cesse. Si vous l’écrivez dans un endroit sûr, vos méninges se détendront et cesseront d’y penser.

J’ai une page sur [mon appli de prise de notes multimédia, similaire à Microsoft Onenote (NdT)] Evernote avec tous les JdR que je veux mener ou jouer. Rien d’élaboré, juste une liste à puces.

Mais je sais qu’une fois que j’ajoute quelque chose à cette liste, je n’ai plus à me soucier du « Oh ça brille » ⁽²⁾ et je peux passer à autre chose⁾.

Grattez là où ça démange… juste un peu

Un nouveau JdR a toujours l’air plus vert… euh… quelque chose comme ça. Là où je veux en venir, c’est que parfois le produit brillant qui vous a subjugué n’est pas un bon jeu pour vous; et si vous aviez une opportunité d’y jouer, le sentiment pourrait disparaître. La meilleure façon de faire est d’y jouer une seule partie (one-shot).

Les conventions sont mon endroit favori pour des parties uniques. Je peux m’inscrire, tester le jeu sans rien acheter et repartir. Si je ne peux pas y jouer en convention, la solution suivante est de rassembler un groupe et de jouer un one-shot. Annoncez clairement que c’est une partie unique ou vous courrez le risque de changer de campagne.

Faites une pause

C’est un peu plus risqué que la partie unique, mais vous pouvez faire tourner les campagnes ; arrêtez celle en cours, changez de jeu et menez-le pendant un temps déterminé, avant de revenir à l’ancienne campagne.

Cela présente quelques défis. Premièrement, il est probable que vous ne reprendrez pas la campagne ; un autre JdR pourrait se pointer et captiver votre attention ; ou la campagne « temporaire » que vous avez adoptée devient votre nouvelle came. D’autre part, il n’est pas facile de faire revenir une campagne après une longue pause ; il est possible qu’après l’avoir reprise, elle n’ait plus la même alchimie que lorsque vous l’avez arrêtée.

On le veut, on en a besoin… Gollum ! Gollum !

L’attrait pour la nouveauté a tué bien des campagnes dans la fleur de l’âge. Il se promène sans but, ravageant tout sur son passage. Parfois, après avoir été tentés, nous découvrons que ce n’était pas le JdR formidable que nous espérions, alors que notre campagne précédente est maintenant plantée. Avec un peu d’introspection et d’autodiscipline, on peut s’accrocher à nos campagnes et les jouer jusqu’à leur apothéose finale.

À quel point êtes-vous sensible au « Oh ça brille »? Quelle est votre plus grande source de tentations (la boutique de jeux du coin, les conventions, etc.)? Quelles techniques utilisez-vous pour résister à la tentation?

Article original : Avoiding the Shiny